Dans ce communiqué de presse, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) fait l’état de l’augmentation du nombre de déplacés au Burkina Faso et de l’importance de la mise en œuvre de la convention de Kampala, instrument juridique de protection desdites personnes.
Cette année, le nombre de personnes obligées de quitter leur foyer du fait de la violence atteint des records au Burkina Faso, tandis qu’il y a dix ans, des États membres de l’Union africaine se dotaient d’un cadre juridiquement contraignant pour protéger et secourir les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, devenant les premiers pays au monde à adopter un tel instrument.
L’augmentation du nombre de déplacements dans cette nation d’Afrique occidentale nous rappelle pourquoi un tel cadre juridique est indispensable.
En 2019 au Burkina Faso, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays est passé de 80'000 au début de l’année à près d’un demi-million à la mi-octobre, soit une augmentation de 507 %, selon les chiffres de l’ONU.
« Les personnes déplacées comptent parmi les plus vulnérables. Les familles vivent souvent dans des communautés d’accueil, qui manquent parfois cruellement de ressources. Les personnes déplacées peuvent passer inaperçues dans ces environnements, et les organisations humanitaires ont parfois du mal à entrer en contact avec elles », explique Patrick Youssef, directeur régional adjoint du CICR pour l’Afrique.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) demande aux États de prendre des mesures plus concrètes pour améliorer le sort des personnes déplacées en Afrique en ratifiant et en mettant en œuvre la Convention de l’Union africaine sur la protection et l’assistance aux déplacés internes en Afrique, connue sous le nom de « Convention de Kampala ».
« L’Afrique a établi la norme en se dotant du premier cadre juridique au monde destiné à aider et à protéger les personnes déplacées à cause d’un conflit, d’une autre situation de violence ou d’une catastrophe naturelle. Il est important que les pays ratifient la Convention et prennent des dispositions concrètes pour améliorer le bien-être des personnes déplacées », indique Patrick Youssef.
En 2018, l’Afrique subsaharienne a enregistré quelque 7,4 millions de nouveaux déplacements dus aux conflits et à la violence, et 2,6 millions en lien avec les catastrophes naturelles, selon les chiffres communiqués par l’Observatoire des situations de déplacement interne.
La Convention de Kampala a été adoptée le 23 octobre 2009 et est entrée en vigueur en 2012. Elle représente toujours un grand pas en avant pour réaffirmer les obligations incombant aux États de prévenir les déplacements internes et d’apporter une protection et une assistance aux personnes déplacées.
Au total, 28 des 55 États membres de l’Union africaine ont ratifié le traité, et 40 l’ont signé.
De nombreux États ont adopté des lois et des politiques nationales visant à mettre en œuvre ses dispositions ou sont en passe de le faire. Plusieurs États ont créé des instances gouvernementales pour coordonner les secours d’urgence et pris des initiatives concrètes qui ont amélioré les conditions de vie des personnes déplacées au sein des communautés. « En dépit des progrès réalisés, il faudra déployer davantage d’efforts pour que les aspirations de la Convention de Kampala deviennent réalité », conclut Patrick Youssef.