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Décès des onze personnes dans les locaux de la police: « Pour survivre, il a bu ses propres urines pour étancher un peu sa soif »

Publié le lundi 26 aout 2019  |  NetAfrique.Net
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© Autre presse par DR
Matériel de sonorisation saisi en fin décembre 2018 par la police municipale de Ouagadougou
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Dans la nuit du lundi 14 au dimanche 15 juillet 2019, onze personnes gardées à vue trouvaient la mort dans les locaux de la brigade antidrogue de la police nationale de Ouagadougou. Cela créa une grande émotion dans l’opinion publique nationale, voire internationale.
Dans la foulée, les autorités avaient pris des mesures administratives en relevant de leurs fonctions le commandant de la brigade antidrogue et la directrice de la police judiciaire. Une autopsie a été commandée et une enquête judiciaire ouverte.

Les survivants à ce drame avaient été transférés à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Par la suite, un bon nombre d’entre eux a été libéré.

Nous avons fait des pieds et des mains pour rencontrer l’un d’eux. On va l’appeler Karim Sawadogo, pour cacher son identité. Il a accepté de nous parler de ce qui s’est passé dans la cellule de l’antidrogue en cette nuit fatidique du 14 au 15 juillet 2019.

Selon Karim Sawadogo, dans la soirée du 6 juillet 2019, il était à la maison en train de regarder un match à la télé avec des amis. Il y avait de la bonne humeur. Mais tout d’un coup, la police a débarqué en expliquant que ce groupe est soupçonné de consommer de la drogue. Naturellement les jeunes ont nié ces affirmations et la fouille de leurs poches a été infructueuse.

Mais sûre de son fait, parce que bien tuyautée, la police ne va pas pour autant lâcher l’affaire. Les flics ont poursuivi les fouilles de la maison et lorsqu’ils se sont rendus à l’arrière de la cour, ils ont été édifiés, car c’est là-bas que se trouvait la came.

Karim Sawadogo et ses compagnons sont interpellés et conduits à la brigade antidrogue qui venait de frapper ainsi un grand coup avec une trentaine de personnes dans la nasse. Elles sont alors toutes placées en garde à vue pour des faits de consommation et de vente de stupéfiants.

Quelques jours plus tard, soit exactement dans la nuit du 14 au 15 juillet, onze des gardées à vue vont trépasser. Karim Sawadogo soutient que ces compagnons sont morts de chaleur et de soif. Il déclare qu’ils ont longtemps tambouriné sur la porte en réclamant de l’eau mais que les gardes sont restés sourds à leurs supplications. Par la suite, l’air serait devenu irrespirable au point que tout le monde suffoquait. Karim affirme que peu après 21 heures, certains de ses camarades ont commencé à perdre connaissance.

En larmes, il a déclaré que le lundi 15 juillet 2019, lorsque les policiers ont ouvert la porte de la cellule, c’était le soulagement total. « Pressés d’humer l’air frais du dehors, certains d’entre nous ont enjambé, sans le savoir, des corps sans vie. Mais voyant qu’il y avait des gens qui étaient toujours couchés à terre, les policiers nous ont donné l’ordre de réveiller ceux qui dormaient. Mais nos tentatives de les réveiller sont restées vaines. C’est alors que les policiers nous ont demandé de retirer les corps ».

Parce qu’il avait un de ces bons petits parmi les victimes, Karim n’a pu supporter cette « corvée » et il en a été dispensé par les policiers.

Karim Sawadogo est toujours sous le choc de ce qu’il a vécu cette nuit-là. Il a même déclaré que, pour survivre, un de ses amis lui a confessé avoir bu ses propres urines pour étancher un peu sa soif.
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