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Vincent T. Dabilgou, ministre en charge des transports

Publié le vendredi 6 septembre 2019  |  Sidwaya
Vincent.
© Autre presse par DR
Vincent. T DABILGOU Ministre des Transports à l’occasion de la Journée internationale de l’aviation civile
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A l’initiative des chefs d’Etat du G5 Sahel, une ligne de chemin de fer devra relier le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Les études de faisabilité de cet ambitieux projet seront lancées aujourd’hui 6 septembre 2019, à Ouagadougou. Dans cette interview, le ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière, Vincent T. Dabilgou, président du Comité des ministres en charge des infrastructures ferroviaires du G5 Sahel, livre les enjeux du projet.

Sidwaya (S) : En 2015, les chefs d’Etat du G5 Sahel, réunis à N’Djamena, ont décidé de la construction d’une ligne de chemin de fer reliant le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. En quoi consiste ce projet ?

Vincent T. Dabilgou (V.T.D.) : La décision a été effectivement prise, lors du sommet ordinaire de l’organisation en date du 20 novembre 2015, à N’Djamena au Tchad. Depuis lors, le secrétariat permanent du G5 Sahel travaille à donner corps au projet. L’étude pourra préciser les meilleurs tracés et, également, les caractéristiques techniques de la voie ainsi que les conditions d’exploitation. Le projet consiste, à terme, à la construction d’une ligne de chemin de fer permettant de relier les cinq pays. Il va retisser les liens entre ces pays, mieux sécuriser et booster l’économie. En attendant les résultats de l’étude, qui seront validés par les experts du comité de pilotage, le projet s’appuiera sur les référentiels techniques de conception de l’Union internationale des chemins de fer (UIC), l’Union africaine des chemins de fer (UAC) ainsi que celui de l’UEMOA.

S : A quel objectif répond la construction du Transsahélien ?
V.T.D. : Ce projet répond, avant tout, à une volonté politique exprimée au plus haut niveau du G5 Sahel de bâtir une véritable intégration régionale. C’est aussi une des meilleures façons de désenclaver l’espace G5 Sahel à travers la réalisation de cet ambitieux projet. Le G5 Sahel fonde ses actions sur deux piliers, à savoir : la sécurité et le développement. Le chemin de fer s’inscrit en droite ligne des objectifs de développement fixés par l’institution. Les chefs d’Etat ont clairement compris que quand une zone est structurellement pauvre et sans alternative pour la jeunesse et les producteurs, il est plus facile de les entraîner vers des actions de terrorisme et d’insécurité. Ainsi, les Etats mettent en œuvre de nombreuses stratégies pour lutter contre la pauvreté et le chômage, en faisant en sorte que l’économie marche dans la zone. A travers le monde, c’est par le transport que se fait la mobilité des personnes et des marchandises à l’intérieur d’un pays et entre pays. Et le train est le meilleur dispositif comme mode de déplacement le moins cher, le plus sécurisé. Dans les pays développés, c’est le transport ferroviaire qui a boosté l’économie. C’est pour cela que les chefs d’Etat, réunis à Ndjamena au Tchad, où les termes de référence de ce projet ont été élaborés, ont compris que le Transsahélien est essentiel pour les cinq pays.
S : Le Burkina Faso accueille aujourd’hui 6 septembre, un atelier de lancement de l’étude de faisabilité du chemin de fer du G5 Sahel (le Transsahélien). Quel sera le contenu de cet atelier ?
V.T.D. : Aujourd’hui, Ouagadougou abritera l’atelier de lancement de l’étude de faisabilité du projet. Cette année, notre pays, le Burkina Faso, assure la présidence en exercice du G5 Sahel. A ce titre, je préside le comité des ministres en charge des infrastructures ferroviaires du G5 Sahel. Le Transsahélien est un gros projet et son étude de faisabilité est en lui-même un projet. Dans la sous-région africaine, les chemins de fer coloniaux dont celui entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso qui devait aller à Niamey n’a pas pu arriver à son terme et celui entre le Sénégal et le Mali sont des chemins de fer auxquels les gouvernants actuels n’ont pas participé à leur mise en œuvre. Pour construire un chemin de fer, l’étude de faisabilité est le point nodal qui permet de motiver un bailleur de fonds, de dire que le projet est rentable, un élément essentiel de développement structurant, qu’il va amener la paix. Il faut qu’on alerte d’abord l’opinion publique de l’ensemble des 5 pays mais aussi et surtout nationale, parce que nous devons être fiers que ce soit le président du Faso qui lance cette étude. Nous devons aussi alerter ceux qui nous accompagnent, nos partenaires au développement, car ces études de faisabilités ont été financées par les Etats du G5 Sahel, malgré la faiblesse de nos budgets et nos nombreuses priorités.
L’objectif général de l’atelier est de mener une communication adéquate autour du projet pour permettre aux populations et aux autorités de mieux le connaître tout en permettant une prise de contact entre les membres du comité de pilotage et le groupement de bureaux d’études CIRA/INGEROP/SGIE, titulaire du marché. Cet atelier nous permet également d’établir le planning et l’échéancier et fixer la vision des cinq chefs d’Etat.

S : Pourquoi, plus de cinq ans après, on en est encore au lancement des études de faisabilité ?
V.T.D. : C’est une question pertinente. Le projet est très costaud et pour le mettre en route, il y a d’importantes dispositions à prendre et surtout des partenariats à nouer pour son financement. Nous sommes justement dans cette dynamique avec la rencontre des ministres en charge des infrastructure ferroviaires, tenue en juin 2016 à Niamey qui a mis en place un comité de pilotage du projet et adopté une feuille de route. Le comité de pilotage s’est ensuite réuni en décembre 2016 à N’Djamena pour valider les termes de références de l’étude de faisabilité, objet du présent atelier. La réalisation de l’étude de faisabilité qui sera assurée par le groupement de bureaux d’études CIRA/INGEROP/ SGIE nous permettra de passer à une autre étape importante de l’exécution dudit projet.

S : Combien va-t-elle coûter au G5 Sahel ?
V.T.D. : L’étude va coûter environ 600 millions FCFA, entièrement pris en charge par les Etats membres du G5 Sahel. C’est un effort considérable. Il vient corroborer l’engagement des cinq chefs d’Etat à promouvoir le développement dans l’espace sahélien.

S : Ce chemin de fer ne sera-t-il pas un doublon avec d’autres projets similaires de la sous-région, notamment la boucle ferroviaire reliant la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger ?
V.T.D. : Il n’y a pas lieu de parler de doublon dans le cadre de ce projet de chemin de fer mais plutôt de complémentarité. C’est un projet intégrateur qui tient compte de l’existant notamment la boucle ferroviaire tout en la prolongeant, d’une part, du Mali vers la Mauritanie et, d’autre part, du Niger vers le Tchad. Par ailleurs, une réunion de mise en cohérence des projets de chemin de fer de la région s’est tenue à Niamey en juin 2018 dont l’objectif était d’harmoniser les projets portés par les organisations telles que la CEDEAO, l’UEMOA et le G5 Sahel. Le Transsahélien fortifiera les économies en les interconnectant. Il s’agit donc d’une boucle plus générale qui traverse l’ensemble des cinq pays et qui va huiler les économies en permettant leur interconnexion.

S: Au regard des ressources importantes que ce projet va exiger, à quand peut-on espérer voir le début des
travaux de terrain ?
V.T.D. : Nous sommes à l’étape de l’étude de faisabilité qui va durer 10 mois. A la suite, il nous faudra rechercher des financements qui sont importants. Notre souhait est de pouvoir les mobiliser le plus tôt possible pour l’exécution de cet important projet. Dès que le financement est bouclé, les travaux de terrain commenceront. C’est un grand projet structurant un peu plus que celui que nous avons avec le Ghana. Avec celui-ci, les études de faisabilité ont été faites pour déterminer l’ensemble des ouvrages, la façon dont les rails et les gares seront construites. Pour le Transsahélien, il en sera de même. Lorsqu’on va disposer de cette étude qui situe sur le projet à travers son profil, nous allons passer à la 2e phase, celle de la mobilisation des financements qui sera portée par les chefs d’Etat auprès des partenaires et bailleurs de fonds, définir les modalités de financement (PPP, marché ordinaire …) et choisir l’entreprise chargée des travaux.
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