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Me Latif Dabo à Diendéré : «Si le tribunal vous condamne, l’histoire vous réhabilitera»

Publié le vendredi 2 aout 2019  |  Sidwaya
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© aOuaga.com par A.O
Sortie de promotion à l`Ecole nationale de Police
Mardi 6 août 2013. Ouagadougou. Une cérémonie de sortie de promotion a eu lieu à l`Ecole nationale de Police. Photo : Général Gilbert Diendéré, parrain de la promotion
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Les conseils du général Gilbert Diendéré l’ont défendu hier jeudi 1er août 2019 devant le tribunal militaire contre les accusations de meurtres, de coups et blessures volontaires et de trahison.

Les infractions de conséquence issues de l’article 67 du Code pénal ancien et la décision du Conseil constitutionnel sur l’inconstitutionnalité de cette disposition ont encore été au menu de l’audience d’hier jeudi 1er août 2019 au tribunal militaire de Ouagadougou. Première à plaider pour le général Gilbert Diendéré, Me Maria Kanyili s’est dit satisfaite du verdict du conseil en ce qu’il affirme que dans le fameux article, il ne s’agit pas de rendre une personne systématiquement responsable d’infractions commises par une autre, et que l’accusation doit prouver la participation individuelle et personnelle de l’accusé.

A en croire l’auxiliaire de justice, l’analyse des sages est différente du raisonnement du parquet qui, dès qu’il charge un accusé d’infractions d’attentat à la sûreté de l’Etat ou de complicité de cet attentat, le poursuit systématiquement pour meurtres, coups et blessures volontaires. L’avocate a du reste soutenu qu’en l’espèce, l’accusation n’ayant pas pu établir la participation du général Diendéré aux meurtres, coups et blessures volontaires ou que celui-ci a ordonné la commission des faits, ces infractions ne sont pas constituées à l’égard de l’officier. Ce dernier doit, suivant la jurisprudence de la Cour pénale internationale (CPI) dans l’affaire Laurent Gbagbo et Blé Goudé, être acquitté, selon la femme de droit. Pour sa part, Me Mathieu Somé a argué que le parquet a raisonné comme si l’on était en présence d’infractions de conséquence, alors que dans le droit positif burkinabè, ce sont seulement le recel et le blanchiment qui sont ainsi qualifiés. «Mieux placé pour assumer le putsch» Il a ajouté que la logique du ministère public a été balayée du revers de la main par le Conseil constitutionnel.

«Le procès du putsch n’est pas spécial. Quand les éléments constitutifs des infractions ne sont pas là, il faut acquitter.», a-t-il martelé. Il a poursuivi que même dans le cas de crimes de masse, on recherche l’intention criminelle du supérieur hiérarchique qui ne sera responsable que s’il n’a pas pris les dispositions pour arrêter les tueries. Dans le cas du putsch, a expliqué Me Somé, Gilbert Diendéré a assumé le coup de force à la demande de la hiérarchie qui le considérait comme «mieux placé» à cet effet, et s’était engagée à maintenir l’ordre. Intervenant sur l’infraction d’incitation à commettre des actes contraires au règlement et à la discipline, Me Latif Dabo a indiqué que celle-ci s’opère par la provocation, le don d’argent ou de biens précieux, la promesse de quelque chose en retour, la menace ou l’ordre direct et précis.

Revenant aux faits, objet du procès, il a fait savoir que le général Diendéré a demandé l’accompagnement de la hiérarchie et des éléments de l’ex-RSP, une requête qui laissait aux intéressés le choix de refuser. Au sujet de la trahison, Me Dabo s’est étonné que le ministère public ait osé concevoir que le général a trahi le pays qu’il a défendu toute sa vie. Partant de définitions doctrinales, il a soutenu que la trahison suppose que le Burkina Faso soit en guerre avec un autre pays dont des ressortissants ont été en contact avec son client. «Trahison suppose état de guerre» A ses dires, des appels téléphoniques entre Diendéré et des officiers ivoiriens, togolais et des membres du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), il ne ressort aucunement que l’officier a porté les armes contre l’Etat burkinabè ni facilité l’atteinte à l’intégrité territoriale du pays ni fourni les moyens ou renseignements à une puissance étrangère contre le Burkina Faso. «Si le tribunal vous condamne, l’histoire vous réhabilitera», s’est-il adressé à son client.

De son côté, Me Olivier Yelkouni, a demandé au tribunal de se démarquer de l’opinion qui s’attend à la condamnation de «Golf» dans cette affaire surmédiatisée. Il a par ailleurs regretté qu’après avoir constaté que le matériel de maintien d’ordre et l’argent reçus par le prévenu visaient à consolider le putsch, l’arrêt de renvoi devant le tribunal ait retenu qu’il s’agissait de trahison. Infraction qui, d’après Me Yelkouni, suppose que l’accusé se soit enrôlé dans une armée en guerre contre le Burkina Faso et ait agi pour servir les intérêts de la puissance étrangère en question. S’agissant de l’intelligence avec une telle puissance, l’avocat a avancé que dans les appels téléphoniques du général avec des acteurs ivoiriens et maliens, il n’était nullement question d’engager des troupes étrangères au Faso ou de leur fournir des moyens contre son pays. Constatant que la trahison n’est donc pas constituée, il a demandé l’acquittement pour le supposé auteur principal du putsch. Les plaidoiries des avocats de ce dernier se poursuivent ce matin, 2 août, à partir de 9 heures.
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