En 1994, le Département de la Gironde fut l'une des premières collectivités françaises à signer un protocole d'accord avec une région du Sud, la Province du Houët au Burkina Faso. Cet accord fut renouvelé en 1997, puis en 2000, 2005 et 2010. Fondée au départ autour de « l’option d’aide aux pays sous-développés et d’actions humanitaires », cette coopération a évolué vers la solidarité. Dans le cadre de cette coopération de multiples actions ont pu voir le jour et notamment un camp vacance dédié au rugby à Bobo-Dioulasso, la capitale économique du pays. Cheick Hamidou Ouedraogo est l’initiateur et le responsable de ce camp. Il a été formé à Valt 33, une association bordelaise qui dispense notamment des formations BAFA. Rencontre avec ce passionné de l’ovalie…
C’est en 2005 que Cheick Hamidou Ouedraogo découvre le rugby grâce à une initiation proposée par le Conseil départemental de la Gironde et la Province du Houët, dans sa ville Bobo-Dioulasso. Une rencontre qui va tout simplement changer sa vie. En effet, depuis ce jour, ce dernier ne cesse de développer cette discipline dans son pays. Parmi toutes les actions qu’il met en œuvre, le camp vacance rugby Kadio Bassirou, du nom du défunt président de la fédération, est proposé depuis 10 ans. Cette année, il s’est déroulé du 10 au 17 août, à Bobo-Dioulasso et a réuni 120 enfants âgés de 7 à 14 ans. 68 garçons et 52 filles ont donc chaussé les crampons pendant une semaine pour être sensibilisés au ballon ovale.
Ces camps se déroulent en deux parties. « La première, raconte Cheick, sert à former les encadrants ». Et c’est Cheick lui-même qui les forme, car il a obtenu son BAFA grâce à l’association bordelaise Valt 33, qu’il ne cesse de remercier du reste, « je dois beaucoup à Bruno (Stoltz fondateur et ancien dirigeant NDLR) et à toute son équipe, car aujourd’hui si j’encadre les jeunes de Bobo-Dioulasso c’est véritablement grâce à eux et à leur accompagnement personnalisé ». Et, une fois formés, les encadrants apprennent aux enfants la pratique du rugby.
Des soutiens indéfectibles
Toujours aussi humble, Cheick tient à mettre en avant également les instances et personnalités qui l’entourent pour mener à bien son projet. « Certes, c’est moi l’initiateur de ce camp, mais je n’en oublie pas moins mes plus fidèles soutiens sans qui ces camps n’auraient pu voir le jour, le Conseil départemental de la Gironde, la mairie de Bobo, la fédération burkinabè de rugby, l'association « Rugby de poussière ». Sans oublier un grand monsieur et ancien rugbyman suisse Thierry Bernes-Lasserre qui a séjourné à Bobo et qui m’apporte son soutien pour l'ensemble de mes activités y compris ce camp vacance rugby. » Durant ces 10 jours de camps, de multiples activités sont proposées : exercices d'apprentissage, jeu global rugby, jeu d'animation, règles de vie, sensibilisation sur les problèmes de la société, éco-citoyenneté, prévention des maladies comme le palu, reboisement, détérioration de la nature à cause notamment de la prolifération des sacs plastiques... Au-delà de l’apprentissage du rugby, Cheick et les encadrants s’attachent à véhiculer et leur apprendre les valeurs citoyennes.
Le camp vacance rugby, « un événement capital dans l’activité rugby burkinabè »
Depuis la mise en place du premier camp, en 2005, Check Hamidou Ouedraogo constate « une avancé énorme » du rugby dans son pays. « Chaque année, les encadrants formés précédemment s'ils ou elles sont disponibles viennent donner un coup de main ce qui offre de belles retrouvailles. Aussi, la présidente de la fédération, Rolande Boro vient nous rendre visite à Bobo chaque année pour participer et nous encourager. Sa présence illustre bien l’indéfectible soutien de la Fédé. Aussi, il faut noter que plusieurs joueurs de l'équipe nationale du Burkina sont passés par ce camp vacance rugby. Enfin, des acteurs incontournables du rugby burkinabè de Ouagadougou et de Bérégadougou s’impliquent dans nos actions ». Toutes ces marques de confiance font qu’aujourd’hui le camp grandit et fait partie des événements capitaux dans l'activité rugby burkinabè.
Des crampons pour les filles
Et Cheick tient à sensibiliser à sa passion de l’ovalie autant les garçons que les filles. Ainsi, cette année, 52 filles ont participé au camp. « C'est une réelle volonté que d’initier les filles au rugby. Du reste, c’est une femme qui est à la tête de la fédération nationale. Depuis son arrivée le Burkina possède un championnat féminin régulier. Si, avant sa présidence, seul le rugby à VII était proposé aux femmes, aujourd’hui elles peuvent également se réaliser en rugby à XV. » Et pour mettre davantage en avant le rugby féminin un match de rugby à XV entre les tigresses de Bobo et les Étudiantes de l'université de Ouagadougou (UCO), s’est tenu au stade Sangoulé Lamizana de Bobo-Dioulasso le samedi 17 Aout à 15 h 00 pour clôturer le camp de cette année. Les deux clubs se sont séparés sur le score nul de 5-5. « A ma connaissance c'est rare dans la sous-région de voir du rugby à XV avec des femmes », tient à souligner Cheick. Enfin, à l’occasion du tournoi africain rugby masculin de rugby à VII qui se tiendra au Bénin du 7 au 8 septembre prochains, la fédération accompagnera les filles en amical contre le Bénin et la Côte d'Ivoire.