L’adoption de la loi de finances pour l’exécution du budget de l’Etat, exercice 2020, qui est l’activité phare de la deuxième session ordinaire de l’Assemblée nationale, a eu lieu à l’hémicycle le 5 décembre 2019 sous la présidence d’Alassane Bala Sakandé. Elle a été votée par 87 voix contre 39 abstentions. On en retiendra qu’en matière d’investissements, la priorité sera accordée au renforcement des projets prioritaires du gouvernement : centre de santé de cancérologie, centre de neurologie, infrastructures scolaires et de santé, infrastructures hydrauliques et routières. La priorité accordée à la lutte contre le terrorisme se traduit par l’élévation des budgets de la Défense et de la Sécurité, respectivement à 220 et 104 milliards de FCFA. Quant au budget global, il se chiffre à 2 217 milliards en recettes et 2 502 milliards en dépenses.
La baisse du cours de l’once, la faible implication des autorités administratives dans le suivi du recouvrement des recettes de services, les remous sociaux dans certains ministères générateurs de recettes de services et dans certaines sociétés minières, l’insécurité, la menace terroriste et la recrudescence de l’incivisme fiscal : ce sont, entre autres, les contraintes qui ont marqué l’élaboration du budget de l’Etat pour l’année qui s’annonce. La Commission des finances et du budget (COMFIB), présidée par le député Bassirou Karmadji Ly, après trois mois de dur labeur fait d’auditions des acteurs de la vie nationale et d’arbitrage des différentes prévisions par ministère et par institution, a apprêté le dossier n°47 relatif au projet de loi portant loi de finances pour l’exécution du budget de l’Etat, exercice 2020. C’est au nom de ladite commission que le député Abdou Rasmané Ouédraogo, rapporteur général, a lu à la plénière le rapport général N°2019-051/AN/COMFIB.
A sa suite, ce fut le tour du ministre de l’Economie, des Finances et du Développement, Lassané Kaboré, de défendre ledit budget devant les parlementaires. Selon lui, les axes prioritaires sont : le renforcement de la sécurité et de la cohésion sociale, la promotion d’une bonne gouvernance, le développement du capital humain et la dynamisation des secteurs porteurs pour l’économie.
Le grand argentier a mis le curseur sur les efforts faits pour la baisse du train de vie de l’Etat et ce, en faveur des secteurs sociaux comme la santé, l’éducation, l’accès à l’eau… (voir encadré).
Dans le domaine du renforcement de la sécurité, il a annoncé que le gouvernement s’attellerait à apporter des réponses fortes et diligentes à la question des attaques terroristes et à l’insécurité, avec l’affectation de ressources importantes nécessaires à l’amélioration de l’action des forces de défense et de sécurité. En effet, le budget du ministère de la Défense et des Anciens Combattants passe de 209 milliards CFA à 220 milliards et celui de la Sécurité de 100 à 104 milliards.
En matière de chiffres globaux, que peut-on retenir du budget de l’année à venir ?
Le budget, exercice 2020, se chiffre à 2 217,28 milliards FCFA en recettes, soit une hausse de 262,71 milliards par rapport à celui de 2019.
Les prévisions de dépenses budgétaires totales composées des dépenses courantes et de dépenses en capital se chiffrent à 2 502,42 milliards FCFA en 2020 contre 2213,29 milliards F CFA en 2019, soit un accroissement de 289,12 milliards en valeur absolue et de 13,06% en valeur relative.
Les dépenses courantes, elles, se chiffrent à 1639 milliards FCFA et représentent 65,51% des dépenses totales. Elles enregistrent une hausse de 59 milliards entre 2019 et 2020, soit une augmentation globale de 3,7%. Un accroissement relativement faible des dépenses courantes qui traduit la volonté du gouvernement de réduire le train de vie de l’Etat à l’effet de dégager plus d’espace budgétaire pour les investissements. Ces dépenses, qui représentent 86,83% des recettes propres de 2020, sont dominées par les dépenses de personnel avec un poids relatif de 53,56%, suivies des dépenses de transferts courantes avec 17,61%. Les dépenses d’acquisition de biens et de services représentent 12% de cette grande rubrique de dépenses.
L’opposition s’abstient de voter le budget à cause des dépenses au titre de la Défense
Les dépenses en capital se chiffrent à 863 milliards en 2020 contre 633 milliards en 2019, soit un accroissement de 230 milliards en valeur absolue et de 36,34% en valeur relative.
Les investissements sur ressources propres ont une enveloppe de 475 milliards en hausse de 42,82% par rapport à 2019. Quant aux investissements sur ressources extérieures composées de dons et de prêts-projets, leur part est de 377 milliards. L’année 2020 étant une échéance électorale, elle induit des dépenses supplémentaires. Ainsi, le coût des élections couplées, présidentielle et législatives, se chiffre à 94 889 129 681 FCFA, à savoir 89 313 225 041 FCFA pour la CENI, et 5 575 904 640 000 FCFA pour les autres structures partenaires comme le Conseil supérieur de la communication, le Conseil constitutionnel, le Conseil d’Etat et le ministère de l’Administration territoriale. Ce coût n’intègre pas le volet sécurité.
Après l’appréciation positive des 7 commissions du Parlement, dont les avis ont été requis, la place a été donnée aux députés pour les questions et observations avant la position des différents groupes parlementaires. Les groupes MPP et alliés, notamment Burkindlim et le Renouveau démocratique, se sont félicités du projet de loi pendant que les groupes CDP, UPC et PJRN ont tous émis des réserves, estimant que le budget alloué au ministère de la Défense et qui représente 12% du budget global est insuffisant au regard des défis actuels. Ainsi, ils ont prôné l’abstention, ce qui s’est vérifié au vote final : 87 pour et 39 abstentions.