Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, célèbre ce 29 novembre le 4e anniversaire de son accession au pouvoir au Burkina Faso. Sur le plan sécuritaire, le bilan reste mitigé malgré l’état d’urgence déclaré dans plusieurs régions du pays pour contrer la menace terroriste.
Cela fait exactement quatre ans, jour pour jour, que Roch Marc Christian Kaboré a enfilé ses attributs de président du Faso, prenant ainsi en main les affaires de la République. Une période au cours de laquelle la situation sécuritaire s’est considérablement dégradée, avec la multiplication des attaques terroristes sur le territoire national, particulièrement dans les régions du Sahel, du Nord, du Centre-Nord, de l’Est, du Centre-Est et de la Boucle du Mouhoun. Selon un dernier bilan officiel du ministère de la Défense nationale et des Anciens combattants, le Burkina Faso a enregistré, entre le 4 avril 2015 et le 16 juin 2019, 283 attaques terroristes qui ont fait 524 morts et 308 blessés. De janvier 2019 à ce jour, le pays a enregistré 97 attaques terroristes à savoir 26 contre les Forces de défense et de sécurité (FDS) et 71 autres contre les civils. Il ressort de ce bilan que ces 97 agressions ont causé 234 morts : 35 du côté des FDS et 199 civils. Les mêmes sources indiquaient qu’à la date du 16 juin 2019, les menaces terroristes avaient entraîné la fermeture de près de 2000 écoles, privant ainsi 326 152 enfants d’enseignements et occasionné la mise au chômage de 9 042 enseignants. Hormis cela, on note des déplacements massifs de populations des zones sous menace vers celles plus sécurisées. Estimée à près de 500 000 personnes sur l’ensemble du territoire national, une grande partie de ces déplacés est menacée par l’insécurité alimentaire. Selon la ministre de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire, Hélène Marie Laurence Ilboudo/Marchal, l’assistance alimentaire et matérielle apportée aux personnes déplacées s’élevait à 2.155.633.525 F CFA, à la mi-octobre 2019.
Plus de 500 morts depuis 2015
Elle a également fait cas des efforts déployés par le gouvernement pour apporter une assistance psychologique à certains d’entre eux dont l’état exigeait un tel secours. Dans son message à la nation le 31 décembre 2019, le président du Faso a proclamé l’état d’urgence dans 14 provinces réparties dans six régions du pays, afin de renforcer la sécurisation des zones sous menace terroriste. Malheureusement, cette mesure spéciale devant permettre aux FDS d’être plus opérationnelles sur le terrain n’a pas changé grand-chose à la situation sécuritaire qui demeure des moins reluisantes. Selon l’expert en sécurité et extrémisme violent, Mahamoudou Sawadogo, la recrudescence des attaques terroristes et la montée de la violence s’explique par le fait qu’il n’y a pas de réponse appropriée pour enrayer la menace. Alors que les groupes terroristes, eux, travaillent à adapter leur mode opératoire en fonction de la réponse apportée par les FDS. A entendre M. Sawadogo, les groupes armés ont gagné en technicité, en nombre et en puissance. Cela pourrait s’expliquer, selon lui, par les attaques perpétrées ces derniers temps par les terroristes, contre des casernes pour récupérer de l’équipement. « Je ne sais pas comment l’Etat fait ses analyses mais je pense qu’il faut qu’on revoie et qu’on surveille l’évolution de la situation sécuritaire, comme les épidémies qu’on surveille en matière de santé », conseille le gendarme à la retraite. Concernant l’opération « Otapuanu », menée par l’armée dans la région de l’Est, le spécialiste aurait souhaité qu’il y ait des préalables : « J’avais dit dans une des analyses sur ces opérations qu’il aurait fallu savoir qui nous attaque, faire un diagnostic, un mapping des groupes qui nous attaquent. Pour moi, à l’Est, on avait affaire à une insurrection armée locale ». Une partie de la population, explique-t-il, n’en pouvait plus de cette situation et a été convaincue par les groupes terroristes d’agir et de déstabiliser l’ordre étatique établi. « Avec l’opération, en réalité, ces groupes terroristes se sont fondus dans la communauté, d’autres ont rejoint le Bénin, le Togo », conclut-il.