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Burkina Faso: Le ministre de l’Education nationale interpellé par la F-SYNTER sur l’augmentation des frais de scolarité dans les établissements

Publié le vendredi 20 septembre 2019  |  NetAfrique.net
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© Autre presse par D.R
Les présidents des universités de Ouagadougou et de Ouaga II ont animé une conférence de presse, le 23 juin 2015 à Ouagadougou, sur une tentative de fraude au Bac G2 qui vaut une reprise de l`épreuve de mathématiques générales. Photo : Pr Stanislas Ouaro, président de l`université Ouaga II
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Lettre ouverte à Monsieur le Ministre de l’Education Nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales.

Objet : Les tourments interminables des parents d’élèves de la région des Hauts Bassins

Monsieur le Ministre,

Le célèbre philosophe Danton disait : « Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple ». Cette pensée, au-delà de sa connotation philosophique, fait de l’éducation le socle de tout développement humain. Elle pourrait même être considérée comme un appel aux gouvernants à en faire la priorité des priorités dans leur programme politique.

Aussi, si l’on peut considérer les multiples efforts consentis par l’Etat Burkinabè çà et là dans l’accroissement de l’offre éducative et l’amélioration de la qualité de l’éducation, comme une consécration effective de cet appel, il ne fait aucun doute que l’élan pour parvenir au bout du tunnel, lui, semble peu porteur d’espoir.

En effet, monsieur le ministre, la rentrée scolaire au Burkina Faso et en particulier dans la région des Hauts Bassins, constitue pour les parents d’élèves, les élèves et les enseignants, des moments d’insomnies dont la sévérité ne saurait réagir positivement à une prescription médicale, fut-elle d’un spécialiste du domaine. C’est pourquoi, à travers ces lignes, nous voudrions très respectueusement vous faire l’état des lieux, puis vous interpeller à trouver des solutions urgentes pour ces nombreux parents qui ne savent plus à quel saint se vouer, à quelques jours seulement de la rentrée scolaire.

De l’augmentation des frais de scolarité dans les établissements préscolaires, primaires, post-primaires et secondaires privés.

Monsieur le Ministre, le secteur de l’éducation, en dépit de la gratuité prônée par votre département, est sans conteste le domaine où, on peut tirer le maximum de profits sans être nullement inquiété par qui que ce soit. C’est du reste le constat qui est fait chaque année, à travers les frais de scolarité, qui s’augmentent de façon vertigineuse dans les établissements privés. Ainsi, à Bobo-Dioulasso, vous trouverez des écoles primaires privées, où les frais au cours préparatoire première année (CP1) sont de l’ordre de soixante dix mille (70 000) francs. Et ce qui est plus grave, c’est que l’enseignant ou l’enseignante titulaire de la classe n’a même pas le Brevet d’Etude du Premier Cycle (BEPC). Nous avons des privés où les frais de scolarité sont de l’ordre de cent quarante mille (140 000) francs en seconde et de cent mille (100 000) et plus au premier cycle avec l’exhaussement des charges scolaires.

En plus des frais, il est exigé des élèves dans beaucoup d’établissements du post-primaire et du secondaire une rame de papiers pour les devoirs. A quoi servent ces centaines de rames collectées chaque année ? Il n’est pas exclu que les mêmes rames de papiers se retrouvent sur le marché de vente, avec la poussée sans cesse aux abords des établissements, des librairies. Au moment où les parents d’élèves sont sous la hantise de l’augmentation des frais de scolarité dans presque tous les établissements privés à cette rentrée scolaire 2019-2020 à Bobo-Dioulasso, nous avons la note de service du Directeur Régional de l’Education Préscolaire, Primaire et non Formelle (DREPPNF) des hauts bassins, qui fait du port de la tenue scolaire au primaire, une obligation. Pour la mise en œuvre de son projet auquel les syndicats n’ont jamais été mis à contribution dans les échanges, contrairement à ce qu’il a fait croire au public, un seul fournisseur est retenu pour toute la région. Au-delà des contre-vérités, nous pensons qu’il doit y avoir un secret, mais nous n’osons pas croire d’abord à la mise en place d’une belle officine d’enrichissement illicite sur le dos des pauvres parents d’élèves.

Aussi, le problème qui se pose ici, est que si le prix d’achat du tissu et sa couture doivent revenir à trois mille cinq cents (3500) francs pour une tenue et par élève, qu’en sera-t-il du parent qui a au moins deux (02) enfants au primaire (au préscolaire, la tenue fait 3500f dans beaucoup d’établissements). Combien de tenues faudrait-il coudre pour un enfant durant l’année scolaire et qu’en sera-t-il de celui qui en n’a pas ? L’idée d’instaurer la tenue scolaire au primaire en elle-même n’est pas mauvaise. Seulement, elle nécessite une large concertation, une sensibilisation de tous les acteurs et des mesures d’accompagnement, avec le contexte de la gratuité prônée.

En tout état de cause, nous estimons que les contre-vérités et les secrets sur lesquels sont bâtis les projets de certains responsables, sont comme des cancers qui rongent profondément l’âme. Et, longtemps qu’ils resteront enfouis, ils constitueront une lourde dette qu’ils paieront tôt ou tard au grand jour. Comment comprendre que, dans la plupart des lycées et collèges privés, les parents soient assujettis au paiement des cotisations APE sans même que la structure n’existe ? Pah ! les parents d’élèves souffrent ; les promoteurs eux augmentent les frais de scolarité pian ! ils s’enrichissent pian !! même sans résultats. Haaï ! l’Etat ne dira rien et ne fera rien.

Il est vrai qu’on a mis l’accent sur le privé, mais il faut aussi noter que dans les établissements publics, il y a toutes formes de cotisations spéciales, les ventes de places dans les établissements de tous les ordres d’enseignement. Les montants au primaire vont de l’ordre de 15 000f à 20 000f ; au post-primaire, secondaire général et technique, de 50 000f à 150 000f. Les parents d’élèves n’ont pas le choix, ils sont prêts à payer pour avoir la place au public.

Mais, pourquoi on en est à une telle situation ?

La réponse est simple. Insuffisance d’infrastructures scolaires face à la forte demande croissante de l’offre éducative. L’autre aspect, c’est que les maires ont vendu mêmes les terrains réservés à la réalisation des infrastructures scolaires. Il est ressorti l’ors d’un atelier sur l’Education Pour Tous (EPT) tenu à Bobo-Dioulasso très récemment, que L’UNICEF n’a pu construire que quatre (04) écoles primaires sur les seize (16) prévues, par manque de terrain. Les Collèges d’Enseignement Général (CEG) des arrondissements sont dans des situations difficiles parce que ouverts le plus souvent dans des salles d’emprunt, sont amenés à déménager des locaux pour d’autres et ce, jusqu’à ce qu’on trouve un site pour eux. Les conséquences sont parfois désastreuses pour les élèves : éloignement du CEG des domiciles, abandons de l’école pour les élèves dont les parents ne peuvent ni acheter un vélo ou les réinscrire dans des établissements privés ou publics non loin du domicile. A quelques jours de la rentrée, le CEG de l’arrondissement N°3 logé depuis son ouverture dans le bloc-écoles de Bindougousso, qu’on croyait pouvoir rejoindre son site où les travaux de constructions étaient avancés, risque fort d’y rester. En effet, les travaux sont bloqués au niveau du chaînage. Hééé Bon Dieu ! Quelle pitié !

Par ailleurs, il est important de signaler qu’au moment où on nous fait croire qu’Il n’y a pas de terrain pour réaliser des infrastructures scolaires publiques, nous avons des écoles que le projet PAQEE construit et que l’Etat lui-même en location-vente. Les promoteurs privés, eux, gagnent toujours les terrains pour construire leurs écoles. Pourquoi ce paradoxe ? C’est sans conteste ce qui fait que les classes sont surpeuplées au public, le monnayage des places à de beaux jours devant lui, tant qu’il n’y aura pas suffisamment d’infrastructures scolaires. Il faut ajouter également que le manque d’infrastructures au préscolaire poussent les parents à forcer les directeurs d’écoles primaires à recruter des enfants de 5 et 6 ans, provocant parfois les surcharges des salles de classes.

Monsieur le Ministre, nous profitons de cet instant, pour vous informer que même les enfants admis à l’entrée en sixième et en seconde affectés dans les établissements dits conventionnés sont contraints à verser la totalité des frais de scolarité sous peine d’être expulsés. En clair, dans beaucoup d’établissements, si la scolarité fait cent dix mille (110 000) francs, vous la verser d’abord en attendant que l’Etat donne sa contrepartie financière qui vous sera restituée ensuite. A quoi aura servie l’admission de l’élève à l’entrée en sixième ou en seconde ? Le pire, est que dans plusieurs établissements privés de Bobo-Dioulasso, les élèves admis en sixième et en seconde affectés, paient plus que ceux qui sont venus s’inscrire simplement. Par exemple, si les frais sont de 85 000 f / élèves en 6è, celui qui admis et affecté verse obligatoirement 60 000f. Et quand l’Etat verse les 50 000f l’établissement encaisse ça. Cet élève aura donc payé en réalité 110 000f (60 000 + 50 000).

Du respect des textes officiels et de la qualité l’enseignement

Monsieur le Ministre, ce n’est un secret pour personne qu’à Bobo-Dioulasso comme partout ailleurs au Burkina Faso, les établissements privés absorbent la plus grande partie de l’effectif des élèves dans tous les ordres d’enseignement. Autrement dit, nous avons plus d’établissements privés d’enseignement que publics.

Aussi, nous en voudrons-nous de ne pas reconnaitre le mérite de nombre d’établissements privés qui réalisent de très bons résultats et contribuent énormément à l’amélioration des taux de réussite des élèves aux examens scolaires. En marges de ceux-ci, se trouvent juste des promoteurs dont le seul souci est d’encaisser les millions et d’envoyer les élèves dans l’antichambre du succès, n’en déplaise aux parents qui triment, s’endettent pour payer les frais de scolarité. Certains établissements du post-primaires et du secondaire, en plus de recruter des enseignants peu qualifiés, ferment les classes à la mi-avril sous le regard des responsables en charges d’éducation au niveau déconcentrés et qui vous font toujours croire que tout se passe bien. Quel résultats pouvons-nous obtenir avec une telle éducation ?

Ils sont nombreux les parents qui retirent leurs enfants affectés des établissements dits conventionnés à cause du manque de sérieux dans le travail. Une fois que l’établissement est reconnu par l’Etat, tout ce qui reste à faire c’est courir derrière les parents d’élèves pour qu’ils viennent inscrire massivement leurs enfants et renflouer les caisses, ce par le biais de fausses publicités sur les résultats. Certains promoteurs même déclareraient des fausses capacités d’accueil afin de tromper la DREPS pour qu’on affecte beaucoup d’élèves admis à l’entrée en sixième dans leurs établissements. Ce qui est certain, est que tous les moyens sont bons pour se faire de l’argent dans ce secteur social qu’est l’éducation.

Ces promoteurs, certes encaissent beaucoup d’argent, mais ils paient très mal leurs enseignants. A Bobo-Dioulasso, il y a des enseignants des écoles primaires privées qui sont rémunérés à hauteur de 5000 f à 20 000f.

Monsieur le Ministre, au regard de ce qui précède, nous pouvons dire sans peur, que notre système éducatif souffre de beaucoup de maux. Les excès, la cupidité, les abus et les contre-vérités déguisées l’enfoncent davantage. Toute chose qui n’augure pas un lendemain meilleur pour le développement tant attendu de notre pays par le biais de l’éducation. Nous devons absolument avoir de la mesure et condamner toute velléité de transformation du secteur de l’éducation en un terreau fertile et propice pour les capitalistes exploiteurs. Comme la dit Paul Valery : « Le monde ne vaut que par les ultras et ne dure que par les modérés »

Nous vous interpellons à œuvrer, sans délais, pour le plafonnement des frais de scolarité dans les établissements d’enseignements préscolaire, primaire, post-primaires et secondaires privés afin de soulager la souffrance des parents d’élèves. Nous souhaitons également que vous mettiez tout en œuvre pour respecter et faire respecter toutes les normes en matière d’éducation et faire sanctionner tous les contrevenants à la hauteur de leurs forfaits.

Tout en comptant sur votre prompte réaction à travers des actions fortes et conséquentes pour une année scolaire 2019-2020 réussie, nous vous prions de croire Monsieur le Ministre à notre franche collaboration.

Pour la Coordination des syndicats de l’éducation des hauts bassins
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