A l’occasion de la 34ème journée du CILSS (Comité inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel), célébrée 12 septembre, le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, Président en exercice du CIlSS, invite les Etats membres, faceaux défis du moment, en l’occurrence la lutte contre le terrorisme, à promouvoir un nouvel équilibre écologiqueau Sahel et en Afrique de l’Ouest. Voici l’intégralité de sa déclaration
« Concitoyennes, Concitoyens des Etats membres du CILSS
Ce jour 12 septembre 2019 nous commémorons la 34ème journée du CILSS.
La problématique de la préservation des ressources en eau de par le monde, et dans les Etats du Sahel en particulier, demeure une préoccupation majeure de tous les jours. A cette préoccupation se conjuguent les effets du changement climatique et les actions anthropiques qui menacent dangereusement la pérennité de la ressource.
C’est à ce titre que cette année, la communauté sahélienne et Ouest-Africaine a retenu comme thème de commémoration, je cite : « Accroître la productivité des terres par la promotion de solutions innovantes de lutte contre l’ensablement et la pollution des cours d’eau au Sahel et en Afrique de l’Ouest » fin de citation.
Le choix de ce thème traduit notre volonté de mobiliser toutes les énergies pour faire face aux menaces majeures sur nos ressources en eau.
En effet, l’essentiel de l’irrigation agricole se fait dans notre région, autour des grandes artères et bassins constitués principalement du fleuve Niger, du lac Tchad, du fleuve Sénégal, du bassin de la Volta et de la Comoé.
Pour les populations de notre espace, ces cours d’eau représentent une immense richesse qui permet à des millions de personnes de vivre des activités de la pêche, de l’agriculture, du commerce et de l’industrie.
Toutefois, le phénomène d’ensablement, les eaux usées et les déchets industriels qui y sont jetés, la propagation des plantes aquatiques envahissantes, ainsi qu’une pluviométrie globalement en baisse, réduisent progressivement l’accès de nos agriculteurs aux ressources hydriques.
Les sécheresses climatiques récurrentes des trois dernières décennies et la forte pression démographique ont induit une dégradation sans précédent de l’environnement des bassins.
Ces phénomènes, qui s’amplifient d’année en année, fragilisent les conditions de vie des populations ainsi que la biodiversité, et menacent de ce fait les capacités productives dans notre espace.
II apparait ainsi clairement que, sans une concertation permanente entre l’ensemble des pays partageant les ressources communes des bassins, et une coordination efficace de leurs actions, le défi du développement socio-économique durable des populations riveraines sera très difficile à relever.
La vision partagée pour le développement durable, à laquelle nos Etats ont unanimement adhéré, constitue pour nos populations, le gage d’un avenir meilleur.
Concitoyennes, concitoyens
des Etats membres du CILSS
L’organisation de la journée du CILSS offre une opportunité de réflexion sur ces phénomènes d’ensablement, d’envasement, et de pollution des cours d’eau, et nous interpelle quant aux défis à relever pour l’amélioration de la productivité agricole, par la conservation des eaux et des sols.
Cette journée se tient dans un contexte extrêmement difficile de vulnérabilité devenue structurelle et qui crée un terreau propice au développement de l’extrémisme violent, du terrorisme et des trafics illicites de tous genres.
Ces défis majeurs mettent à mal la paix, la sécurité et la stabilité et compromettent dangereusement l’avenir de nos Etats.
C’est pourquoi il est urgent de promouvoir un nouvel équilibre écologique au Sahel et en Afrique de l’Ouest, à travers notamment la coordination et l’harmonisation des stratégies, le renforcement de la coopération scientifique et technique, la capitalisation des expériences, la diffusion des informations et le renforcement des capacités des différents acteurs.
Aussi, voudrais-je engager le CILSS, en synergie avec la CEDEAO, à conduire une large concertation avec toutes les autorités de bassins, afin de faire l’état des lieux de nos ressources partagées, et soumettre aux Etats membres une proposition de politique régionale intégrée de gestion durable des ressources en eaux.
Je saisis cette occasion pour remercier, au nom de toutes les populations et des Etats membres du CILSS, la Communauté des partenaires techniques et financiers, pour le soutien multiforme et constant qu’elle ne cesse d’apporter au CILSS et à ses Etats membres.
Pour terminer, je souhaite au CILSS un engagement plus soutenu, qui passe nécessairement par sa réforme organisationnelle et institutionnelle, afin de confirmer son leadership régional dans ses domaines de compétences, pour relever les défis à venir.
Vive le CILSS,
Vive la solidarité sahélienne et Ouest-africaine
Vive la solidarité internationale