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Planification familiale : sans suivi médical, bonjour les complications !

Publié le mercredi 11 septembre 2019  |  Sidwaya
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Si à Ouagadougou, plusieurs femmes pratiquent la planification familiale, il n’en demeure pas moins que la plupart d’entre elles utilisent les méthodes contraceptives sans une consultation médicale préalable. Ainsi, au lieu de se procurer les produits contraceptifs dans les centres de santé ou d’écoute, elles préfèrent les acheter dans les pharmacies sans aucun contrôle des constantes telles que la tension artérielle et le poids. Des pratiques qui sont préjudiciables à leur santé.

Aminata Ouédraogo, la vingtaine bien sonnée, pratique la planification familiale depuis plus d’un an. Elle a choisi la méthode contraceptive injectable. Ce choix a été fait le 45e jour après son accouchement en 2017 quand elle est allée pour le contrôle à la maternité. Quelque temps après, elle constate qu’elle a des problèmes de santé. « Je me rends compte que depuis que j’ai commencé cette méthode, mon cycle est perturbé. Mes règles peuvent venir deux fois le mois. Lorsqu’elles commencent, elles peuvent durer plus de sept jours. Alors que dans les normes, elles ne durent que 3 ou 4 jours. Et j’avais aussi des douleurs dorsales », indique-t-elle. Aminata confie que lorsqu’elle a constaté ces difficultés, elle a préféré changer de méthode. Cette fois-ci, elle n’est pas retournée à la maternité pour demander des conseils.

« J’ai opté pour les contraceptifs oraux. J’utilise maintenant les pilules que j’achète en pharmacie », indique-t-elle. Et d’ajouter que malgré le fait qu’elle ait changé de méthode, elle éprouve toujours des problèmes de santé. « J’ai des palpitations cardiaques et des douleurs pelviennes lorsque je prends les pilules », dit-elle. Cette situation est désagréable pour elle, mais elle ne sait que faire puisqu’elle ne bénéficie pas de suivi médical dans un centre de santé ou un centre d’écoute. Madame Ouédraogo affirme qu’elle n’a pas consulté une sage-femme ou un spécialiste de la planification familiale avant de commencer la méthode.

Elle s’approvisionne généralement en pharmacie sans aucun contrôle du poids ni de la tension artérielle. Contrairement à Aminata, Martine Traoré (nom d’emprunt), institutrice, a eu un entretien avec une sage-femme de l’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF) avant d’opter, elle-aussi, pour les contraceptifs oraux que sont les pilules. Martine préfère se référer rapidement à l’agent de santé quand elle a des soucis sanitaires liés à l’utilisation de ces produits.

Celle-ci est suivie régulièrement à l’ABBEF. Justine Nana qui est ménagère confie que lorsqu’ elle a commencé le planning familial pour la première fois, elle pratiquait la méthode injectable. Mais, elle a vite ressenti les conséquences sur son organisme. « Quand je me suis fait injecter de 2007 jusqu’en 2012, je n’ai vu mes menstrues que deux fois », explique-t-elle. Justine confie que face à ce problème, elle s’est référée à un gynécologue qui lui a suggéré de changer de méthode. Elle décide alors d’utiliser le Norplan. La pratique de la majorité des méthodes nécessite une consultation médicale, un entretien sur les antécédents médicaux et un suivi sanitaire. Selon l’agent communautaire de l’ABBEF, Simon Yaméogo, la vente des produits contraceptifs est homologuée et ces produits ne doivent pas en principe se retrouver en dehors du cadre habituel de vente. Pour lui, seuls les produits non prescriptibles tels les préservatifs masculins et féminins peuvent se retrouver sur le marché. Leur utilisation n’implique pas forcément l’autorisation d’un prestataire. Ces produits non prescriptibles ont des effets minimes.

En dehors de ces produits, M. Yaméogo indique que les autres contraceptifs dits prescriptibles nécessitent un suivi médical et ne doivent pas être commercialisés. « Les produits qui doivent être normalement disponibilisés dans les formations sanitaires et les centres d’écoute, sont des produits qui nécessitent un contrôle des constances, c’est-à-dire, la mesure du poids et de la tension artérielle du client et un entretien médical avant l’autorisation d’utilisation de la méthode choisie », explique-t-il. Il ajoute que la plupart de ces produits sont essentiellement composés de contraceptifs à base d’hormones et des contraceptifs mécaniques.

Les contraceptifs à base d’hormones sont les pilules, les injectables, les implants et les dispositifs intra utérin. « Ces méthodes sus-citées sont dites réversibles. Cela suppose que si on utilise l’une de ces méthodes et on arrête, on a la possibilité d’avoir une grossesse. Il y a un autre groupe de contraceptifs dits irréversibles. Il s’agit de la ligature de la trompe chez la femme et de la vasectomie pratiquée chez l’homme », soutient l’agent communautaire de l’ABBEF. L’utilisation de ces produits contraceptifs prescriptibles sans suivi médical comporte d’énormes risques sanitaires pour les femmes. Eviter l’automédication « Pour ce qui est de l’utilisation de ces produits, il faut aller dans les centres de santé ou d’écoute », conseille M Yaméogo. Il fait savoir qu’au niveau de ces centres de santé ou d’écoute, le contrôle du poids, de la tension artérielle et l’entretien sont nécessaires pour connaître les antécédents médicaux du client. Toutes ces exigences, selon lui, permettent de pouvoir apprécier si l’état de santé du patient peut convenir au produit qu’il a choisi. « Quand on constate que votre tension est élevée et que vous êtes en surpoids, on vous réoriente vers un autre produit qui est moins contraignant pour vous », ajoute-t-il. Simon Yaméogo relève que comme tout autre produit, les contraceptifs ont aussi des effets secondaires qui peuvent être mineurs pour certains et graves pour d’autres. C’est pourquoi, il affirme qu’il est important que les utilisateurs se fassent suivre dans les formations sanitaires. « Si vous décidez librement de vous approvisionner dans la rue, en cas de soucis, vous ne saurez pas où aller pour votre suivi médical et cela pourrait avoir des répercussions négatives sur votre santé », prévient-t-il. Et d’assurer que si la cliente est suivie sur le plan médical, cela aura le mérite d’éviter un certain nombre d’ennuis liés à l’utilisation de ces contraceptions.

« En cas de maladie, on peut vous suspendre l’utilisation de la méthode que vous pratiquez pour vous permettre de vous soigner. Souvent, l’utilisation de certains médicaments peuvent anéantir l’effet recherché par le produit contraceptif », précise l’agent communautaire, Simon Yaméogo. Et d’ajouter que lorsque la cliente ne se fait pas suivre par des spécialistes dans les formations sanitaires, celle-ci peut être par la suite confrontée à des problèmes de santé dont elle ignore l’origine. Ainsi, selon lui, elle se mettra à accuser à tort les produits contraceptifs. M. Yaméogo recommande de toujours se faire consulter avant d’acheter un produit contraceptif, même en pharmacie. « Il y a des pilules spéciales en pharmacie et vous ne pouvez pas décider, sans consultation, d’aller acheter ces produits », dit-il. Les pesanteurs socioculturelles et religieuses poussent également les femmes à utiliser les méthodes contraceptives sans suivi médical. Aïssatou Gorou (nom d’emprunt), 27 ans, est mère de quatre enfants. C’est après son quatrième accouchement qu’elle décide d’utiliser les méthodes contraceptives. Mais, son mari est hostile à ces pratiques. « Je me cache pour pratiquer le planning familial. J’achète les pilules en pharmacie que je camoufle dans un endroit bien sécurisé de ma maison », confie-t-elle. Elle indique que c’est l’opposition de son mari qui fait qu’elle ne peut aller dans un centre de santé ou d’écoute. « Si je pars dans un centre de santé, je serai bien suivie et j’aurai un carnet de santé. Où vais-je déposer le carnet pour que mon époux ne le découvre pas », s’interroge-t-elle. A la question de savoir si elle mesure les risques qu’elle court en utilisant les contraceptifs sans l’aval d’un spécialiste, elle dit être consciente de cela, mais elle a peur de la réaction de son époux lorsqu’il va découvrir qu’elle pratique la planification familiale.

A Ouagadougou, c’est seulement les produits contraceptifs non prescriptibles tels les préservatifs que l’on retrouve dans les boutiques. Ces produits qui n’ont pas une exigence médicale particulière sont vendus partout. Ils sont généralement utilisés par les hommes. Didier Ouédraogo jeune boutiquier dans le quartier de Bassinko, affirme vendre seulement les préservatifs. Il précise qu’ils s’achètent bien. Le centre d’écoute de l’ABBEF dispose d’une gamme variée de produits contraceptifs. Il s’agit des pilules, des injectables (Sayana press et Depo- provera), des implants (3 et 5 ans) et du dispositif intra utérin (10 et 12 ans). En attendant que la mesure de la gratuité des produits contraceptifs décrétée par le gouvernement soit effective, affirme Simon Yaméogo, nos produits sont abordables. « La pilule coûte 50 F CFA la plaquette de 28 jours, 250 F CFA l’ampoule pour les injectables, 500 F CFA pour les implants et le dispositif intra utérin, 10 F CFA pour le préservatif masculin et 25 F CFA pour celui féminin », indique-t-il. Selon l’agent communautaire, ces produits sont vendus à tout le monde. « En moyenne, nous avons 20 clients par jour qui viennent s’approvisionner des produits contraceptifs. Les produits qui sont les plus prescrits dans ce centre d’écoute des jeunes sont les pilules, les injectables et les préservatifs masculins », note-t-il. Il précise que leur structure s’approvisionne à travers ses partenaires que sont la Fédération internationale pour le planning familial (IPPF), le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et aussi la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques (CAMEG). Pour avoir une meilleure santé de la reproduction, il invite les utilisatrices des contraceptifs à éviter l’automédication et à aller dans un centre de santé pour se faire consulter avant de s’y lancer dans la pratique. Simon Yaméogo avertit que celui ou celle qui achète un médicament dans la rue s’expose tôt ou tard aux conséquences de son acte.

Wamini Micheline OUEDRAOGO
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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