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Etats- Unis : le président du Faso à cœur ouvert avec ses compatriotes

Publié le jeudi 26 septembre 2019  |  Sidwaya
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© Présidence par DR
Le président du Faso face aux Burkinabè de New York : « nous sommes dans un combat difficile certes, mais nous en sortirons victorieux pour l`intérêt de la nation entière »
24 septembre 2019. New York. Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré s’est entretenu dans la soirée d’hier lundi, avec ses compatriotes vivant à New York.
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Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a échangé le lundi 23 septembre 2019 à New York avec ses compatriotes vivant aux Etats- Unis d’Amérique.

Trois heures d’horloge ; c’est le temps qu’il a fallu au Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, dans la soirée du lundi 23 septembre 2019 à New York, en marge des travaux de la 74e Assemblée générale des Nations Unies, pour informer ses compatriotes résidant aux USA de la situation nationale et répondre en retour, à leurs préoccupations. Dans son mot de bienvenue, l’ambassadeur du Burkina Faso à Washington, Seydou Kaboré, a signifié au chef de l’Etat que depuis sa dernière rencontre avec ses compatriotes en 2017, la communauté burkinabè est restée «très active». «Nous avons réussi à installer quatre délégués CSBE (Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger) sur 5 et avons consolidé les acteurs du monde des affaires», a-t-il souligné. Pour le diplomate, il y a des Burkinabè dont il faut être fier aux USA parce qu’ils ont créé des ONG qui interviennent au pays. «Nous avons établi des milliers de passeports et de Cartes nationales d’identité burkinabè (CNIB) avec les missions consulaires».

Toutefois, M. Kaboré a relevé la faiblesse du nombre des Burkinabè, enrôlés à l’ambassade et consulats dû au problème des «sans-papiers» et l’insuffisance de consulats. A défaut d’en créer, a-t-il proposé, il faut des consuls honoraires dans certaines grandes villes des USA. D’emblée, le président du Faso a salué la «forte» mobilisation à la rencontre qui témoigne, selon lui, de l’intérêt qu’ils portent à la vie de leur pays. Il les a aussi félicités pour leur cohésion car «il est important que la diaspora s’entende, et se soutienne». Il les a conseillés d’être régulièrement en contact avec l’ambassade pour qu’en cas de difficultés, elle puisse leur venir en aide. Sur la situation nationale, le président du Faso a expliqué que la préoccupation fondamentale du pays est la sécurité. Le Burkina Faso et les autres pays de la sous-région, a-t-il dit, paient un lourd tribut des attaques terroristes, au regard des morts militaires et civils, des centaines de milliers de déplacés internes, et la fermeture des écoles et centres de santé. «Globalement, la situation est préoccupante. Les statistiques indiquent environ 270 000 réfugiés internes, 2000 écoles fermées, soit 3 à 4% d’élèves burkinabè qui ne vont plus à l’école, et plus de 70 CSPS fermés», leur a-t-il expliqué.

«Préoccupante mais pas irrémédiable»

Le véritable problème, a-t-il souligné, c’est que le Burkina Faso partage environ 1 200 km de frontière avec le Mali, mais, a-t-il déploré, sur une bonne partie de cette frontière, il n’y pas de présence de l’armée malienne, ce qui fait que les groupes terroristes viennent frapper au Burkina Faso pour se replier au Mali. Le Burkina Faso, a fait savoir le chef de l’Etat, est comme une digue avec des frontières avec des pays côtiers comme le Ghana, le Bénin, le Togo et la Côte d’Ivoire. Si elle cède, a-t-il prévenu, les terroristes vont envahir le Burkina Faso et l’ensemble de ses pays frontaliers. Pour le président Kaboré, la situation est certes, «préoccupante mais pas irrémédiable» parce que les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les populations continuent à se battre pour libérer le Burkina Faso. Le président a aussi expliqué à ses compatriotes que des initiatives sous régionales comme le G5 Sahel sont en cours pour remédier à la situation.

«Nous sommes dans un combat difficile, il y aura des échecs à certains niveaux, mais sachez que nous sortirons victorieux», a-t-il argué. Le second point de la situation nationale évoquée par Roch Kaboré a été le front social. Il s’est surtout appesanti sur le mouvement d’humeur des médecins. «Nous considérons que ces grèves sont anachroniques. Nous ne pouvons pas comprendre qu’alors que nous sommes dans une guerre contre le terrorisme, des syndicats puissent mesurer le succès de leur grève par le nombre de morts de leurs compatriotes dans les hôpitaux. Alors que nous nous battons pour la gratuité des soins et accouchements, on est obligé de référer les pauvres Burkinabè vers des cliniques pour faire des césariennes à 100 ou 200 000 F CFA. Alors qu’on veut la satisfaction d’une plateforme, on fait des opérations caisse vide. Alors qu’on ne veut pas travailler, on se retrouve dans des cliniques pour le faire. Je me demande donc si la grève est destinée contre les Burkinabè ou une autre personne», s’est-il déchainé.

Un dialogue politique opportun

Reconnaissant le droit légitime des travailleurs à revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail, le président les a invités à reprendre le travail et à revenir sur la table de discussion pour donner une chance de réussite au dialogue. Sur le plan politique, le président du Faso a évoqué le dialogue politique, initié entre l’opposition et la majorité, «une première et un succès» parce qu’il a permis aux uns et aux autres de poser leurs préoccupations. Il s’agit d’un exercice à saluer parce que chacun a fait preuve de concession dans l’objectif d’aller à des élections libres et transparentes, a-t-il noté. Et d’ajouter que le seul point de discorde est l’utilisation de la carte consulaire comme document de votation. «La carte consulaire n’est pas identique partout et nous ne pouvons autoriser à voter avec ce document dans un pays et l’interdire ailleurs parce que tous les Burkinabè sont égaux devant la loi», a-t-il lancé. Sur le cas spécifique du vote des Burkinabè de l’extérieur, Roch Marc Christian Kaboré a précisé que les deux conditions à remplir pour voter sont de disposer d’un passeport ou d’une CNIB comme document de votation.

«Les élections auront bel et bien lieu»

Le locataire de Kosyam a aussi évoqué la tenue avec succès du procès du putsch manqué de 2015. Le procès a bel et bien eu lieu malgré les difficultés, a-t-il fait savoir, estimant que le verdict a été rendu en toute indépendance. «C’est un procès dans lequel nous restons dans l’esprit de l’Etat de droit. Ceux qui le veulent peuvent faire des recours et cela montre que la justice burkinabè joue son rôle», a-t-il ajouté. Les Burkinabè vivant aux USA ont essentiellement axé leurs préoccupations sur la question sécuritaire. L’achat de drones, les plaintes des policiers de ne pas disposer d’armes, la contribution de la diaspora à la lutte à travers la mobilisation de fonds en ligne, la prise en charge des veuves et orphelins des FDS mortes pour la patrie, la présence probable de la force militaire française Barkhane dans la sous-région…, toutes ces préoccupations ont été posées. A cela, s’ajoutent d’autres préoccupations d’ordre spécifique, comme la tenue d’élections dans les zones d’insécurité, le soutien aux étudiants demandeurs de bourse, la « courte » durée de validité du passeport (5 ans), le franc CFA, la nécessité de construire une Maison du Burkina à New York, l’actionnariat populaire pour construire le pays…

A toutes ces questions, le président du Faso, appuyé par les ministres en charge des Burkinabè de l’extérieur ; des Affaires étrangères ; de la Santé et de l’Action sociale ; ont apporté des réponses. Sur Barkhane, le président du Faso a détaillé que la force de 4500 hommes est prédisposée au Mali pour l’aider dans la gestion de sa crise. En même temps, elle aide les pays du G5 Sahel de façon spécifique et technique selon les besoins exprimés. Il a aussi rassuré ses compatriotes que les élections auront bel et bien lieu au Burkina Faso, y compris sa partie Nord et même sur les sites des déplacés internes. Au terme des échanges, le chef de l’Etat a dit apprécié positivement cette liberté de ton des Burkinabè des USA. En retour, ces derniers ont exprimé leur satisfaction de la «franchise» des discussions.
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