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Coopération japonaise: faire profiter l’Afrique de l’expérience du développement nippon

Publié le jeudi 21 novembre 2019  |  Sidwaya
TICAD
© Autre presse par DR
TICAD / Coopération japonaise
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Le Japon affiche une volonté d’asseoir une présence de qualité en Afrique, d’où la tenue régulière de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD). La TICAD 7 tenue du 28 au 30 août 2019 à Yokohama a défini les ambitions de la 3e puissance économique mondiale en Afrique. Parallèlement à la diplomatie nipponne, l’agence japonaise de développement international renforce la présence du pays du Soleil Levant au Burkina Faso à force d’investissements de plusieurs milliards FCFA, principalement dans les domaines de l’éducation, l’agriculture et des infrastructures.

Le Japon ne cache pas son ambition d’avoir une diplomatie à l’aune de sa puissance économique. A l’instar de toutes les superpuissances, sa présence en Afrique représente un enjeu majeur. Au Burkina Faso, cette présence se manifeste, entre autres, à travers des investissements dans les domaines économique, social et sécuritaire. Le Japon intervient, en effet, dans des actions de développement, dont, à titre d’exemple, on peut citer la construction d’écoles primaires et de collèges. Eu égard au contexte sécuritaire du pays, le Japon apporte son soutien à la paix et à la stabilité au Burkina Faso. On peut relever particulièrement ces dons emblématiques de 96 véhicules pick-up 4×4, 244 motos et 105 lampes-projecteurs portables, le tout d’une valeur de 3 milliards 250 millions FCFA conjuguée à l’octroi d’un stabilisateur d’une valeur de 1,5 milliard au ministère des Infrastructures et à la fourniture de riz japonais du même montant. D’autres projets comme l’éclairage public à l’énergie solaire, la construction de l’hôpital de Dori ou encore le partenariat avec la fondation Kimi pour améliorer la santé de la reproduction des populations sont en cours de mise en œuvre. La coopération nippone met un accent particulier, et cela a été réaffirmé lors de la TICAD 7, sur le développement des ressources humaines, la promotion de l’innovation et de l’investissement ainsi que sur la prise d’initiatives pour la santé et le bien-être des populations. La TICAD, un tremplin pour le secteur privé africain

La diplomatie nipponne œuvre en outre pour encourager le secteur privé japonais à s’intéresser à l’Afrique. A titre illustratif, le concessionnaire de véhicules et motocyclettes, CFAO Motors et la société SYSMEX, fournisseur d’appareils biomédicaux, sont des entreprises japonaises présentes au Burkina Faso. L’objectif du Japon est de soutenir ses partenaires africains à amorcer le développement durable grâce à des ressources humaines et des infrastructures de qualité, un secteur privé compétitif et une plus grande maîtrise technologique. C’est cette ambition qui est ressortie des travaux de la 7e conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), tenue du 28 au 30 août 2019 à Yokohama au Japon sous le thème : « Faire progresser le développement de l’Afrique à travers les personnes, la technologie et l’innovation ». Ce rendez-vous instauré depuis 1993, dont la périodicité a été ramenée de 5 à 3 ans depuis 2013, se tient alternativement au Japon et en Afrique. Cette année, la 7e TICAD a réuni plus de 10 000 participants dont 42 chefs d’Etat du continent et a donné lieu à la «déclaration de Yokohama» constituant une feuille de route où sont déclinés les actions à entreprendre et les secteurs d’investissement pour favoriser un développement durable pour l’Afrique.

La coopération nippo-africaine s’appuie désormais sur les conclusions de cette conférence et l’ambassadeur du Japon au Burkina Faso, Tamotsu Ikezaki a exhorté les autorités et les hommes d’affaires burkinabè à saisir les possibilités que ce cadre leur offre pour attirer davantage d’investisseurs japonais au Burkina Faso. Mais en attendant la dynamisation des circuits économiques, l’Agence japonaise de développement internationale (JICA) permet à de nombreux jeunes Africains d’accéder à l’expérience nipponne à travers des bourses d’études. L’une d’elle, Norah Traoré, est revenue du Japon voilà 6 mois. La jeune dame y a suivi des cours de Master en Business administration à l’université de Ritsumeikan internationale Asie Pacifique, à Oita, sur l’île de Kyushu. En dehors du surnom «Pays du soleil levant», la jeune Burkinabè ne connaissait pas grand-chose du Japon lorsqu’elle s’y rendait en 2016, dans le cadre du programme «African Business Education initiative for youth» (ABE Initiative), lancé par le Premier ministre japonais, Shinzo Abé en 2013. Deux ans et demi plus tard, Norah est toute émerveillée lorsqu’elle évoque le Japon. S’inspirer de l’expérience nipponne A l’entendre, ce pays insulaire ne doit sa place de 3e puissance économique mondiale à aucun miracle. «Ce ne sont pas des choses extra, ni de supers hommes que j’y ai vus. Ils ont su capter les petites choses essentielles pour avancer. C’est un peuple travailleur», explique-t-elle.

Son compatriote Joseph Miyieba Lompo, qui vient d’arriver du Japon où il était dans le cadre du même programme ABE initiative, est tout aussi ravi d’avoir bénéficié d’une formation davantage focalisée sur la pratique. «Avec les Japonais, c’est vraiment du concret. En plus, ils ne sont pas dans la fanfaronnade», soutient-il. Joseph Miyieba Lompo loue, en plus, le caractère serviable et l’empathie naturelle de ses hôtes. Il note même des points de similitude entre les peuples japonais et burkinabè. «Les Burkinabè sont reconnus comme de grands travailleurs et sont réputés pour leur sérieux», assure-t-il. Des traits de caractères qui ont sans doute permis à la vingtaine de représentants burkinabè de réussir avec brio leur formation en étant, pour la plupart, majors de leurs promotions parmi environ 1 300 Africains bénéficiant du programme ABE initiative. Fort de leurs expériences japonaises, Norah souhaite développer un projet relatif à la satisfaction de la clientèle au sein de l’entreprise où elle travaille et Miyieba, qui a suivi une formation dans le high-Tech, est à pied d’œuvre pour mettre en place une unité de commercialisation de services et matériels informatiques. Les deux jeunes encouragent leurs compatriotes à participer à ce programme ouvert à tout jeune Africain de moins de 40 ans et titulaire d’au moins une licence. Au-delà du programme ABE initiative, le Japon est présent au pays des Hommes intègres dans plusieurs secteurs de développement.

L’aide publique du Japon au développement du Burkina Les locaux de l’Ecole nationale des enseignants du primaire de Dori sont le fruit de l’aide japonaise à hauteur de 0,83 milliard de yens, soit 4,5 milliards F CFA. Environ 6,65 milliards de yens, soit plus de 36 milliards F CFA ont été injectés dans la construction de plus d’un millier de salles de classe au primaire et d’une soixantaine de collèges d’enseignement général à travers le Burkina. L’engagement du Japon pour l’amélioration de la qualité de l’éducation au Burkina Faso s’est également exprimé dans des actions telles que le Projet d’appui aux comités de gestion d’école (PACOGES), le projet d’appui à la formation continue des enseignants en matière de Sciences et des mathématiques à l’école Primaire (SMASE I et II), le projet de renforcement des stratégies et des pratiques de l’enseignement dans les centres de formation des élèves-maîtres (PROSPECT) et le programme de co-création de connaissances.

La coopération japonaise s’investit particulièrement pour la résilience des communautés africaines dans le domaine agricole, moteur clé du développement, en promouvant la diversification des productions dans le but d’améliorer la nutrition des populations. C’est en ce sens qu’une initiative pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique (en anglais IFNA) a été adoptée depuis 2016 à Naïrobi au Kenya, en marge des travaux de la TICAD 6. Elle est mise en œuvre dans 10 pays du continent dont le Burkina Faso et consiste à mettre en synergie plusieurs acteurs nationaux et internationaux pour traduire en actions les politiques de sécurités alimentaire et nutritionnelle à travers une approche multisectorielle qui met l’accent sur les bonnes pratiques culturales ayant été utilement expérimentées sur le terrain. Dans le domaine des infrastructures, les usagers de « la circulaire » sont des témoins privilégiés de l’aide japonaise. En effet, l’entreprise Dai nippon construction (DNC) y est à pied d’œuvre pour exécuter le projet d’amélioration de la rocade Sud-Est du boulevard des Tansoba. D’ici le 31 décembre 2021, les 6,97 km de nids de poule et de bitume dégradé feront la place à du béton bitumineux dense de deux fois deux voies avec, de chaque côté, une piste cyclable, un trottoir et des caniveaux. Le chef de projet de DNC, Furuya Akihiko, est confiant sur la qualité de la route et le respect des délais.

La même garantie est donnée par le chargé de programme infrastructures, intégration régionale, eau et assainissement à la JICA, Cheik Assane Moctar Gansoré, qui assure que la route sera construite selon les standards du Japon. «DNC est une entreprise japonaise, elle sous-traite avec une entreprise sur place, en l’occurrence SATOM, qui répond à ses conditions techniques. Ce qui est sûr, la coopération japonaise mise sur la qualité de l’infrastructure», rassure le chargé de programme infrastructures. Plusieurs projets en étude Le montant de ce projet sur la rocade Sud-Est s’élève à 28 milliards F CFA, octroyés sous forme de don au Burkina Faso. Le principe de coopération du Japon avec les Etats africains est de privilégier les dons, précise Cheik Assane Moctar Gansoré, le prêt n’étant envisagé que lorsque le coût de réalisation du projet dépasse un certain montant. C’est le cas du tronçon Gounghin-Fada N’Gourma qui s’élève à environ 30 milliards FCFA. Mais, même en matière de prêts, les conditions de la JICA sont intéressantes, à en croire M. Gansoré : «La JICA fonctionne comme une institution de financement de développement, et fait partie des plus puissantes sur le plan international. Nous faisons actuellement des prêts concessionnels à un taux de 0,01% dont le remboursement s’étale sur 40 ans avec un différé de 10 ans». Le chargé de programme infrastructures de la JICA estime que le Japon a investi pour le moment une centaine de milliards FCFA au Burkina Faso dans le volet infrastructures.

« Nous donnons la priorité aux investissements qui rentrent dans le cadre des secteurs prioritaires d’intervention du Japon qui sont l’agriculture, l’éducation et l’intégration régionale », révèle-t-il. A travers par exemple la formulation d’un plan directeur stratégique pour le développement des corridors Abidjan-Ouagadougou, Lomé-Ouagadougou, Accra-Ouagadougou et Abidjan-Lagos, en partenariat avec la commission de l’UEMOA, la JICA a adopté une approche qui intègre différents aspects pour fluidifier le transport et développer l’industrie, les TIC, l’énergie et le commerce sur ces corridors. C’est dans ce cadre que la coopération japonaise s’est pleinement investie pour l’opérationnalisation du poste de contrôle juxtaposé de Cinkansé et l’interconnexion des douanes du Togo et du Burkina. « Ainsi, lorsque les camions sont enregistrés à Lomé, les informations sont automatiquement transmises à Ouagarinter si bien qu’arrivés à la frontière Burkina-Togo, ils ont juste 10 à 15 minutes à passer », explique M. Gansoré. Le Japon est actif au Burkina Faso en termes d’investissement depuis les années 2000. Il est « en train de monter en puissance » avec le recentrage de ses activités et le chargé de programme infrastructures a annoncé plusieurs projets en phase d’étude.

Fabé Mamadou OUATTARA
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