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Daouda Simboro, démissionnaire de l’Assemblée nationale : «Je ne resterai pas loin de la politique»

Publié le mercredi 6 novembre 2019  |  Sidwaya
Daouda
© Le Pays par DR
Daouda Simboro, président du groupe parlementaire UPC RENOUVEAU DEMOCRATIQUE (UPC/RD)
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Elu national de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) de la province de la Kossi (Nouna), Daouda Simboro a démissionné de l’Assemblée nationale, hier 5 novembre 2019. Dans cette interview exclusive accordée à Sidwaya, l’ex-président du groupe parlementaire Renouveau démocratique revient sur les raisons de sa démission et ses ambitions politiques.

Sidwaya (S.) : Vous avez notifié votre démission au président de l’Assemblée nationale, hier 5 novembre 2019, à un an des élections présidentielle et législatives de 2020. Pourquoi ?
Daouda Simboro (D.S.) : Ma démission tenait principalement à deux ou trois raisons. La première raison, c’était planifié depuis longtemps que je quitterai l’Assemblée nationale. Initialement, j’avais prévu de ne pas faire plus de deux ans et je l’avais notifié à mon employeur, à mes camarades avec qui nous avons battu campagne à travers la province de la Kossi pour briguer le mandat électoral. J’ai dû remettre ma démission à plus tard, parce que le groupe parlementaire était à sa création. La deuxième raison, c’est que le mandat n’est pas à moi seul et il était nécessaire pour moi de voir d’autres possibilités en dehors du statut de député à l’Assemblée nationale qui est tout de même contraignant. Je ne fuis pas la contrainte. La troisième raison est que nous sommes dans une situation assez ambiguë à l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et une clarification était nécessaire. Une fois que je n’ai plus la charge du mandat, je pourrai m’exprimer plus facilement et plus librement et éventuellement prendre la mesure d’avoir d’autres ambitions.

S. : Vous considérez-vous toujours comme un militant de l’UPC ?
D.S. : Jusqu’à preuve de contraire, je détiens encore ma carte de militant de l’UPC, même si les relations avec les premiers responsables du parti se sont compliquées dès l’avènement du groupe parlementaire Renouveau démocratique, le 4 octobre 2017. Aucun membre du groupe n’a reçu son exclusion du parti. A priori, nous restons militants de l’UPC, même si chacun à son niveau s’est plongé dans une stratégie d’évaluation de la situation, pour déterminer sa position future. Pour ce qui me concerne personnellement, les prochains jours vont être déterminants parce que je tiens à boucler une série de rencontres et d’échanges que j’entrevois et à l’issue, je me prononcerai clairement.

S. : Doit-on sous-entendre votre prochaine démission de l’UPC ?
D.S. : Ma démission fait partie de l’ordre des choses. Parce que si je vois que de façon définitive et irréversible le point de non-retour est atteint, je démissionnerai. Mais pour l’instant, je n’en suis pas à là. Quand on est dans une situation telle que la mienne, on n’est pas seul. Il y a mon parti qui est une entité, plus moi-même qui suis l’autre entité. Moi je peux vouloir une certaine flexibilité que l’autre parti ne voudra pas et vice-versa.

S. : Quelle est la destination de Daouda Simboro après cette démission ?
D.S. : Je retourne à mes anciennes amours, c’est dire au métier de banquier que j’exerçais avant de venir à l’Assemblée nationale. J’ai deux possibilités. Je pourrai aller dans une nouvelle banque ou retourner dans mon ancienne banque.

S. : Vous étiez 13 députés qu’on appelle «frondeurs» de l’UPC. Doit-on s’attendre à la démission des 12 autres députés membres du Groupe parlementaire Renouveau démocratique ?
D.S. : Leur démission de l’Assemblée nationale est de leur responsabilité. Je ne peux pas le savoir, parce qu’on n’en a pas parlé. J’ai eu déjà du mal à leur signifier ma démission de l’Assemblée nationale. Pour vous dire la vérité, certains l’ont prise comme un abandon et d’autres ma démission ont comprise. En toute circonstance, je prends mes responsabilités et j’assume. C’est irréversible et je suis parti. Leur avenir leur appartient. Pour ma part, je resterai assez proche d’eux s’ils le veulent.

S. : Il vous est attribué la paternité du Mouvement pour un Burkina du Futur (MBF). Qu’en est-il exactement ?
D.S. : Je ne suis pas père du MBF. Je ne peux pas renier le fait de connaitre le premier responsable du parti ou d’avoir été au courant, bien avant la création du parti. Parce que le secrétaire général du BMF (Halhassane Sinaré, ndlr) est un ami depuis l’université. C’est un ami comme beaucoup d’autres de partis politiques comme Eddie Komboïgo du CDP, Me Bénéwendé Sankara de l’UNIR/PS, Zabré Edouard du FFS, Tambi Kaboré du PPR, Elysée Kiemdé de l’URD. Ce n’est pas pour autant que je suis dans leurs partis. Aujourd’hui, je choisirai librement ma destination.

S. : Doit-on s’attendre à votre retour prochain en politique, étant donné que 2020 n’est plus loin ?
D.S. : J’ai médité sérieusement sur mon avenir à savoir s’il faut continuer, arrêter ou faire autre chose. Je pensais même aller dans le sens d’une Organisation de la société civile (OSC). Pour l’instant, la balance penche vers la politique, parce que je nourris un rêve pour la jeunesse de ce pays.

S. : Dans votre réflexion, vous est-il arrivé d’avoir un penchant pour le parti au pouvoir, le MPP ?
D.S. : Pas du tout. Je ne suis pas contre le MPP, mais je n’ai jamais pensé un seul instant, rejoindre le MPP. Ce n’est pas que je n’en ai pas l’opportunité, mais je dois être cohérent envers moi-même. Quand je parle de réflexion, cela ne veut pas dire que je ne sais pas vraiment où aller. J’ai une autre aspiration et une manière de voir l’évolution de la situation politique nationale.

S. : Avec ce flou que vous entretenez, vos électeurs de la Kossi ne se sentiront-ils pas abandonnés à un moment donné dans la bataille pour l’électorat ?
D.S. : C’est légitime de penser ainsi, parce que beaucoup de gens ont découvert ce que je faisais dans la Kossi dès l’entame de mon mandat de député. Mais pour ceux qui sont dans la province, ils ont pu se rendre compte que bien avant que je ne sois élu, j’ai commencé à me pencher sur la situation de la jeunesse et de la femme dans la mesure de mes moyens.
Même avec ma démission, je rassure la population de la Kossi quant à mon engagement à rester à leurs côtés. Elle aura aussi l’occasion de me voir dans une autre posture, celle de l’ancien député. Je quitte l’Assemblée nationale mais je ne resterai pas loin de la politique et des populations. C’est un engagement et je ferai tout pour assurer ma responsabilité sociale et humanitaire tant que Dieu me donnera la force et la santé.

S. : Le député-maire de Djibo, Hamadou Dicko a été assassiné par des hommes armés non identifiés. Quel commentaire en faites-vous ?
D.S. : Hamadou Dicko est un grand frère, pour qui j’avais un profond respect. C’est avec tristesse que j’ai appris son lâche et odieux assassinat et je lui ai rendu hommage sur les réseaux sociaux et dans ma lettre de démission adressée au président de l’Assemblée nationale. Son assassinat montre aujourd’hui l’ampleur de la situation que nous vivons. Je demande aux uns et aux autres, de se rappeler véritablement qu’ils ont l’obligation morale d’aimer leur patrie. Parce que c’est nous qui avons permis à la situation de s’étendre de cette façon. Rapidement, certains se sont acharnés sur le gouvernement et particulièrement sur le président du Faso, en indexant son incapacité à gérer la situation. Dès les premiers instants, ils ont oublié que la nature de la menace n’est pas le fait d’un individu, fut-il président du Faso, mais de l’ensemble de la population. Quand on dit qu’on compte sur les Forces de défense et de sécurité (FDS) à qui on refuse de donner l’information, elles vont avancer à l’aveuglette sans être efficaces. La population, les gouvernants, la hiérarchie militaire doivent mettre à leur disposition, toutes les ressources indispensables à leur efficacité. Il ne faut pas qu’on fasse du saupoudrage, mais plutôt qu’on prenne en charge de façon décisive la question sécuritaire avec l’implication de tous. Aux politiciens et à certaines OSC, l’urgent aujourd’hui c’est d’assurer une victoire collective sur le terrorisme et l’insécurité. C’est après cela que nous pouvons nous trouver sur le champ politique. Parce que si la situation se dégrade, elle ne profitera à personne. J’ai la conviction que si on demandait au président Roch Marc Christian Kaboré de faire le choix entre son fauteuil présidentiel et la protection de la vie d’un seul Burkinabè, il choisira la vie humaine.
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