Nous sommes au 267ème jour du drame de Yirgou. Jusqu’à présent, et malgré quelques arrestations, il n’y a toujours pas de justice ni pour les 210 peulhs tués, ni pour le chef de Yirgou et ses compagnons d’infortune. L’Opposition politique exige à nouveau une justice diligente et équitable pour toutes ces victimes. Elle dénonce par ailleurs, une fois de plus, l’ethnicisme et le communautarisme qui connaissent une inquiétante montée au Burkina Faso.
Mesdames et Messieurs, nos échanges de ce jour vont porter sur les sujets suivants :
–les nouvelles du front,
-les concours directs de la Fonction publique,
-la rentrée scolaire 2019-2020,
-la tenue du Forum national de la jeunesse,
-et les propos du ministre de la Fonction publique à l’encontre de la presse.
Mesdames et Messieurs,
Comme tous les Burkinabè, nous avons eu vent de situations peu rassurantes au front. En effet, des informations diffusées premièrement par des activistes ont fait état de conflit ouvert entre un chef militaire et sa troupe à Dédougou, sur fond d’accusation de connivence avec les terroristes. Lors d’échanges avec nos compatriotes vivant à New-York, le Président du Faso a lui-même confirmé les faits selon Netafrique. Je cite les propos du Chef de l’Etat:
« À Dédougou, effectivement suite à l’attaque d’une patrouille qui a vu 5 militaires tués, des éléments se sont un peu rebellés contre leur chef et ont demandé à ce que leur chef de corps soit relevé en considérant qu’il y avait pas beaucoup d’égards à leur endroit. J’ai instruit qu’il soit relevé de ses fonctions et remplacé parce que les éléments qui sont posés sont suffisamment clairs pour ne pas avoir à tourner en rond et se poser des questions »
Au même moment, l’Union police nationale(Unapol) dénonce, je cite, des « velléités de détournement des armes d’un corps par un autre corps. » Elle menace de ce fait de se retirer des zones où l’équipement inadéquat des policiers les aurait rendus moins efficaces.
L’Unapol précise, dans une conférence de presse tenue lundi 23 septembre 2019, que certaines armes réclamées par les unités opérationnelles de police et acquises par le budget du ministère de la sécurité font l’objet d’une rétention par certains de leurs frères d’armes qui refusent obstinément qu’elles soient livrées à la police au motif que celle-ci n’y a pas droit du fait qu’elle est paramilitaire.
L’opposition regrette ces situations qui ne sont pas de nature à faciliter le combat contre les ennemis. En rappel, le 23 août passé, un mouvement d’humeur avait éclaté au camp Guillaume de Ouagadougou. Tous ces faits montrent qu’il y a un malaise au sein de notre armée. Sans entrer dans des considérations d’ordre technique, l‘Opposition estime que le Président du Faso et la hiérarchie militaire doivent travailler à rassurer la troupe et à les galvaniser. Car, en pareille situation, l’ennemi travaille à diviser nos combattants et à semer le doute en eux.
L’Opposition réaffirme son plein soutien à nos FDS. Que Dieu et les ancêtres veillent sur eux, au front et partout !
Chers journalistes,
Le mercredi 18 septembre dernier, le ministère de la Fonction publique a officiellement lancé les épreuves des concours directs de la Fonction publique session 2019. Plus de 1.200.000 candidats sont inscrits pour 5.892 postes, soit un poste pour 211 candidats. L’Opposition voudrait, à travers vos colonnes et antennes, souhaiter bonne chance et beaucoup de courage à l’ensemble des candidats.
Il faut noter qu’en 2018 déjà, le Gouvernement du MPP et de ses alliés avaient pris la décision de réduire les recrutements dans la Fonction publique de 40%. Ainsi, de plus de 11.096 postes en 2017, l’on est tombé à 6.668 postes en 2018, avant de chuter à 5.892 postes cette année. En clair, par rapport à 2017, le MPP a réduit de 47 pour cent le nombre de postes à pourvoir cette année dans la Fonction publique par concours direct. Ce, sans avoir créé des conditions d’auto-emploi, et sans avoir apporté des réformes nécessaires à la formation académique et professionnelle.
Voici-là des attitudes d’un Gouvernement de socio-démocrates qui n’a rien de social et qui n’agit pas en démocrate.
Pour l’Opposition, cette question de l’emploi des jeunes et une extrême urgence. On ne peut pas continuer à produire des diplômés et des professionnels qualifiés, si on leur ferme toutes les portes pour se réaliser (Fonction publique, privé, auto-emploi). La question de l’emploi est une véritable poudrière. Et, ce n’est pas le régime en place qui l’ignore, lui qui, lors de la campagne pour les élections de 2015, avait promis le plein emploi aux jeunes dès ses six premiers mois au pouvoir.
Il est temps que les autorités fassent un diagnostic sérieux du système d’éducation et d’enseignement, ainsi que de la formation professionnelle au Burkina Faso, pour en déceler les profondes insuffisances et lui donner une nouvelle orientation. L’Opposition politique est prête à s’associer de bonne foi à toute réflexion sur la question, dans le but de désamorcer cette bombe du chômage des jeunes.
Chers amis de la presse,
Dans le domaine de l’Education, la situation est tout aussi critique. En effet, selon les chiffres du Ministère de l’Education nationale, à la date du 21 juin 2019, 2152 écoles primaires ont été fermées temporairement pour des raisons de sécurité. Le Ministère déclare que l’insécurité a affecté près de 300. 000 élèves répartis dans la région de l’Est, du Centre-Est, du Centre-Nord, du Nord, de la Boucle du Mouhoun et du Sahel. Au même moment, 96 écoles sont occupées par des déplacés internes, et 9000 élèves sont également en situation de déplacés internes.
A l’orée de la rentrée scolaire 2019-2020, l’Opposition politique s’inquiète fortement du sort réservé à ces élèves, à leurs enseignants et à leurs parents.
Le Gouvernement n’a pas été en mesure de proposer et de mettre en œuvre une stratégie de sécurisation et de réouverture des écoles, et un processus de normalisation du cursus des élèves déplacés. Si l’on continue à naviguer ainsi à vue à une semaine de la rentrée, nous risquons d’assister malheureusement à une nouvelle vague de fermeture d’écoles.
C’est pourquoi l’Opposition invite une fois de plus le Gouvernement à mettre tout en œuvre pour sécuriser les zones attaquées et permettre la réouverture des classes. Les 300.000 élèves qui ne partent plus à l’école, si on les abandonne sans solution palliative, risquent de constituer un vivier de recrutement pour les ennemis de la Nation.
Chers journalistes,
Restons dans le même registre de la Jeunesse. L’édition 2019 du Forum national des jeunes a eu lieu à Bobo-Dioulasso du 18 au 21 septembre derniers. Ledit forum a regroupé environ 2000 jeunes sous le thème : « Rôle et responsabilité de la jeunesse dans l’édification d’une nation unie, prospère et émergente dans un contexte de lutte contre l’insécurité ».
Pour l’Opposition, l’idée de la reprise de ce Forum des jeunes est bonne en soi. De même, le thème était d’une pertinence incontestable. Seulement, il fallait rompre avec les anciennes pratiques qui entachaient la crédibilité et remettaient en cause l’utilité de cette rencontre nationale. Malheureusement, le régime du MPP a recopié les erreurs du passé, et a même fait pire. L’édition 2019 n’a été qu’une foire de retrouvailles pour battre campagne auprès d’une certaine jeunesse convoyée opportunément sur place.
Au lieu d’échanges francs et fructueux devant aboutir à des recommandations fortes et à des projets de réformes et lois en faveur des jeunes, l’on a assisté à des discours construits à l’avance pour plaire aux princes du moment. En quoi ce forum a été bénéfique à la jeunesse burkinabè ? L’Opposition estime que pour les prochaines éditions, il faut éviter les récupérations politiques et travailler à rassembler les représentants des jeunes sans couleurs politiques.
Mesdames et Messieurs, pour terminer,
Le ministre de la Fonction publique, M. Séni OUEDRAOGO, a tenu le 16 septembre dernier, des propos qui n’honorent pas sa fonction, et qui sont attentatoires à l’image de la Presse et des travailleurs.
En effet, lors du panel organisé à la faveur du 4ème anniversaire du Putsch manqué, le ministre en question s’est prononcé sur les mouvements d’humeur en cours dans son département.
Monsieur le ministre a notamment dit, je le cite « je n’écoute pas la radio, je ne lis pas de journal du Burkina. J’avance. » Il a également étalé son dédain pour les auditeurs de certaines radios de la place. Ceci est une grave insulte à la presse nationale et aux citoyens burkinabè.
Mais le manque de respect du Ministre s’étend même aux autorités qui l’ont nommé. Je le cite encore : “ Moi je n’ai pas peur de ne plus être Ministre. Si on m’a enlevé même, on m’a arrangé“.
Dans un contexte où le front social est en ébullition, le Ministre de la Fonction publique devrait faire économie de ces propos. Il devrait plutôt chercher à instaurer un dialogue permanent et sincère avec les partenaires sociaux. Mais hélas ! Le Ministre n’a pas tiré leçon de l’échec de la remise à plat des salaires, et des conséquences de l’arrogance sur la conduite du dialogue social.
Monsieur le Ministre Séni OUEDRAOGO doit présenter ses excuses à la presse, aux citoyens burkinabè et aux partenaires sociaux pour avoir tenu à leur endroit ces propos discourtois et, à la limite insultants.
C’est tout pour la déclaration liminaire. Merci pour votre constante attention !