Une certaine opinion anti-France est en train de se forger au Burkina Faso. Tout simplement parce que des Burkinabè accusent la France de ne rien faire pour neutraliser les terroristes qui attaquent leur pays, pire elle les armerait. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est ce communiqué de l’Etat-major général des armées burkinabè (dont les termes se sont retrouvés sur les réseaux sociaux) qui dénonce le survol, sans autorisation, de son territoire aérien par des aéronefs français. Ce qui a fini de convaincre qu’effectivement la France a quelque chose à voir avec les terroristes, avec lesquels elle pourrait être complice. Ce sentiment anti-France n’est pas compréhensible. Car, quand on remonte un tout petit peu dans le passé, on se rend compte que la France, tout comme le Burkina, n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts.
En effet, à une question d’un étudiant burkinabè à lui posée, le président français Emmanuel Macron avait sèchement répondu en substance d’arrêter de croire ou de faire croire que les problèmes que nous vivons sont de la responsabilité des autres. Il était allé plus loin en demandant si les terroristes qui attaquent le Burkina Faso étaient des Français. C’est dire tout simplement que si nous avons des problèmes, c’est d’abord nous. Ensuite, si des solutions doivent être trouvées, c’est à nous qu’il revient de les trouver. Du reste, dans sa conception de la lutte contre les terroristes, la France a toujours fait savoir que ce sont nos armées qui seront en première ligne. Ne demandons donc pas à la France, ou à un autre pays d’où qu’il soit, de venir combattre les terroristes à notre place. Nous sommes à l’origine du phénomène, il nous revient d’y mettre fin.
Quand on accuse que c’est la déstabilisation de la Libye par l’Occident (dont la France principalement) qui est à l’origine du terrorisme, on a bien envie de dire où étaient les pays Africains quand cela se produisait? Combien de chefs d’Etat africains avaient publiquement dénoncé ou s’étaient opposés à cette opération de déstabilisation de la Libye et de la liquidation de son leader Mouammar Kadhafi? L’Occident (la France) avait intérêt à ce que Kadhafi soit tué. Elle l’a fait.
Le Burkina Faso a fait des choix politiques et diplomatiques assez courageux ces dernières années. En rompant ses relations avec la Chine Taïwan pour renouer avec la Chine populaire. Ce qui n’est pas sans décourager et constituer un affront à l’autre Chine. Les partenaires traditionnels dont la France, ont-ils l’obligation d’apprécier positivement ce rapprochement alors qu’ils disputent avec Pékin des intérêts dans le monde y compris au Burkina ? Le Burkina Faso s’est rapproché de la Russie. Ce qui n’est pas sans objet auprès des partenaires occidentaux. Tout ça, parce que nous avons des intérêts à défendre auprès de ces nouveaux partenaires. Quand on sait où on va, on ne demande pas aux autres de venir à votre secours. La lutte contre le terrorisme, sur tous les plans, va se poursuivre sans doute avec le soutien de nos partenaires. Mais, sachons tout simplement que c’est nous qui allons la gagner ou la perdre. Selon ce que nous voulons.