Che Guevara, Thomas Sankara. Houon Ange Didier, alias Dj Arafat, est entré dans le mythe par la mort violente… à 33 ans au lendemain de l’ascension du Mont Arafat par les pélérins du côté de l’Arabie Saoudite. Autre signe… Comme tous ces héros, le Commandant Zabra est parti comme il a vécu : en inscrivant son nom dans les annales de l’Histoire. Les héros meurent jeunes, qui plus est si cette mort intervient à l’âge canonique de 33 ans comme le Christ et au floruit de sa gloire, alors forcément, le mythe et la légende font jonction.
Et tout comme en politique le Che avec son célèbre bonnet devenu l’icône des idéalistes politiques, où le fringant capitaine burkinabè, avec son béret vissé sur la tête, Dj Arafat sera également une figure totémique de jeunes en matière artistique
Comme son défunt ami «Jonathan», dont l’hommage s’est engorgé des notes de son premier tube, Yorobo est parti vers le voyage céleste en chevauchant une moto. Les cavalcades, les acrobaties sur ces gros engins étaient son sport favori. Une passion de la moto qui l’a conduit plusieurs fois au pays des accidents. Ce 11 août était l’ultime bravade à la mort. Après qu’il a percuté violemment un véhicule après un dernier voltige sur sa bécane vrombissante.
Arafat DJ est donc décédé. Au grand étonnement de ses fans, sa « Chine », qui n’y croient toujours pas. Signe de leur incrédulité, portés sur les ailes de la rumeur, ils ont été capables de remettre en cause jusqu’à la véracité d’un communiqué officiel signé du ministre de la culture, annonçant le départ sans retour de leur Daishi.
A l’image d’un autre artiste ivoirien Douk Saga, emporté aussi à l’âge de 32 ans, Arafat DJ est un phénomène africain. De ses fans à ses détracteurs, il ne laissait personne indifférent. Et rares sont les Africains qui diront qu’ils ne le connaissent pas. Ses clashs, ses prises de bec, ses humeurs, ses amours, ses frasques, ses disputes, ses coups de gueule, sa maestria musicale ont constitué les briques qui ont construit l’univers du fils de l’artiste Tina Glamour.
Le défunt fondateur du «Coupé-décalé» pourra tirer son chapeau, auprès du Créateur, à ce fidèle disciple qui a su porter très haut le flambeau de ce pas de danse qui fait la fierté de la Côte d’Ivoire et qui en est devenu l’emblème. C’est en effet un trésor culturel que brandissent les habitants de l’Eburnie, laquelle musique a pu tenir tête à la rumba et au ndombolo congolais qui avaient submergé les berges de la Lagune Ebrié.
On l’aime ou on ne l’aime pas, Arafat DJ a été ce qu’il a voulu être, un être humain avec ses qualités et ses défauts. Une star avec ses foucades, mais aussi ses qualités incommensurables. Certains diront qu’il vivait dangereusement, parfois insolemment, mais c’est ce qui participe à forger sa personnalité, son image et le différencie des autres. C’est également la marque de fabrique des héros dont la vie est une question non de longueur, mais d’intensité !
De ses bévues et ses succès, chacun pourra en tirer sa propre leçon. Quant à lui, le patron de la «Yorogang» a imposé son style, il a gravé son nom dans le marbre de l’histoire et il passera à la postérité comme un révolutionnaire de la musique. Dans le panthéon bigarré des héros et mythes, il aura bien sa place aux côtés des Guevara, Sankara… Salut l’artiste !