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Force conjointe du G5 Sahel « Il n’ y a pas de solution miracle contre le terrorisme »

Publié le jeudi 7 novembre 2019  |  Sidwaya
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© Autre presse par DR
A la tête de la Force conjointe du G5 Sahel depuis 3 mois, le Général de brigade, Namata Oumarou
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A la tête de la Force conjointe du G5 Sahel depuis 3 mois, le Général de brigade, Namata Oumarou, optimiste quant aux capacités du G5 Sahel à venir à bout du terrorisme dans l’espace sahélien. En marge des travaux de la 6e session ordinaire du conseil des ministres de l’organisation à Ouagadougou, il a accordé un entretien à Sidwaya.

Sidwaya (S.) : La force conjointe du G5 Sahel est en place depuis quelques temps, à quel stade d’opérationnalité se trouve-t-elle ?

Général Namata Oumarou (G.N.O.) : La Force conjointe est plutôt une initiative récente pour répondre à un phénomène d’ampleur internationale mais ancien. A l’échelle mondiale, les armées les plus puissantes ne parviennent pas à triompher complètement de cette menace asymétrique. Il faut donc être prudent et réaliste. Il n’y a pas de solution miracle contre le terrorisme. Nous poursuivons notre travail dans la continuité du labeur accompli par nos prédécesseurs et sous les directives concertées du comité défense et sécurité qui regroupe les chefs d’états-majors des cinq pays. Les forces de sécurité et de défense de nos Etats jouent leur rôle, mais elles sont parfaitement conscientes du fait que la réponse militaire est l’une des composantes d’une stratégie politique plus large. C’est un combat global comme en témoigne les autres initiatives du G5 qui se déploient afin d’améliorer la sécurité des Sahéliens pour qu’ils puissent se concentrer sur l’essentiel : la lutte pour une prospérité partagée dans un vaste espace de 5 millions de km2 où vivent près de 80 millions d’habitants.

S. : Quel bilan pouvez-vous faire des actions déjà menées sur le terrain ?

G.N.O. : De sa mise en place à ce jour, la Force conjointe totalise 17 opérations majeures avec des résultats. Je citerai la toute récente opération, celle qui a eu lieu sur le fuseau Est (dans le Nord du Niger, NDLR) dénommée opération Amande 2 et qui a permis de saisir 16 fusils mitrailleurs, dont 3 de précision, 3 lunettes de tir dont une à laser, plus de 3 000 cartouches tout calibres confondus, des roquettes et des grenades, plus un véhicule.

S. : Malgré tout, les terroristes semblent gagner du terrain, qu’est-ce qui ne marche pas ?

G.N.O. : Si les terroristes semblent gagner du terrain, c’est beaucoup plus parce que les gens sont frappés par la campagne d’intoxication dont les terroristes sont passés maîtres. Ils ne gagnent pas du terrain. Il y a eu, nous le reconnaissons, des accrochages, mais nous sommes sur le terrain, nous agissons et nous avançons.

S. : Néanmoins, la Force conjointe a quelquefois été frappée en plein cœur, comme si elle peinait à se sécuriser elle-même.

G.N.O. : Ça arrive. Les terroristes nous attaquent là où ça fait mal.

S. : Mais vous rencontrez quand-même des difficultés.

G.N.O. : Si difficultés il y a, elles sont inhérentes à toute mission de ce genre. Il y a ce qu’on souhaite avoir, mais nous partons sur le réel, ce qui a été mis à notre disposition par les armées de nos Etats respectifs.

S. : Quelle relation entretenez-vous avec les forces étrangères également présentes dans la bande saharienne ?

G.N.O. : Ces forces partenaires sont des amies avec lesquelles nous collaborons. La Force conjointe complète les dispositifs de sécurité des Etats membres avec lesquels une coordination est systématiquement recherchée. A côté de ceux-là, effectivement, les forces partenaires que sont la MINUSMA et Barkhane, pour ne citer que celles-là, travaillent chacune dans le cadre de son mandat spécifique en étroite collaboration, non seulement avec la force conjointe, mais aussi avec les différentes armées de notre espace commun.

S. : Qu’est-ce que la Force conjointe du G5 Sahel attend de ces forces étrangères partenaires ?

G.N.O. : Aussi bien avec les partenaires qu’avec les troupes concourantes nationales, notre vision est de mener systématiquement, sinon autant que possible, des missions conjointes ou coordonnées.

S. : Est-ce dans ce cadre que s’inscrit l’opération Bourgou 4 annoncée par la ministre française des Armées ?

G.N.O. : Bourgou 4, c’est l’appellation de la contribution française ou Barkhane, Pagnaly 2, c’est le nom de code de l’opération au titre de la force conjointe. Nous collaborons dans l’intérêt général.

S. : Toutefois, une partie des populations réclament de plus en plus le départ de ces forces étrangères. Est-ce opportun à votre avis ?

G.N.O. : Permettez-moi de ne pas m’avancer sur ce terrain. Mais il y a lieu de relativiser les choses. Ces troupes que vous appelez étrangères sont chez nous, il faut l’avouer, à notre demande. Mais malgré la forte volonté d’agir sur le terrain contre un ennemi commun et d’autre part un fort engouement international, la force conjointe du G5 Sahel reste encore bien jeune et poursuit toujours sa montée en puissance. Elle n’est pour autant pas en reste dans le combat général engagé contre le terrorisme et le crime organisé qui gangrènent l’espace sahélo-saharien comme en témoignent les derniers résultats engrangés. Dans le cadre de cette lutte, tous ceux qui peuvent aider sont les bienvenus.

S. : Certaines voix font entendre que la commande des équipements fait l’objet de convoitises voire de rivalités entre certains partenaires. Qu’en est-il exactement ?

G.N.O. : Merci pour cette question. Mais retenez que mon niveau de responsabilité n’est pas concerné par les commandes.

S. : Vous êtes quand-même le commandant en chef de la Force conjointe…

G.N.O. : Je suis le commandant de la Force conjointe. On met des hommes avec des capacités à ma disposition pour mener des opérations. Nous progressons et recevons de nombreux soutiens, même si certaines promesses extérieures annoncées tardent à venir. Pour ce qui est de la part des pays du G5, je ne pourrai pas vous donner des figures exactes.

S. : Comment la force conjointe prend-elle en compte les aspirations d’autres pays autour du Sahel qui sont aussi directement exposés à la menace terroriste et qui pourraient faire bande à part ?

G.N.O. : S’ils font bande à part, ça ne me regarde pas. Plutôt, c’est à eux qu’il faut poser la question (Rires). Par contre, ce dont nous avons connaissance, ce sont ces volontés qui se manifestent en notre faveur. Si telle est votre question, alors je pourrai vous dire que pour tout responsable militaire, un renforcement ou des apports supplémentaires en moyens et en troupe sont toujours les bienvenus. Mais pour l’efficacité et les modalités de l’implication, auxquelles vous faites allusion, devraient être posées aux responsables politiques du G5 et non à moi.

S. : Parlant de responsables politiques, quel bilan opérationnel pourriez-vous faire de la présidence burkinabè du G5 Sahel ?

G.N.O. : La présidence burkinabè du G5 Sahel a reçu une feuille de route que tous les démembrements du G5 suivent actuellement. En ce qui nous concerne, ça se passe très bien. Nous sommes en phase avec toutes les directives qui nous ont été confiées.

S. : Mais en termes de bilan ?

G.N.O. : Pour ce qui est du bilan, permettez-moi de vous dire que le moment venu, nous aviserons.

S. : En attendant, y a-t-il espoir qu’un jour on ne parle plus du terrorisme dans le Sahel ?

G.N.O. : La lutte contre le terrorisme est une œuvre de longue haleine. Mais nous sommes optimistes, nous croyons en la Force conjointe. Ça prendra du temps certes, mais un jour, ça relèvera du passé. Le défi reste grand, mais nous poursuivons la tâche, dans la continuité. D’autant plus qu’il est raisonnablement possible d’affirmer que la force conjointe est actuellement la seule alternative réellement disponible en matière de lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier dans l’espace commun. La situation opérationnelle de la zone d’instabilité évoluant en permanence, il y a assurément un besoin encore plus pressant de coordination et de mutualisation des capacités à l’interne des pays membres de l’espace G5 et vis-à-vis des autres initiatives. Il s’agira aussi de maintenir et de redoubler les efforts de solidarité interne et d’accompagnements externes qui restent majeurs pour la poursuite de ce combat qui est par nature globale et de longue haleine. Nous lançons un appel à la population à rester dans cet optimisme car c’est permis, parce que c’est possible.
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