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Gestion des crises au CDP et au FPI : la Leçon de Blaise COMPAORE à Laurent GBAGBO

Publié le lundi 21 octobre 2019  |  NetAfrique.Net
Blaise
© Reuters par Thomas Mukoya
Blaise Compaoré à Addis-Abeba lors d`un sommet de l`Union africaine, le 28 janvier 2011.
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Deux cas de figures similaires, pour deux personnages qui se connaissent plutôt bien, avec deux méthodes complètement différentes. Evincé du pouvoir d’état en Avril 2011, suite à une éprouvante crise postélectorale qui se sera soldée par plus de 3.000 morts, Laurent GBAGBO, aujourd’hui admis en résidence surveillée à Bruxelles en Belgique dans l’attente du verdict final de son procès qui dure depuis plus de 7 ans, affiche clairement ses ambitions politiques en se positionnant à la tête d’une faction dissidente de son parti, qualifiée de fronde par son ancien Chef de gouvernement, en vue de la reconquête du pouvoir d’état en Octobre 2020.

‘’L’échec de la rencontre entre les deux challengers de la ‘’République frontiste’’ est la conséquence logique de cette hostilité nourrie’’

En effet, depuis la sortie de prison de Pascal Affi NGUESSAN en Août 2013, suite au conflit armé né de la crise postélectorale de 2011, les rivalités sous-jacentes entre les barons de l’ancien régime ont commencé à poindre du nez. Face à la volonté ostensible du Président en exercice du Front Populaire Ivoirien, FPI, Pascal Affi NGUESSAN de relancer l’ex parti au pouvoir dans l’arène électorale, en l’absence physique du fondateur du parti et ex-chef d’état Laurent GBAGBO, d’autres cadres du parti, menés sur le terrain par l’ancien Ministre des affaires étrangères, Aboudramane SANGARE, soutenu par des figures emblématiques de la trempe de Michel GBAGBO, Sokoury BOHUI ou encore Justin Koné KATINA en exil au Ghana, choisiront la voie de la dissidence. Cette rupture sera consacrée avec l’organisation le 30 Avril 2015 du fameux congrès extraordinaire de Mama, (village natal de Laurent GBAGBO) au cours duquel l’ancien Chef d’état, sera désigné candidat à la présidentielle de 2015, en dépit de son incarcération à la prison de Schevningen à la Haye au Pays-Bas, où il était poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité par la Cour Pénale Internationale. Dès lors, les positions se crispent. Et les anciens camarades de lutte des années de braise de la transition démocratique en Côte d’Ivoire se livrent à une guerre sans merci, pour le contrôle effectif du parti. Derrière, Aboudramane SANGARE et sa cohorte, l’opposant historique à HOuphoüet-BOIGNY, Laurent GBAGBO, qui depuis sa cellule, semble à tout point de vue, en phase avec la fronde. Le FPI se noie progressivement dans le bourbier de la division. Aucune négociation possible ne semble être en mesure de concilier les positions, même pas d’atténuer la crise. Et les choses ne vont pas s’arranger non plus avec la sortie de Simone GBAGBO, l’épouse légale de l’ex-Président, elle aussi, relâchée entre-temps en Août 2018, qui prendra ouvertement fait et cause pour ceux que les observateurs de la vie politique Ivoirienne, affubleront du sobriquet de GOR, pour dire, GBAGBO Ou Rien. L’échec de la rencontre de Bruxelles entre les deux challengers de la ‘’République frontiste’’, Laurent GBAGBO et Affi NGUESSAN, ne sera que la conséquence logique de cette hostilité constamment nourrie.

‘’Le leadership de Blaise COMPAORE semble s’avérer payant’’

Parallèlement au Burkina Faso, l’ancien Président, Blaise COMPAORE se voit confronté à une crise interne des plus lourdes entre les différents blocs d’intérêts de son parti, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès, CDP. Au cœur de ce conflit, une guerre de tranchées entre les camps rivaux qui tentent chacun de positionner leurs leaders pour reprendre les clés de Kosyam, (Palais présidentiel de Ouagadougou), 5 ans après la chute du régime COMPAORE en Octobre 2014, suite à une révolte populaire suscitée par le projet très controversé de révision de la constitution à des fins électoralistes. La branche légale incarnée par Eddie KOMBOIGO, élu à la tête du parti déchu, en Mai 2018 après plusieurs années d’intérim et celle menée par l’ancien Président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré OUEDRAOGO, se sont engagées dans une lutte fratricide, qui a conduit en Septembre dernier, à la radiation des principales figures de la dissidence, à la base de poursuites judiciaires enclenchées contre la direction du parti. Remarquablement discret depuis le début de son exil en Côte d’Ivoire, le fondateur du CDP, Blaise COMPAORE a littéralement repris les choses en main en convoquant dans la deuxième semaine du mois d’Octobre, les factions rivales de son parti, pour tenter, non pas de revenir au devant de la scène, mais de recoller les morceaux et forcer l’unité au sein d’une formation politique qui aura dirigé le Faso, pendant deux décennies, de 1994 ( année de la création du CDP) à 2014. Le leadership de l’ancien Chef d’état, semble s’avérer payant, puisque toutes les parties concernées, au sortir du conclave d’Abidjan, qui se sera par ailleurs déroulé, loin des projecteurs des médias, ont effectué un rétropédalage spectaculaire dans leurs trajectoires. Le Président en exercice du parti, Eddie KOMBOIGO s’est résolu à rapporter toutes les sanctions prises à l’encontre des dissidents, qui en retour, se sont engagées à mettre fin à leurs escapades judiciaires. S’il est vrai que comparaison n’est pas toujours raison, comme le dit l’adage, le recul de Blaise COMPAORE qui préfère visiblement camper dans son rôle de Président d’honneur du parti, pour jouer la carte du changement, tout en restant le maître du jeu, ressemble à une stratégie hautement élaborée, pour s’assurer une revanche durable sur l’histoire.

L’attitude de l’ex-N°2 du Conseil National de la Révolution, CNR, dénote à l’évidence d’une maturité politique qui reste un cas assez rare en Afrique. En évitant de se positionner en protagoniste, l’époux de Chantal COMPAORE fait une fois de plus montre de ses qualités de médiateur, qui auront réussi à atténuer bien de conflits dans la région. Pour un homme dont l’avidité pour le pouvoir avait été longtemps décriée, du fait de sa longévité au Palais de Kosyam, la posture actuelle paraît plutôt surprenante. Renoncer à ses ambitions présidentielles, pour valoriser la relève, malgré le dévouement apparent de ses camarades de lutte, c’est peut-être en cela que ‘’le beau Blaise’’, comme on le surnomme sur les bords de la Lagune Ebrié, tire son mérite.

Pour l’heure, l’ancien Président Ivoirien, Laurent GBAGBO semble, par contre, déterminé, à refaire surface politiquement. Un euphémisme pour décrire la condition mentale dans laquelle se trouve actuellement le nouvel allié d’Henri Konan BEDIE, qui n’attend plus que le ‘’OK’’ de la CPI, pour débarquer en candidat potentiel à Abidjan et remobiliser ses troupes en vue de la présidentielle de 2020. Deux visions totalement éloignées de la gestion de l’avenir politique et à un certain niveau…de l’intérêt suprême de leurs pays respectifs.
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