Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Du candidat du CDP à la présidentielle de 2020 : Luc Adolphe TIAO totalement hors sujet !

Publié le mercredi 4 decembre 2019  |  NetAfrique.Net
Comment


J’avoue que quand j’ai lu l’interview de l’ancien Premier Ministre Luc Adolphe TIAO relativement à l’élection présidentielle prochaine (L’Observateur paalga parue sur le site du journal le 31 cotobre 2019), j’ai été à la fois sidéré et même un brin estomaqué ; pour 3 raisons. J’ai été aussi ravi ; pour au moins une raison. L’objet de tant d’émotions ; entre autres ces propos : « Il faut qu’on accepte de marquer une rupture. Cette rupture voudrait qu’il ait … surtout des jeunes qu’on accepte de projeter. Je ne dis pas de prendre n’importe quel jeune. Mais celui qui exprime l’ambition d’être président du Faso et qui s’engage, pourquoi on ne lui ferait pas confiance ? Donc choisir Eddie, c’est accepter cette rupture. … ». Pour moins que ça on pourrait avoir le verbe très haut que personne ne devrait trouver à redire au regard de l’importance des questions soulevées et du contexte tant du Burkina Faso, que du CDP.

Commençons par les mauvaises nouvelles.

La première, c’est que j’ai été profondément surpris que l’homme d’État qu’il est supposé être, limite les critères de choix du président d’un pays à l’âge et à la volonté des candidats d’être califes. Comme projet politique on peut raisonnablement dire que c’est un « peu trop court » pour rester très poli !

Au BURKINA FASO d’aujourd’hui les préoccupations de notre peuple me semblent loin, et même très loin d’une bataille entre générations pour se succéder à la tête de l’Etat ; n’en déplaise à certains analystes manifestement conditionnés par des officines et des individus qui ont du mal à cacher leurs propres desseins. Nos problèmes sont bien ailleurs même s’il est vrai que le discours sur le renouvellement général des élites a pion sur rue presque partout ailleurs et fait les choux gras d’une certaine presse et de certains milieux qui ont néanmoins tout le mal du monde à convaincre l’opinion publique de sa pertinence. Vouloir faire de cette mue naturelle une simple question de décision comme si cela pouvait s’opérer d’un claquement de doigts relève d’un simplisme irresponsable. De même, si incontestablement certaines ambitions présidentielles qui s’expriment actuellement sont manifestement démesurées et peuvent fasciner, cela ne suffit pas pour autant pour qu’on lie notre salut commun à l’un des plus loufoques d’entre eux même s’il se veut d’essence messianique.

Refuser de céder aux mythes pour se retrouver dans le charlatanisme n’est rien d’autre que fuir le caca pour son odeur et se réfugier dans l’anus ! Sinon des jeunes qui se voient un destin présidentiel, ce pays en regorge et on les connait qui ont créé leur propre parti s’ils n’ont pas tout simplement coupé le cordon ombilical avec d’autres, jusqu’à quitter la mangeoire, pour s’affranchir de toute tutelle. Alors s’il faut mesurer le mérite à la seule volonté on peut douter de la pertinence du choix de l’ex-premier ministre.

On le sait, il n’y a pas de générations spontanées en politique ; et ceux qui se sont hasardés dans cette voie l’ont souvent payé cash. Le Burkina Faso ne peut pas dans sa situation actuelle, se payer ce luxe et l’y aventurer relève d’un manqué de jugement et de discernement inacceptables parce qu’irrationnels. Son histoire récente indique d’ailleurs qu’il a plus qu’intérêt à se méfier des bouleversements dont le seul ressort est de copier d’autres. Le drame d’octobre 2014 dont il est loin d’avoir soldé tous les comptes avec la Transition de toutes les catastrophes et de toutes les négations qui a enfanté le régime le plus destructeurs de ses valeurs qu’il ait connu, devraient inciter à plus de perspicacité surtout lorsqu’on a été au centre de ceux qui n’ont pas su voir venir et surtout n’ont pas su éviter à notre peuple ce qui est arrivé, alors qu’ils avaient l’entière confiance du président pour gérer la situation.

J’ai toujours été pour une analyse critique des situations pour dégager toutes les responsabilités afin de pouvoir mieux se projeter dans l’avenir. Ce n’est faire injure à personne que de se s’imposer un tel exercice qui a l’avantage, à défaut de permettre de solder les comptes, de libérer les consciences. Je comprends que monsieur le Premier ministre, Luc Adolphe TIAO, ne soit pas de cette école puisqu’à son avis, pour avoir parlé en réunion de la fuite de son candidat en 2015 au moment où le Burkina Faso avait le plus besoin de son leadership, on ne devrait plus l’évoquer de quelque manière que ce soit. Ce n’est pas du tout ma conception des responsabilités. Bien plus, quand quelqu’un prétend vouloir diriger tout un pays on devrait pouvoir attendre de lui un minimum de capacité de résilience pour ne pas dire tout simplement de courage. En fuyant le Burkina Faso, dans la nuit du jour du coup d’Etat manqué de septembre 2015, en restant des mois durant sans le moindre contact avec ses camarades, en refusant d’entendre parler du parti après un retour qui pose toujours des questions, Eddie KOMBOÏGO est loin d’incarner les valeurs de la jeunesse dont nous rêvons pour notre pays en ces moments où le courage et le don de soi sont exigés de tous. La tentative de dissimuler les faits au lieu de faire amande honorable rend encore plus abject le geste.

Ne dit-on pas qu’une faute reconnue est à moitié pardonnée. Son escapade nocturne et ses dénégations auraient, semble-t-il, inspiré un activiste de la « résistance » qui s’en serait inspiré pour écrire un scénario d’un film dont la recherche de financement serait très avancée. C’est dire que la campagne électorale à venir promet en termes de boules puantes et de révélations qui transformeront le voyage que certains rêvaient vers Kossyam en une mésaventure sordide. En effet il nous revient que pour tenter de faire bonne figure malgré son minable bilan, le MPP ne va lésiner devant aucun moyen ni aucune méthode.

Pour revenir à notre sujet, et le prenant au mot, si « Il n’y a pas quelqu’un qui est né avec une auréole autour de la tête et qui peut être d’office président » le simple bon sens devrait recommander de ne pas accorder une confiance aveugle à un jeune tout simplement parce qu’il « exprime l’ambition d’être président du Faso et … s’engage, …»; car il n’y a pas meilleur prototype de ceux qui pensent être nés pour diriger que de tels énergumènes. La fonction présidentielle me semble assez sérieuse pour qu’on daigne s’appuyer sur des faits pour juger au lieu de se livrer à des incantations dont on n’ose d’ailleurs pas dévoiler les vrais fondements. Cela d’autant plus qu’on peut dans la même foulée dire aux journalistes, pourtant d’un âge certain : « vous êtes encore jeunes » pour prétendre à la fonction de président du Faso. On peut voir d’ici leur surprise devant une contradiction aussi flagrante. Qu’à cela ne tienne, Eddie, le candidat de Luc Adolphe TIAO est plus jeune que Kadré Désiré OUEDRAOGO et cela devrait suffire à son bonheur ! Qu’il s’en contente donc et ne vienne pas amuser la galerie avec ses histoires « auréole autour de la tête et qui peut être d’office président » ou encore de « mythes » dont on ne sait pas qui se prévaut.

Dans ce pays si quelqu’un estime être prédestiné à la fonction présidentielle ce n’est certainement pas Kadré Désiré OUEDRAOGO que des Burkinabè et même de hautes personnalités internationales soucieuses du devenir du Burkina Faso et de la sous-région, ont démarché avec force insistance avant qu’il n’accepte ouvrir la perspective d’être candidat. Le minimum d’honnêteté intellectuelle et le respect des faits devaient inciter monsieur TIAO à se garder d’insinuations aussi inexactes que de mauvaise foi qui frisent la diffamation.

Le deuxième fait qui m’a laissé pantois c’est qu’il affirme parlant de sa génération que » Nous avons tout eu …« . J’avoue qu’étant de cette génération je ne vois pas de quoi il parle concrètement ; surtout qu’il me semble qu’il s’agit de servir son pays et non de se servir. En la matière, comme dirait l’autre, que chacun parle pour lui-même. C’est vrai que de nombreux cadres appelés à de hautes fonctions ont allègrement confondu servir le pays et se servir eux-mêmes, mais de là à en faire une règle écrite, bien plus un critère de qualification à la présidence du Faso me semble proprement inacceptable. Et puis, à mon humble avis, quand on a « tout eu » de son pays on devrait se montrer disponible à tout lui donner au moment où il a besoin de tous ses fils et filles comme c’est le cas actuellement du Burkina Faso !

Notre pays a besoin de tous ses fils et surtout des meilleurs d’entre eux sur la base de l’expérience qu’ils ont pu glaner ici et là. Notre pays a besoin de tous ses fils et surtout des meilleurs d’entre eux sur la base de ce qu’ils ont pu apporter ailleurs et qui fait cruellement défaut à la gouvernance actuelle. N’est-ce pas cela que fait Kadré Désiré OUEDRAOGO qui refuse les honneurs et les ors des fonctions de prestige à l’international, pour se mettre au service de son pays au risque de se faire railler par son ancien directeur de la communication, que fut monsieur TIAO dans une autre vie ?

Troisièmement le fait de mentionner particulièrement le nom de Kadré Désire OUÉDRAOGO et de s’en prendre à lui insidieusement, laisse percevoir comme un air de ressentiment qu’on pourrait en français facile qualifier de « jalousie mesquine ». On a comme l’impression que monsieur Luc Adolphe TIAO aurait voulu être à la place de celui qu’il médit. A moins que ce ne soit tout au contraire un aveu de servilité vis-à-vis de celui qu’il défend si maladroitement. Avec un peu de modestie, à défaut de reconnaitre les mérites de celui qui lui a donné une opportunité en le prenant au nombre de ses collaborateurs directs quand il a été Premier ministre, il devrait avoir celle de reconnaitre qu’il ne tient pas la comparaison avec Kadré, qui, lui a connu bien plus que lui en termes de fonctions de haut niveau. C’est vrai, monsieur TIAO, vous avez vous aussi de la valeur et même beaucoup, mais tout de même ! Dans le registre des rappels saugrenues dont certains sont friands, si Kadré a été Premier ministre au moment de l’affaire Norbert ZONGO, dans laquelle personne ne peut lui imputer la moindre responsabilité, vous vous avez été le Premier ministre qui a conduit au fiasco politique de 2014 dans lequel votre responsabilité est entière. Et puis quoi d’autre ?

En fait tout ça mis bout à bout produit l’effet contraire de la démonstration voulue monsieur TIAO puisqu’à l’évidence on ne parle pas de la même chose. Et c’est là ma satisfaction.

Alors que d’aucuns parlent de sortir le pays du bourbier dans lequel il est plongé et que de toutes parts les populations s’interrogent sur leur avenir et l’homme ou les hommes qui pourront les conduire vers des lendemains meilleurs, il en est qui pensent avoir « tout eu » ; qu’ils devraient se retirer pour bénéficier d’une paisible retraite et qu’il serait bien de passer la main à d’autres pour « prendre pour eux aussi ». Nous ne parlons donc pas de la même chose et chacun, à commencer par les Burkinabè, sauront apprécier les raisons pour lesquelles le CDP est divisé. Face à ceux qui demandent au meilleur d’entre eux de se sacrifier pour servir, pour donner toute son expérience ; d’autres proposent le meilleur d’entre eux pour se servir, pour prendre et sacrifier à la mode.

En réalité l’équation est très simple ; devant un pays exsangue, en bute au terrorisme dans un environnement où tous les indicateurs sont au rouge écarlate, quel profil d’homme politique serait le mieux indiqué pour se donner de réelles chances de réussir ?

En vérité Luc Adolphe TIAO essaie maladroitement de nous vendre son patron, Eddie KOMBOÏGO pour ne pas le nommer. La démarche est déloyale donc critiquable. Au stade actuel des débats sur le sujet je n’en dirai pas plus ; sauf qu’on est tous au Faso ici et que généralement on voit les gens loin et même très loin, surtout quand ils se cachent.

Pas encore le moment des “pourquoi du quoi” mais tout de même, monsieur le Premier Ministre, ne serait-il pas plus décent pour vous (votre camp, je veux dire) de cesser de vous en prendre à un homme qui vous ignore royalement ; qui n’a jamais eu le moindre mot déplacé en votre endroit ? N’avez-vous pas ressenti une petite gêne après avoir lu et relu, corrigé et recorrigé votre interview ? Point n’est besoin de vous rappeler les deux adages, l’un parlant de langue et l’autre de coup de pied, qui saillent à la situation.

Cheik Ahmed Koné
Commentaires