Condamné à 5 ans de prison en 2018, l’ex-édile de la ville de Dakar, Khalifa Sall vient de bénéficier, hier de la mansuétude du président de la République du Sénégal.
Macky Sall a signé le décret de grâce totale avant de s’envoler pour Paris pour assister aux obsèques de Jacques Chirac !
Embastillé à la prison de Rebeuss, pour avoir ‘’détourné’’ des deniers de la mairie, cette levée d’écrou due au prince aurait pu susciter des applaudissements et des remerciements. Mais les ouailles de l’enfant terrible de PS, le peuvent-ils ? Lui-même ne ressent-il pas un vide, voire une liberté piégée avec cette libération qui advient après la présidentielle ?
Si lui et l’autre illustre condamné à 6 ans de prison, Karim Wade, se sont battus pour être libres avant l’échéance de février 2019, c’était pour faire pièce aux ambitions d’un second mandat de Macky Sall. Las, ils n’y parviendront pas.
Khalifa Sall avait été élu maire en 2009, révoqué, puis réélu en 2014, il avait été élu député depuis sa geôle de Rebeuss, mandat qu’il perdu de par décision des grands juges de la Cour suprême. Commence alors pour lui, la seule bataille qui vaille : être présent à la présidentielle d’il y a 8 mois. Combat perdu et amertume seront plutôt au rendez-vous.
Cette liberté accordée à l’ancien bourgmestre de la capitale sénégalaise est donc politiquement inutile à bien des égards, car il devra attendre 2024 pour prétendre se mettre sur la ligne de départ de la course pour l’Avenue Léopold Sédar Senghor, le siège de la présidence.
En 5 ans, beaucoup d’eau couleront sur la corniche et le marigot politique sénégalais pourrait connaître une profonde mutation. Macky Sall s’est donné bonne conscience, et il peut dire qu’il a libéré un opposant, mais a-t-il rendu service à ce dernier ? Absolument pas, et sous d’autres cieux, le libéré aurait dû refuser cette grâce qui vient sur le tard. Et se carapacer en prison. Me Abdoulaye Wade pourrait lui donner des leçons en la matière !
Seul lot de consolation, il pourra humer l’air de la liberté, mais politiquement, il demeure enchaîné. A quand celle de Karim Wade autre déchu politique de la République ?