Lors d’un entretien accordé à nos confrères du journal Le Quotidien, le président du comité exécutif de la Fédération burkinabè de football s’est exprimé sur les coulisses de la nomination du sélectionneur national Kamou Malo. Voici in extenso l’entretien !
Le 23 juillet 2019, Kamou Malo a été désigné presqu’à la surprise générale sélectionneur national. Quelles sont les raisons qui ont motivé ce choix ?
Sita Sangaré : Il n’est pas un secret qu’après notre contreperformance à la dernière édition de la Coupe d’Afrique des nations en Egypte, il fallait prendre des décisions assez fortes. Il y a un certain nombre d’observations qui avaient été faites qui ne sont pas forcément les plus pertinentes. Mais, il a semblé, en tout cas aux yeux des membres du comité exécutif, opportun de changer l’encadrement technique de l’équipe nationale A afin de provoquer une sorte d’électrochoc et voir ce que cela allait donner.
L’autre raison qui nous semble assez logique est que le contrat de l’entraineur sortant, Paulo Duarte, arrivait à échéance. Et comme tout contrat qui arrive à échéance, il faut faire un examen pour voir s’il va être reconduit ou non. A ce niveau également, le comité exécutif a estimé que les objectifs qui avaient été assignés à l’encadrement de Paulo Duarte, qui consistait à assurer notre qualification pour la phase finale de la CAN et également, si possible, pour la Coupe du monde, n’avaient pas été atteints. En conséquence, il convenait de ne pas renouveler son contrat à l’échéance du 31 juillet 2019. Ce sont entre autres raisons qui ont conduit au non renouvellement du contrat de Paulo Duarte et au choix porté vers un autre entraineur en l’occurrence Kamou Malo.
Monsieur le président, permettez-moi de revenir à la charge. Qu’est-ce qui a milité en faveur du choix de Kamou Malo parmi les nombreuses candidatures parvenues à votre bureau ?
Au niveau du comité exécutif, nous avons fait résolument le choix de l’expertise locale au niveau de nos autres catégories en dehors de l’équipe fanion. Nous nous sommes dit qu’il y avait un certain nombre de raisons qui faisaient que pour l’instant la situation n’était pas favorable pour qu’on désigne un entraineur local à la tête de notre équipe fanion et qu’il fallait attendre. Comme je le disait en début d’interview, après la non-qualification à la phase finale de la CAN Egypte 2019, nous avons voulu provoquer un électrochoc. Cet électrochoc pour nous était de passer par une décision forte comme celle de nommer un encadreur national.
L’homme a un caractère assez trempé et est réputé pour être difficile à gérer. Cela ne vous fait pas peur ?
C’est plutôt pour nous des atouts puisque nous étions justement à la recherche d’un homme de caractère. Je l’ai dit et je le répète, il fallait un électrochoc. Or pour qu’il y ait un électrochoc, il faut qu’il y ait un chef d’orchestre assez ferme qui puisse diriger la troupe. Je puis vous assurer qu’une équipe nationale a besoin d’hommes de caractère. Vous vous imaginez que ceux qui viennent à l’équipe nationale sont naturellement les meilleurs de leurs clubs. Dans ce cas, il faut savoir gérer les égos alors que pour gérer les égos, il faut quelqu’un qui ait la main assez ferme. Nous nous sommes alors dit que si nous devons prendre un local, il faut que cela soit vraiment quelqu’un qui puisse être au-dessus de la mêlée. Entre autres arguments qui faisaient qu’il y avait de la réticence à nommer un entraineur local, c’est justement les doutes que les gens avaient à un certain moment sur la possibilité pour un encadrement local de pouvoir se mettre au-dessus de la mêlée et de pouvoir gérer ces différents égos. Il fallait donc faire attention à pouvoir amener quelqu’un qui puisse nous ôter ce doute.
La première sortie de Kamou Malo s’est soldée par une victoire, un nul et une défaite en trois matches amicaux. Comment le comité exécutif de la FBF juge-t-il cette première sortie ?
Quand vous faites le bilan tel que présenté, à savoir une victoire, un nul et une défaite, c’est juste. Mais, nous n’avons pas cette même lecture de la situation parce qu’au niveau du comité exécutif, nous avons fait ce débriefing de cette sortie au Maroc. Nous en étions très largement satisfaits. Je dois dire que c’est peut-être pour la première fois que nous avons vu un coach faire venir un certain nombre de joueurs pour des matches amicaux et qui les fait tous jouer. Je dis bien tous jouer. L’objectif pour le coach, c’était de voir à l’œuvre ses joueurs. Je rappelle que, initialement, nous devrions jouer contre le Maroc en double confrontation avec d’abord l’équipe A ensuite l’équipe CHAN. La Libye nous a approché pour nous dire quelle serait au Maroc dans la même période et qu’elle souhaitait jouer contre nous. Nous avons approché le coach qui a dit que c’était une excellente opportunité pour lui de faire tourner son effectif et de voir tout le monde. C’est pour cela que je disais que lorsqu’on parle de la défaite, pour moi c’est presque anecdotique parce que Kamou Malo a fait jouer ce qu’on peut appeler son équipe type contre l’équipe A du Maroc. Les deux autres formations étaient en quelque sorte des équipes à peu près bis qui ont affronté la Libye et l’équipe CHAN du Maroc. On peut même dire que c’est pratiquement notre équipe bis qui a battu l’équipe A de la Libye. Notre équipe A a fait jeu égal avec le Maroc et une autre équipe bis s’est inclinée de justesse, puisque le but a été marqué vers la fin du match, contre l’équipe CHAN du Maroc. Au finish, c’est plutôt pour nous des motifs de satisfaction. Il était important que le coach essaie de changer cette habitude qui consiste à faire venir des joueurs et à ne pas les faire jouer. Tous les jeunes qui avaient été convoqués ont eu leur chance, notamment au poste de gardien de but nous avons été heureux de voir la très grande forme et la très grande classe du jeune Kylian Nikiéma qui a gardé les perches pour le premier match contre la Libye. Nous avons vu que Hervé Koffi gardait tous ses réflexes s’il ne s’est pas bonifié à l’occasion de la rencontre contre l’équipe A du Maroc. L’actuel gardien de l’équipe nationale CHAN qui a gardé les cages contre l’équipe locale du Maroc a fait preuve d’une grande maitrise dans ses perches malgré le but encaissé en fin de match. Donc, au niveau du comité exécutif nous sommes pleinement satisfaits de cette sortie.