Ceci est une déclaration du Balai citoyen suite à la non autorisation le 12 octobre 2019 de la marche anti-impérialiste. Lisez !
« A l’occasion de la 4e édition des Journées anti-impérialistes organisées par l’Organisation Démocratique de la Jeunesse (ODJ) du Burkina Faso en collaboration avec d’autres organisations et syndicats sous le thème « Impérialisme et terrorisme en Afrique : causes et perspectives pour les peuples en lutte pour leur libération nationale et sociale », les organisateurs, conformément à l’article 10 de la loi n°022/97/11/AS portant liberté de réunions et de manifestations sur la voie publique du 21 octobre 1997 ont soumis une déclaration au maire de la Commune de Ouagadougou pour une marche qui devait avoir lieu le samedi 12 octobre 2019.
En guise de réponse, l’autorité s’est fendue d’un accusé de réception dans lequel elle prétexte le contexte sécuritaire et le déploiement des forces de défense et de sécurité sur le terrain, pour juger la manifestation inopportune et, par conséquent, se dit non favorable à la « requête ».
Cette réponse de l’autorité suscite les inquiétudes et les observations suivantes de la part du Balai Citoyen :
1. Le Burkina Faso est un pays de droit et par là les actes, qu’ils soient du fait du citoyen ou de l’autorité, doivent s’inscrire dans la légalité. La manifestation prévue par les camarades de l’ODJ est une manifestation légale en ce sens que la loi n’exclut pas les sujets que d’aucun pourrait considérer comme « tabou ». La réponse de l’autorité, par contre est à caractère illégal car la déclaration soumise n’est nullement une « requête » et donc elle ne saurait prétexter de la non disponibilité des forces de défense et de sécurité pour empêcher cette manifestation publique.
Mieux il n’appartient pas à l’autorité publique de déterminer « l’opportunité » d’une action d’interpellation ;
2. Dans le même contexte sécuritaire, le Balai Citoyen note que des manifestations sur la voie publique allant dans le sens du soutien aux actions du régime en place ont été autorisées et soutenues, il n’y a pas longtemps. Il en est ainsi de la marche-meeting contre le SYNTSHA, tenue le 27 septembre 2019 à Bobo Dioulasso, dans le même contexte de déploiement des forces de défense et de sécurité. Cependant, elle n’a pas été jugée inopportune ;
3. Les velléités du régime en place de restreindre les libertés publiques sont de plus en plus récurrentes. En effet, depuis l’avènement du régime, nous avons assisté à plusieurs actes tendant clairement et honteusement à denier aux peuples le droit fondamental et légitime à la liberté d’expression et à la dénonciation des maux et de la mal gouvernance. A titre d’exemple, des manifestations interdites sans motifs valables et des arguties on ne peut plus ubuesques : on peut citer dans ce sens l’interdiction par le Maire de Ouagadougou de la marche en septembre 2017 du « collectif des Togolais vivant au Burkina Faso », l’interdiction par le Maire de Bobo Dioulasso de la marche des OSC contre la construction de l’hôpital de Bobo dans la forêt classée de Kua en juin 2019 après que les partisans de la destruction de cette forêt aient été autorisés à marcher, l’arrestation en octobre 2017 du coordonnateur du CED pour fait de manifestation non autorisée et, tout récemment, l’interdiction de la manifestation de l’Unité d’Action Populaire (UAP) le 16 septembre 2019 à l’occasion de la journée de mobilisation et d’interpellation.
En la matière, le Balai Citoyen note une dérive progressive, insidieuse et dangereuse du régime vers l’arbitraire et le deux poids deux mesures dans les décisions. Le privilège est accordé aux seuls « vuvuzela » du régime à pouvoir s’exprimer sur la voie publique. Nous l’avons d’ailleurs maintes fois signalés.
Du reste, l’Afrique de façon générale et le Burkina Faso en particulier gagneraient à avoir des domaines de souveraineté qu’ils garderaient jalousement pour n’être esclaves d’aucun peuple. Sont de ces domaines, la « sécurité et la défense territoriale ». Nos Pères à l’indépendance juridique se sont battus pour qu’il n’y ait pas de bases militaires étrangères dans notre pays. Rien ne justifie aujourd’hui la complicité flagrante, des gouvernants actuels, avec l’invasion militaire française au motif de lutte contre le terrorisme dont les résultats ne sont nullement et d’aucune manière, visibles. Nous interpellons à cet effet les Autorités à revoir la forme et le fond de la coopération militaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Aucun pays ne peut confier sa défense à un autre sans être le vassal de celui-ci.
Au demeurant, le Balai Citoyen salue la maturité et l’esprit républicain des organisateurs de la marche de dénonciation de l’impérialisme pour avoir abandonné la marche et s’être déportés devant la juridiction administrative sur l’interdiction du Maire. L’incivisme au sommet de l’Etat est la mère de tous les incivismes et de ses dérivées. Quelle légitimité peuvent se prévaloir des gouvernants qui ne respectent pas la loi, qui exigent le respect de la loi par les citoyens ?
Le Balai Citoyen tient à rappeler aux tenants du régime actuel que les libertés démocratiques acquises par le peuple l’ont été aux prix de nombreux sacrifices et qu’aucune remise en cause de ses libertés, d’aucune façon que ce soit, ne sera tolérée. Ceux qui rêvent d’une autocratie au Burkina Faso ont intérêt à revoir leur copie pendant qu’il est encore temps car nous n’accepterons aucun recul démocratique marchandé sur le dos des intérêts de notre peuple.
Nan Lara, An Sara !
Notre nombre est notre force ! »
Pour le Balai Citoyen, la Coordination Nationale