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Arrestation Naïm Touré : le procureur ne savait même pas où Naïm était détenu (avocat)

Publié le vendredi 15 novembre 2019  |  netafrique.net
L`activiste
© Autre presse par DR
L`activiste Naïm Touré
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Naïm Touré « enlevé », « interpellé », « arrêté »… mardi nuit à son domicile à Ouagadougou a été relâché jeudi après-midi. Le dossier était vide et le procureur n’a voulu l’inculper. « Je suis avec Naïm. On vient de le relaxer. Le parquet n’a retenu aucune charge contre lui », avait aussitôt déclaré à Radio Oméga Me Prosper Farama, avocat de l’activiste.

Cette relaxe a y regarder de près est probablement liée à la façon dont la procédure a été menée.

« Selon la procédure lorsqu’on est en matière de flagrant délit, des Officiers de police judiciaire (OPJ), constatent une infraction, ils se réfèrent au procureur du Faso systématiquement et c’est le procureur qui leur donne l’instruction en fonction de ce qu’ils vont lui expliquer. Et là il peut dire, je vous donne l’ordre de mener telle opération, telle action. Et quand on mène l’action, on rend compte au procureur et le procureur donne la conduite à tenir. Il peut dire, instruisez dans tel sens et puis ramener moi le dossier », explique l’avocat de M. Touré.

« Mais de ce que j’ai suivi, dans la nuit où l’interpellation a été faite, il n’était au courant de rien. Il a appris comme tout le monde probablement sur les réseaux sociaux l’interpellation. Et c’est après qu’on l’a appelé pour l’informer. Et le truc est que quand on est allé le voir, lui-même ne savait même pas où Naïm Touré était détenu? », explique Me Farama.

« C’est une énième affaire qui vient interpeller sur les pratiques judiciaires au Burkina Faso et le respect des règles de procédures par nos acteurs de la justice. Cette affaire nécessite une clarification ultérieure. Dans la mesure où la relaxe dont Naïm a bénéficié montre qu’il y avait des dysfonctionnements au sein de la justice en ce qui concerne son cas. Le terme d’enlèvement peut valablement être utilisé ici jusqu’à ce que des preuves contraires soient apportées par les acteurs qui ont procédé à cette opération. S’il est interpellé et que les autorités qui sont chargées de délivrer des titres d’arrestation ne sont pas celles qui ont commandité il y a vraiment de quoi se poser des questions. Et du même coup, ça pose la question de l’état des libertés dans notre pays au fur et à mesure que nous avançons dans la démocratie », déplore Siaka Coulibaly, analyste.
« C’est parce que pendant longtemps au Burkina Faso on a fait avaler des couleuvres aux juges. Sinon dans aucun pays au monde vous ne trouverez un juge, minimalement courageux qui accepte d’entériner une telle procédure. Il ne connaît même pas le fond de l’affaire ni quand est-ce que ça a commencé ? », s’interroge l’avocat de Naïm Touré.

« Et puis si c’était une convocation de jour à la limite, il pouvait dire, amener le moi, on va essayer de voir. Mais une interpellation qui a été faite dans des conditions musclées la nuit, cela veut dire que les faits sont graves. Et quand on vous ramène un dossier et on dit que c’est une publication sur Facebook. Pour ça la nuit on va interpeller quelqu’un. C’était assez lourd. Je me mets à la place du procureur. Moi personnellement j’aurai déjà été vexé », ajoute l’avocat.

M. Touré, selon son avocat était accusé de « tentative de démoralisation des forces de défense et de sécurité ». Naïm Touré aurait traité de médiocre les patrons de la sécurité et de La défense. L’avocat estime qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat dans le fond de la publication.

« Dire que les dirigeants à la tête de La défense et de la sécurité sont médiocres. Non! Même moi j’ai déjà dit que tout le gouvernement était nul. Dans tous les pays du monde, tous les jours, on voit ces choses là. Le gouvernement est médiocre, nul, lascar, incompétent… les dirigeants responsables ne regardent même pas ça », affirme Me Prosper Farama.

« C’est quand vous dites des faits concrets. Par exemple, tel dirigeant a pris tant, il a fait faire ci. Là ça pose un problème. Vous lui imputez un fait précis. Il est en droit de se défendre. Mais des questions de donner votre opinion ? Non! », s’exclame l’avocat.

Un règlement de compte ?

Qui a autorisé cette interpellation « musclée » et détention « exécrable », les termes de l’avocat? Ce qui est officiel c’est que mercredi, la police nationale dans un communiqué avait affirmé que Naïm Touré a été interpellé « dans le cadre des investigations relatives à une enquête en cours » et de poursuivre que « cette interpellation, qui fait suite à des publications faites par l’intéressé sur les réseaux sociaux, vise à concourir à la manifestation de la vérité, relative à l’enquête ouverte qui se déroule sous le contrôle de la justice ».

« Moi personnellement c’est ce que je pense. Un règlement de compte. Les Africains sont très susceptibles. Moi je connais des membres du gouvernement aujourd’hui qui ne sont pas loin de penser que je suis leur ennemi. Les gens ne veulent pas des critiques. Et les gens déplacent pour en faire un problème personnel. Au lieu de penser aux choses importante. Comment faire avancer le pays, ils pensent aux petites choses subjectives. Quand il y a une petite occasion, ils se disent il faut limer celui-là, il faut le taper. C’est un peu culturel », a dit l’avocat.

La procédure de l’arrestation de l’activiste ne respectant pas les règles, son avocat ne compte pas en rester là. « On va discuter. Il faut que les gens s’assument. Si on fait une procédure et la justice estime qu’il n’y a pas de violation mais il n’y a pas de violation. Mais il faut qu’on arrête ça », a terminé l’avocat Prosper Farama.

Lamine Traoré
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