La 5e édition du Festival Ouaga New York (FONY) ouvre ses portes ce dimanche 22 septembre 2019 à New York sous le thème « Culture sans frontières». Pour en parler, nous avons reçu ici à Ouagadougou il y a quelques jours, le promoteur de ce festival, Gérard Kiswensida Koala qui fait le point des préparatifs de cet évènement majeur qui permet de mettre en valeur la culture burkinabè au delà de nos frontières. Est également question dans cet interview , le regard de ce promoteur artistique bien connu du public national sur la culture burkinabè et la situation nationale de notre vue de l’extérieure.
Que signifie FONY
FONY c’est la l’abréviation de festival Ouaga New York tout simplement.
Pouvez nous nous expliquer la genèse de cette initiative ?
Cette initiative est née de l’idée du besoin d’avoir un cadre d’expression de la culture burkinabè dans une ville comme New York où je réside depuis plus de 15 ans. Depuis notre arrivée, on a vue des communautés qui se sont organisées pour favoriser la venue d’artistes de chez eux aux Etats Unis et je me suis dit qu’il était aussi normal que nous puissions créer un cadre qui puisse permettre aux artistes de chez nous d’avoir un cadre d’expression afin de favoriser leur visibilité et attirer l’attention sur notre pays qui n’est pas forcément très connu aux États-Unis.
Quel est l’intérêt d’une telle manifestation pour la culture burkinabè ?
L’intérêt est qu’aujourd’hui après 4 éditions, nous sommes en train d’embrasser la 5e édition qui commence déjà dés le dimanche 22 septembre 2019. Le FONY est devenu un événement culturel majeur de la diaspora burkinabè de part le monde dans la mesure où c’est une activité qui permet le rassemblement la diaspora burkinabè aux États-Unis et au-delà des États-Unis du Canada et d’Europe. Au-delà de l’aspect festivalier, c’est une occasion offerte à nos artistes de valoriser la culture burkinabè et j’estime que tout occasion qui permet de réunir des Burkinabè et une bonne chose et j’en suis vraiment fier.
Quel peut être l’intérêt économique pour les artistes d’une telle manifestation ?
FONY pour nous est une occasion d’attirer le regard des autres sur les potentialités du Burkina Faso. Avec les nouvelles technologies, nous sommes dans une guerre permanente de visibilité où il faut chaque fois se battre pour faire la une des médias. Et nous ne souhaitons pas que l’actualité de notre pays soit toujours présentée avec des choses négatives. Nous ne sommes pas contents que notre pays soit présenté comme une pays qui est attaqué avec des problèmes sécuritaires ou de développement. Nous pensons que le Burkina a de belles choses à montrer et que nous diaspora, c’est notre devoir de motiver nos compatriotes à se retourner vers la mère patrie. Nous sommes allés à l’aventure certes mais nous avons le devoir de participer au développement de notre pays. Et au-delà de nos compatriotes de la diaspora, c’est aussi nos frères africain immigrants aux États-Unis que nous amenons à découvrir la culture du Burkina et ses opportunités économiques en matière d’investissement.
Et quelle est la plus–value au niveau des artistes ?
Pour Tout artiste qui a l’occasion de voyager, c’est un plus dans la mesure où il a l’occasion de s’exprimer dans un autre cadre que le Burkina Faso. C’est une occasion de rencontrer des promoteurs où des producteurs culturels à même de faire mieux valoir leurs talents aux États-Unis. Nous n’avons pas la prétention de promettre à nos artistes, la signature de contrats ou autres. Ce n’est pas notre objectif. Nous leur offrons simplement l’opportunité d’avoir une plateforme d’expression à de faire valoir leurs talents et d’en profiter.
A combien pouvez vous estimer le nombre d’artistes burkinabè ayant déjà pris part au FONY ?
Nous sommes déjà à plus d’une vingtaine d’artistes de façon officielle. Mais au delà de l’officielle, plusieurs autres artistes ont participé au FONY.
Concrètement comment se déroule le FONY en terme de manifestation ?
C’est un festival comme tous les autres mais avec la particularité de mettre en lumière toutes les potentialités artistiques, culturelles et économique du Burkina Faso . Nous avons de ce fait, une programmation artistique musicale d’artistes du Burkina Faso.
Nous avons une exposition d’art culinaire qui fait valoir les mets du Burkina Faso que offrons à certains de nos invités, nous avons les arts plastiques, les œuvre d’art burkinabè, les tableaux, nous avons l’art vestimentaire avec le défilé de mode que nous faisons avec les stylistes burkinabè, des collections faits à base de tissu local. Cette année nous innovons en ouvrant le FONY à l’air libre. Ce sera entièrement gratuit et ça serait une première. Nous aurons des stands d’exposition avec des produits de transformation burkinabè. On aura par exemple la possibilité de voir des céréales du Burkina Faso, de voir de mangues séchées et bien d’autres produits venant de chez nous C’est pour nous l’occasion de montrer au monde entier tout ce que le Burkina a comme potentialités.
Un autre aspect important, il y a les rencontres professionnelles. C’est une activité très importante parce que c’est un cadre qui permet de regrouper un public bien ciblé au-delà de l’aspect festif. C’est un cadre où des professionnels du monde culturel, économique et autres se retrouvent pour échanger sur le thème du festival et les possibilités qui peuvent permettre à ce festival de mieux contribuer au développement culturel et économique du Burkina Faso. Et les conclusions que nous avons sont transmises à notre principal partenaire qu’est le ministère de la Culture du Burkina Faso.
Un tel festival à un coup. Comment arrivez-vous à mobiliser les ressources ?
Nous estimons le budget réel de l’organisation d’une telle activité à 200000 dollars soit 100 million de francs CFA. Mais avec l’apport des uns et des autres qui acceptent souvent nous accompagner par moment juste par patriotisme en nous favorisant l’obtention de certains services sans forcément de payer les tarifs normaux, nous tournons autour d’un budget de 52000 dollars donc l’équivalent de 28 million de francs CFA. Un budget d’ailleurs que nous n’arrivons pas à boucler tout entièrement. Mais quoi qu’il en soit, nous sommes toujours satisfait du fait que les premières autorités du Burkina Faso à commencer par le chef de l’État nous accompagnent généralement pour nous permettre la tenue de ce festival à chaque édition. Nous avons aussi des opérateurs économiques burkinabè qui viennent au festival et qui acceptent par mécénat de nous accompagner pour couvrir une certaine partie des charges.
Est-ce que vous avez un appel particulier à lancer par rapport à la prochaine édition Du FONY ?
J’invite tous les burkinabè, quel que soit l’endroit où ils sont à se joindre à nous pour célébrer ces 5 ans d’existence du FONY. Si le festival a pu se tenir durant ces 5 ans, c’est parce que nous avons vu l’utilité et l’importance de le maintenir pour le bonheur de tous les burkinabè et surtout des acteurs culturels du Burkina qui ont désormais un cadre d’expression pour magnifier le Burkina Faso à travers la culture.
J’invite tout un chacun à faire du festival le sien. Il existe de grands festivals à travers le monde qui ont eu des initiateurs qui ne sont plus forcément de ce monde. Si ces festivals ont réussi à traverser le temps, c’est parce que les gens après se sont appropriés ces œuvres pour les faire perdurer et devenir des rencontres de référence à travers le monde. Et ce serait bien que dans 10, 30, 50 ans voir plus, même si nous ne sommes plus de ce monde, qu’on parle d’un festival en plein cœur de New York qui s’appelle FONY.
On estime que Gérald Koala aux États-Unis, ce n’est pas le FONY seulement sa principale activité.
Ah non, pas du tout.
Qu’est-ce que vous faites ?
Je suis avant tout un immigrant qui vit aux États-Unis, qui se bat pour subvenir à ses besoins. Et je tiens à préciser que le FONY n’est pas une activité lucrative qui génère du profit. C’est d’ailleurs interdit au vue des textes du festival car nous sommes enregistrés sur le registre d’une organisation à but non lucratif. En aucun cas, nous devons faire un profit en organisant cet événement. Ce n’est pas une activité commerciale mais une activité de promotion artistique et d’échanges culturels
Pour revenir à votre question, je suis un immigré qui travaille. J’ai d’abord été dans le service social et j’ai travaillé dans une radio africaine à New York. Je suis actuellement dans le transport et j’ai légalement des activités que je mène au pays notamment dans l’Agro business. Je mène une vie normale comme tout le monde.
DJ Kadhafi c’est du passé ?
DJ Kadhafi, ça semble être dû passé dans la mesure où je ne travaille plus dans aucune boîte de nuit. J’anime quelques événements selon mes occupations certes mais mon temps ne permet plus de porter la casquette de DJ.
A part FONY, vous avez donc abandonné le monde de la Culture ?
Non, on ne choisit pas de faire de la Culture. C’est la culture qui vous choisit. Pour mon cas personnel, je peux dire que je suis né dans la culture. Parce que depuis mon jeune âge j’ai vécu dans ce milieu. Tout le monde m’a vu traîner à Ouagadougou. Pour moi, si on me demande ce que je sais faire de plus dans ma vie, je dirai que je ne sais que faire que la culture. Je ne peux pas abandonner la culture, je suis seulement moins présent depuis quelques temps.
Depuis les États-Unis, quel regard avez-vous sur le Burkina Faso notamment la situation nationale ?
Personnellement, je suis très attristé. Je vous dis sincèrement qu’à chaque fois que je veux venir au pays, certains de mes amis tentent de me dissuader par rapport à ce qu’on voit dans l’actualité sur les menaces et les attaques terroristes que vit notre pays.
C’est malheureux parce qu’on se vantait partout il y a peu que le Burkina est un très beau pays, un havre de paix inébranlable. Aujourd’hui à l’international, on indexe le Burkina comme un pays dangereux mais je garde bon espoir que tous les fils et tous les filles du Burkina Faso sauront se retrouver ensemble, laisser les guéguerres politique et travailler autour du même objectif dans l’intérêt de tous. Ce pays, c’est notre seul bien à tous et c’est le seul que Dieu nous a donné. Nous avons effleuré plusieurs catastrophe et si le pays demeure toujours debout aujourd’hui c’est une grâce.
L’appel que j’ai à lancer, c’est que tous les burkinabè apaisent leurs cœur pour travailler main dans la main et laisser les rancœurs inutiles. Nous devons être solidaire les uns et les autres.
Vous avez été beaucoup présent dans le milieu culturel burkinabè, comment jugez-vous aujourd’hui le monde culturel burkinabè surtout musical ?
De mon point de vue et cela n’engage que moi, on a beaucoup de talents artistiques sur l’aspect musical mais on n’a toujours pas un système pour encadrer ces artistes pour les faire grandir afin qu’ils soient connus au-delà de nos frontières.
Généralement quand vous prenez un artiste burkinabè, vous pouvez prendre n’importe lequel, du plus connu au plus célèbres, ils ne sont connus qu’ici au Burkina Faso. Un artiste d’un pays était venu au Burkina et on lui a demandé le nom d’un artiste burkinabè et elle a dit qu’elle ne connaissait pas.
On lui a fait un faux procès simplement. Beaucoup de gens même de nos pays voisins ne connaissent pas nos artistes et même nos stars. Voilà pourquoi je pense que tous les acteurs culturels à commencer par les artistes eux-mêmes et leurs staffs gagneraient à se professionnaliser et à s’entourer de personnes susceptibles de leur permettre de nouer des contacts à l’international et de faciliter leur mobilité.
C’est bien d’être connu chez soi mais c’est encore mieux quand vous êtes connu au-delà de chez vous. Malheureusement, nous n’avons pas jusqu’à présent un artiste musicien burkinabè connu au delà de nos frontières ne serait-ce qu’en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Mali, au Mali et j’en passe. Ce sont généralement les artistes de ces de ces pays qui viennent se produire au Burkina pendant que les nôtres n’ont pas la possibilité de se produire dans leurs pays.C’est pourquoi je lance encore un appel à un esprit d’unité pour que les uns et les autres puissent se remettre en cause. C’est de la responsabilité à chacun de nous tous de faire starifier nos artistes, de les faire aduler chez eux et les amener à être enviés à l’extérieur.