Le ministère de la Santé a organisé un atelier, le mardi 3 septembre 2013, à Ouagadougou, sur la protection contre l’ingérence et l’interférence de l’industrie du tabac dans les politiques. Les responsables des médias étaient les personnes ciblées par cet atelier. Les débats ont été menés en présence du directeur de la promotion de la Santé, Narcisse Naré, et de la conseillère technique de l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (UNION), Sylviane Batté.
Après les conseillers techniques, les acteurs de la société civile et de la lutte antitabac, le ministère de la Santé et l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (UNION), ont rencontré les responsables de médias et les journalistes, le mardi 3 septembre. Les échanges ont été menés autour de la thématique de la « protection contre l’ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques au profit des médias et des journalistes ». Selon les organisateurs, le rôle des organes de régulation et les médias dans la mise en œuvre des activités relatives à l’article 5.3 de la convention cadre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la lutte antitabac (CCLAT), qui prône la protection des politiques de santé publique de toute interférence et ingérence de l’industrie du tabac, est important au regard des attaques récurrentes de l’industrie du tabac, généralement à travers la presse. Le soutien des médias sera donc « d’aider le ministère de la Santé à mettre en œuvre les dispositions contenues dans cet article, en élaborant ensemble une campagne multimédia où les hommes de média seront les acteurs clés, afin que les populations comprennent davantage les méfaits du tabac », selon le souhait du directeur de la promotion de la Santé, Dr Narcisse Naré. Pour les organisateurs, l’objectif de cet atelier est entre autres, le développement des connaissances sur les stratégies d’attaques de l‘industrie du tabac pour saper les efforts de la mise en œuvre de la CCLAT, le partage des expériences sur l’ingérence de l’industrie et notamment dans les médias dans les pays francophones et le renforcement du partenariat entre les acteurs institutionnels de la lutte antitabac, la société civile et les médias au Burkina Faso.
L’industrie du tabac bloque toutes les avancées des politiques de santé publique
La conseillère technique de l’UNION, Sylviane Batté, reconnaît tout de même que : « La bataille est rude parce que c’est une industrie qui a énormément de moyens financiers. Elle est très organisée à l’échelle mondiale et elle a des recours très sophistiqués. De nombreux pays, comme l’Australie, sont attaqués en justice par cette industrie». Le pire dans cette lutte est que l’industrie du tabac est prête à « bloquer toutes les avancées des politiques de santé publique », déplore Sylviane Batté. Cependant elle se réjouit du fait que « le combat contre cette industrie, commence à être organisé ». Le regard porté sur cette industrie par l’OMS, par le biais de sa directrice citée par la conseillère de l’UNION, est éloquent en ce sens qu’elle la traite « d’industrie criminelle et appelle les Etats à se soulever contre cette industrie qui tue et rend malade des humains à travers le monde ». Pour elle, la mise en œuvre de la convention cadre ratifiée par les 177 pays du monde et la volonté des Etats et des acteurs, sont des armes nécessaires pour lutter contre l’ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques. Sylviane Batté appelle donc les « pays développés à aider les pays en difficultés dans cette lutte ». Tout compte fait, elle enseigne que les Etats peuvent utiliser des outils comme « la fiscalité pour aider les acteurs antitabac à avoir plus de force et taxer les industries du tabac pour les faire payer, comme c’est le cas aux Etats Unis ». Le Burkina Faso est confronté, depuis des mois, à des attaques systématiques de l’industrie du tabac sur toutes les avancées, en rapport avec la mise en œuvre de la CCLAT. Les plus récentes citées par le ministère de la Santé sont entre autres, un communiqué de British American Tobacco (BAT), par voie de presse, sur les impacts désastreux de la lutte antitabac, en Afrique. Le Burkina a marqué son adhésion au nouveau projet de l’UNION, le 6 mai 2013, pour l’ancrage de l’article 5.3 de la CCLAT en Afrique francophone .