«Le dossier Thomas Sankara suit normalement son cours et connaît des avancées notables avec des nouvelles inculpations», c’est l’information donnée hier lundi 14 octobre 2019, à l’opinion par le collectif des avocats qui se sont constitués aux côtés des ayants-droit des suppliciés du 15 octobre 1987. 32 ans après cette soirée fatidique qui a interrompu brutalement le processus de la révolution, et quatre ans après la réouverture du dossier par la justice burkinabè et l’inculpation d’une vingtaine de personnes dont Blaise Compaoré et son numéro deux le général Gilbert Diéndéré, le juge est toujours à l’œuvre pour « faire éclater la lumière dans ce dossier aux nombreuses ramifications grâce aux témoignages recueillis lors des auditions.
A en croire, Me Bénéwendé Sankara, porte-parole du collectif d’avocats, l’instruction confiée au doyen des juges a connu une évolution notable à travers un coin de voile qui est en passe d’être levé notamment les pays qui ont d’une manière ou d’une autre trempé dans ce complot.
Ainsi donc, de la réouverture du dossier en mars 2015, à l’exhumation des corps des victimes du coup de force d’octobre 1987 à la déclassification des archives par la France, à l’inculpation de l’ex-président Blaise Compaoré, ce dossier a réellement traversé le temps et l’enquête suit son petit bonhomme de chemin vers la vérité et la justice pour les familles des 13 victimes du 15 octobre 1987. Pour cela, il va falloir une franche collaboration des pays voisins tel que la Côte d’Ivoire, où séjournent deux figures de proue de cette affaire à savoir Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando contre lesquels des mandats d’arrêt internationaux ont été lancés.
C’est connu, le temps de la justice n’est pas celui du citoyen lambda, qui se perd parfois en conjectures dans les méandres des procédures judiciaires. Et c’est peu de le dire. Au pays des hommes intègres, des questions subsistent encore sur l’opportunité de l’exhumation le 25 mai 2015 des restes du père de la révolution et de ses 12 compagnons tombés sous les balles assassines d’un commando venu de Pô dans le Nahouri. A ce jour, les restes sont toujours entre les mains de la justice et l’incompréhension est entière. Les plus superstitieux des Burkinabè font le lien entre les milliers de morts violentes enregistrées à travers le pays et cette action de la justice. C’est-à-dire de cette exhumation au cimetière de Dagnoen de Sankara et ses 12 camarades morts de mort violente. Est-ce vrai ? Nul ne saurait le dire.
Mais sur ce point, le porte-parole du collectif s’est voulu clair. L’exhumation des restes des victimes du coup d’Etat du 15 octobre 1987 a été faite à la demande des familles. Elle visait également à déterminer avec exactitude l’identité des victimes par le biais des tests ADN et balistiques pour les besoins de l’instruction. En attendant donc une éventuelle restitution, il importe de dire que le dossier Sankara cinq ans après la chute de son «frère d’arme» Blaise Compaoré présenté comme le commanditaire de son assassinat n’a toujours pas livré tous ses secrets et un pan important du mystère qui l’entoure reste à élucider. Il va falloir alors patienter et persévérer encore, car comme l’a si bien souligné Me Bénéwendé Sankara, «le dossier Thomas Sankara est compliqué»