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La tradition, «l’arme» des leaders religieux et coutumiers pour convaincre

Publié le mercredi 28 aout 2019  |  Sidwaya
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© Présidence par DR
Fête nationale à Gaoua : la population de la Région du Sud-Ouest offre l’eau de bienvenue au Président du Faso
Vendredi 9 décembre 2017.Gaoua.Le Président du Faso a pris la route de Gaoua où se tiennent les manifestations commémoratives du 57ème anniversaire de l’indépendance du pays.
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Le Burkina Faso connait une explosion démographique ces dernières décennies avec un taux de croissance annuel de 3.1% et un indice de fécondité de 6 enfants par femme. Cette situation est accompagnée d’une mortalité maternelle et infantile respectivement de 3,41 pour 1000 et de 28 pour 1000. Si cela reste constant, la population du pays se situerait à plus de 60 millions d’habitants en 2050 selon les prévisions. Ce qui engendrerait d’énormes difficultés sociales. La solution est la capture du dividende démographique. Pour se faire, les leaders coutumiers et religieux se sont engagés depuis 2010 dans une campagne de plaidoyer et de sensibilisation des populations sur la pratique de la planification familiale. Comment s’y prennent –ils ? Reportage !

« La vie humaine est sacrée parce que l’homme est créé à l’image de Dieu » (genèse1, 27), « … si la sentinelle voit venir l’épée, et ne sonne pas la trompette, si le peuple n’est pas averti, et que l’épée vienne enlever à quelqu’un la vie, celui-ci périra … » (Ezechiel 33 :6), « …l’homme est le berger de sa famille et il lui en sera demandé compte… », Verset rapporté par Al-Bukhary et Mouslim, « Avoir un enfant valeureux est mieux que d’avoir beaucoup d’enfants inefficaces » (sagesse africaine). Ces différents passages tirés des livres saints ou de la sagesse africaine ont été compilé dans un document appelé le « rapid musulman, coutumier, catholique ou protestant ». ces antiennes servent de support à des leaders d’opinions engagés au sein de l’union des religieux et coutumiers du Burkina de la santé et le développement (URCB/SD) pour la sensibilisation sur la pratique de la planification familiale auprès des communautés. Selon le Baloum Naba, un des « ministres » du chef des mossés, la tradition africaine reconnait la planification familiale. « L’espacement des naissances ou planification familiale n’est pas un concept importé que la civilisation moderne veut nous imposer. Au contraire, on le pratiquait sous d’autres formes à savoir la séparation du couple après une nouvelle naissance, la gestion de la sexualité dans la famille confiée aux belles-mères. Mais aujourd’hui avec, les nouvelles méthodes contraceptives, la femme peut vivre avec son mari sans risque de prendre une grossesse précocement et avoir le nombre d’enfants voulu», explique-t-il.

Pour être sûre de toucher les couples mariés, les séances de sensibilisation à la planification familiale organisée par l’union des religieux et coutumiers du Burkina de la santé et le développement se tiennent dans les lieux de cultes (églises et mosquées) et les cours royales. « Ainsi lors des séances de sensibilisations, l’URCB explique aux différentes communautés que l’espacement des naissances bien conduit participe au bien-être de la famille et son non-respect peut conduire à un déséquilibre socio-économique. Grace au soutien des leaders de la localité, les populations adhèrent facilement à la cause », soutient le coordonnateur national de l’URCB/SD, Ouédraogo Guibrina, par ailleurs leader évangéliste. « En dehors des chrétiens qui prônent l’utilisation des méthodes naturelles (la méthode sympto-thermique, celle de bilings, le collier et le coït interrompu ou le Azl chez les musulmans, les autres communautés prônent toutes les méthodes pourvu qu’elles ne soient pas avortives en plus des méthodes traditionnelles. Les couples intéressés sont invités donc à se rendre dans les centres de santé. Toutes ces actions ont pu rehausser le taux de prévalence contraceptive qui était de 22,5% en 2015 à environ 30% pour un objectif de 60% d’ici 2030 » renchérit le Baloum Naba.

La jeunesse invitée à une procréation responsable

Cependant, la jeunesse n’est pas en reste. « Nous croyons que les cas de grosseses précoces, nons désirées ou de refus de paternité constaté chez les jeunes sont liés au manque d’information vraie à leur intention. C’est pourquoi nos actions consistent à amener ces jeunes à comprendre le fonctionnement de leur corps et à améliorer la communication parent –enfant car le véritable mal est la difficulté des parents à communiquer avec leur progéniture sur la sexualité et la santé de la reproduction », précise M. Ouédraogo. Pour cela, les leaders religieux et coutumiers ont développé le concept de la « procréation responsable ». Une manière de l’avis de Mme Fatoumata Ouattara de la communauté musulmane, d’amener cette jeunesse à comprendre le danger d’une sexualité précoce. « Selon les prévisions, le faible recours à la procréation responsable verrait le nombre de pertes de vies des mères passer de 2364 en 2010 à plus de 8300 en 2050. En revanche, la procréation responsable permettrait de voir ce nombre baisser à moins de 1500 en 2050 avec près de 103 000 décès maternels évités d’ici 2050 » déclare-t-elle. Pour ce faire donc, ce sont des conférences débats, des séminaires de formation qui sont organisés sur l’éducation sexuelle et les valeurs morales et cela à travers les différentes structures de jeunesse tel que la JEC (Jeunes étudiants catholiques) et l’AEEMB (l’Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina). « L’abstinence avant le mariage est la valeur morale conseillée à cette jeunesse » recommande Fatoumata Ouattara. A chaque fois que l’occasion se présente, ces leaders profitent sensibilisés les jeunes. « La preuve, rien qu’en début du mois d’août, nous avons formé les encadreurs des organisations des jeunes sur les compétences de vie courantes qui prennent en compte tous les domaines de la vie de la jeunesse », indique le coordonnateur de l’URCB/SD. Pour Mme Ouattara, depuis l’intervention de l’Union, le constat est que le taux des grossesses en milieu scolaire dans la région des Cascades a considérablement baissé. « En tant qu’étudiante ayant bénéficié des activités de l’URCB/SD, je profite dès que l’occasion se présente pour partager les informations sur la santé sexuelle et reproductive avec les autres filles. On a même crée un groupe WhatsApp à travers on discute de différentes thématiques » témoigne, l’étudiante, Aicha Maiga.

De l’avis de GUIBRINA Ouédraogo, certes les résultats ne sont pas quantitatifs mais le changement de comportement commence par la connaissance, par l’engagement. Le futur nous montrera que les leaders religieux se sont engagés et que cela a eu un impact sur la vie des populations. Déjà, l’engagement de l’Union lui a valu un soutien financier d’autres acteurs fortement impliqués dans la promotion de la planification familiale à l’image de AGIR/PF, confie Mme Ouattara.

L’union des religieux et coutumiers du Burkina de la santé participe également aux instances nationales de décisions sur la planification familiale et la santé sexuelle et reproductive. Elle est aussi partie prenante de l’équipe de rédaction du rapport national sur la santé de la population. Les approches des leaders réligieux et coutumoiers du sénégal et du burkina faso se ressemblent à quelques détils près. En effet les leaders du « Pays des Hommes intègres » s’adressent aux jeunes par le biais des structures de jeunesse contrairement à ceux du Sénégal qui ne s’adressent uniquement qu’aux couples mariés.

Fleur BIRBA
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