Le M21 et le Cadre d’expression démocratique (CED) sous le sceau de la Coordination des OSC pour la patrie (COP) ont animé une conférence de presse, le vendredi 25 octobre 2019 pour donner leur lecture de la situation nationale. Selon ces deux OSC jadis antagonistes, «notre pays traverse la période la plus sombre et difficile de son histoire» et la résolution de cette situation passera nécessairement par une réconciliation nationale.
«Cette conférence marque l’union sacrée du CED et du M21», a confié de prime abord Pascal Zaïda, coordonnateur du CED, pour revenir sur le fait que les deux organisations, il y a quelques temps avaient des opinions divergentes. Selon lui, cette union entend préserver la stabilité du pays, mise aujourd’hui à rude épreuve. Cette entente entre le CED et le M21 se veut être également la matérialisation de l’appel à un retour à l’humilité et au réalisme. «Nous deux ensemble, c’est un premier pas. C’est Hervé Ouattara du CAR qui nous a réconciliés. C’est Marcel Tankoano qui m’a réconcilié avec Lopez. Avec les autres comme Samsk le Jah, Smockey, nous avons jugé nécessaire de nous mettre ensemble pour l’intérêt de ce pays», a poursuivi Pascal Zaïda. Revenant sur la situation nationale, il laissera entendre qu’au Burkina Faso tous les signaux sont au rouge, et cela implique, un système sécuritaire quasi défait du fait des attaques terroristes permanentes, des maux tels que la fronde sociale, la grogne sous-jacente dans le secteur privé et la crise dans le secteur de l’enseignement, etc. A cela, il ajoutera la détérioration de l’économie et du climat social avec une crise de la cohésion sociale marquée par des sentiments d’exclusion et de stigmatisation de concitoyens. «Des hommes politiques désunis, des acteurs civils en conflit permanent, une transition difficile, des exilés politiques à la peine, une justice qui ne songe pas à jouer son rôle de conservateur des fondamentaux de l’unité nationale», explique le coordonnateur du CED. Toujours d’après lui, les questions politiques ne doivent pas être au-dessus de l’unité nationale. M. Zaïda invite le Burkina à s’inspirer de l’expérience sénégalaise. «On peut l’expérimenter ce qui s’est passé au Sénégal, au Burkina Faso d’autant plus qu’il n’y a pas d’animosité entre les exilés et ceux qui sont là aujourd’hui. Nous voulons que les deux ou trois mois qui nous restent, que nous puissions enterrer la hache de guerre. Si le président Kaboré peut lui-même aller en Côte d’Ivoire chercher Blaise Compaoré pour venir au Burkina, car nous voulons que les Burkinabè se parlent», souligne-t-il. Et de préciser, que les questions de cohésion nationale, d’unité nationale et de paix, reposent sur des fondamentaux. «Il s’agit d’abord de la volonté du président Kaboré, ensuite de la volonté du président Compaoré, de Yacouba Isaac Zida, du CFOP et du MPP», estime Pascal Zaïda. S’exprimant sur la situation sécuritaire du pays, le président du M21, Marcel Tankoano, quant à lui dira que : «la mort n’émeut plus personne. Nous sommes arrivés à un point où on banalise la vie humaine. La situation est très grave.
Elle est tellement grave que nous n’avons plus un certain nombre d’informations. Ce qui se passe aujourd’hui à Kongoussi et Barsalogho est inadmissible dans un Etat souverain». En somme, les initiateurs de la conférence de presse, diront en conclusion, que dans les jours à venir, ils engageront des pourparlers avec l’ensemble des acteurs du pays, dans le cadre de la cohésion sociale et de l’unité nationale.