"Des cas confirmés de fièvre jaune ont été détectés en Côte d'Ivoire, principalement dans le district autonome d'Abidjan. Au total 89 cas, dont 1 décès, ont été enregistrés", a indiqué dernièrement, dans un communiqué, le ministère de la Santé ivoirien. Pas plus tard que lundi, les autorités sanitaires du Burkina Faso ont, elles aussi, dans un communiqué, lancé l’alerte, informant les populations de l’existence de l’épidémie en pays voisin et les invitant à prendre des dispositions pour s’en prémunir, notamment en se faisant vacciner. C’est dire que la maladie frappe à nos portes, et il vaut mieux être sur ses gardes. Ce qu’il faut savoir de la fièvre jaune.
Les Burkinabè ont des raisons de s’inquiéter de l’épidémie de fièvre jaune actuellement en Côte d’Ivoire. Car comme le dit quelqu’un, « quand il pleut à Abidjan, Ouaga est mouillée ». Les deux pays, frontaliers, liés par des relations séculaires, partagent tout, même… la maladie. Selon des données de l'OMS, en 2005, le Burkina et la Côte d’Ivoire ont simultanément fait face à une épidémie de fièvre jaune. Une autre épidémie a encore frappé, trois ans plus tard, le Pays des hommes intègres. Depuis des années, on n’avait plus entendu parler de propagation jusqu’à ce que l’information sur l’épidémie du côté de la lagune Ebrié mette la peur au ventre des Burkinabè. Il est clair que le Burkina n’ira pas jusqu’à prendre des mesures drastiques comme la fermeture de sa frontière par exemple pour barrer la route à la maladie, mais il est du devoir des autorités sanitaires d’informer les populations de ce qui se passe et de les inviter à prendre les précautions nécessaires.
La fièvre jaune, vous connaissez ?
La fièvre jaune est une maladie virale causée par la piqûre de moustiques du genre Aedes aegypty, les mêmes qui transmettent le zika et la dengue et qui ont la particularité de piquer dans la journée. Ces espèces vivent dans des habitats différents, certaines se reproduisent autour des maisons (domestiques), d’autres dans la jungle (sauvages) et d’autres encore dans les deux types d’habitats (semi-domestiques). La fièvre jaune sévit dans les régions tropicales d’Afrique et des Amériques. La saison des pluies est propice à la reproduction des moustiques. Il est à noter que la Côte d’Ivoire, qui est en fin d’hivernage, fait aussi face à une recrudescence des cas de dengue.
Les signes
Parfois asymptomatique, la fièvre jaune peut être très grave. Les symptômes de la maladie sont notamment la fièvre, des douleurs musculaires, des céphalées, des frissons, l’anorexie, des nausées et des vomissements qui apparaissent 3 à 6 jours après l’infection. Lors de cette phase, dite aiguë, la plupart des malades voient leur état s'améliorer et les symptômes disparaissent au bout de 3 à 4 jours. Cependant, dans quelques cas, l’infection peut être sévère: la fièvre réapparaît, le malade devient ictérique et des hémorragies peuvent se produire, avec notamment du sang dans les vomissures. La moitié environ des malades au cours de cette phase meurent au bout de 10 à 14 jours.
Transmission
Comme déjà dit, la maladie est transmise par un moustique et non d’une personne à l’autre. De grandes épidémies de fièvre jaune surviennent lorsque des sujets infectés introduisent le virus dans des zones très peuplées avec une forte densité de moustiques et où la plupart des gens sont peu ou pas immunisés. Dans ces conditions, les moustiques infectés transmettent le virus d’une personne à l’autre.
Prévention
Il n'existe pas de traitement spécifique à la fièvre jaune. La vaccination est fortement recommandée à titre préventif pour les voyageurs qui se rendent dans des pays d’endémie et aux habitants de ces pays. Il existe un vaccin très efficace et sûr. Une seule dose de celui-ci confère une immunité durable (en Afrique le vaccin protège pendant une durée de 10 ans). L’immunité est efficace dans les 30 jours pour 99% des sujets vaccinés. Au Burkina, le vaccin contre la fièvre jaune coûte environ 4000 FCFA. Il est donc important de vacciner la majorité de la population exposée au risque pour prévenir la transmission dans une région où sévit une flambée de fièvre jaune. De même, dans les pays non encore atteints, c’est le moment de prendre les mêmes dispositions. Toutefois les enfants de moins de 9 mois, les femmes enceintes (sauf au cours d’une flambée quand le risque d’infection est élevé), les personnes présentant des allergies graves et les personnes présentant une immunodéficience grave due à l’infection au VIH/Sida sont exclus de la vaccination.
La prévention au plan individuel passe aussi par la lutte contre les moustiques. Il s’agit notamment de la destruction des gîtes de moustiques dans les concessions et aux alentours. Le port de vêtements de couleur claire, couvrant au maximum la peau, et l’utilisation de répulsifs sont également recommandés afin d’éviter les piqûres de moustiques.