Ceci est un résumé des déclarations du porte-parole du HCR Andrew Mbogori – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse du 11 octobre 2019 au Palais des Nations à Genève.
Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, se joint à ses partenaires pour lancer une mise en garde contre la crise humanitaire en cours dans les régions du centre et du nord du Burkina Faso où, chaque jour, la vie de centaines de milliers de civils est perturbée par l’insécurité et la violence. Quelque 486 000 personnes ont déjà été contraintes de fuir à l’intérieur du pays, dont 267 000 au cours des trois derniers mois seulement. De plus, 16 000 autres sont réfugiées dans les pays voisins.
L’escalade de la violence armée cause une situation d’urgence humanitaire sans précédent au Sahel. Lors de notre visite à Kaya, au nord-est de Ouagadougou, et à Barsalogho dans la province centrale de Sanmatenga, nous avons pu constater l’impact dramatique de ces événements tragiques sur la population affectée.
Des milliers de personnes sont en déplacement, épuisées, et tentent de trouver la sécurité dans des familles d’accueil ou sur les sites formels de transit et de voyage. Beaucoup ont été déplacés à plusieurs reprises. Les perspectives de retour immédiat dans leur région d’origine sont faibles. Par conséquent, leurs besoins augmentent ainsi que ceux des familles d’accueil, déjà vulnérables aux crises alimentaires et nutritionnelles dans cette région. Les femmes et les adolescentes sont particulièrement menacées du fait de l’absence de services de santé et d’autres services essentiels.
Les civils que nous avons rencontrés ont enduré des événements effroyables et traumatisants, avec des informations faisant état de plus de 500 morts lors de 472 attaques et opérations antimilitaires menées depuis l’année dernière. On nous a signalé que les services essentiels tels que les soins de santé et l’éducation, ainsi que la liberté de circulation, ont été gravement affectés par les attaques et l’insécurité généralisée.
Actuellement, les 13 régions du Burkina Faso accueillent toutes des personnes fuyant la violence. La région du Centre-Nord accueille le plus grand nombre de personnes déplacées avec plus de 196 000 d’entre elles dans la seule province de Sanmatenga – suivie par la région du Sahel avec 133 000 personnes dans la province de Soum. Quelque 1,5 million de personnes ont aujourd’hui un besoin urgent d’aide humanitaire dans le pays. Par ailleurs nous demeurons extrêmement préoccupés par la situation de 31 000 réfugiés maliens également affectés par le conflit en cours.
Une chose était absolument claire. Les besoins humanitaires augmentent rapidement à mesure que les conflits et l’insécurité continuent de dévaster des centaines de milliers de vies. Les communautés d’accueil sont déjà appauvries et vivent elles-mêmes dans une situation précaire. La nourriture, l’eau, les abris et les soins de santé doivent être organisés et renforcés immédiatement si nous voulons éviter une autre tragédie dans cette tragédie. La malnutrition et la famine constituent une menace réelle.
Nous avons d’urgence besoin de ressources pour lancer une réponse humanitaire coordonnée – une nécessité immédiate pour sauver des vies.
Des groupes armés ont également intensifié les attaques dans des pays voisins du Burkina Faso, au Mali et au Niger. Les régions frontalières de ces trois pays sont de nouveaux foyers de violence. Opérant dans des régions faiblement peuplées et appauvries où les autorités sont peu présentes, les groupes armés se déplacent au-delà des frontières et étendent leur zone d’influence. Les attaques se sont déjà propagées au Bénin en 2019. Au total, 5,4 millions de personnes dans les régions touchées ont besoin d’une aide d’urgence, dont 3,2 millions au Mali et 700 000 dans l’ouest du Niger.
En marge de notre réunion annuelle du Comité exécutif cette semaine, le Haut Commissaire a pris note de la réaffirmation des représentants des gouvernements du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie sur leur engagement à travailler ensemble pour résoudre les problèmes de déplacement, afin que les personnes fuyant la violence puissent rechercher une sécurité sans entrave dans leur propre pays et au-delà des frontières. Ces engagements découlent des conclusions des Dialogues de protection sur le Sahel, organisés à Bamako le mois dernier par le HCR et le Gouvernement du Mali.