L’idylle entre les frères Sawadogo (Issaka et Dramane) et Blaise Compaoré ne tient plus qu’à un fil. En cause, le retournement spectaculaire de veste de la famille Sawadogo au profit du régime de Ouagadougou dont on sait l’animosité vis-à-vis de l’ex-président du Faso. Ce, malgré les gages de bonne volonté de ce dernier à soutenir la promotion de la paix au Burkinabè.
En effet, selon nos informations, Blaise Compaoré serait devenu très méfiant vis-à-vis des hommes d’affaires, Issaka Sawadogo et de son petit frère Dramane Sawadogo. Non pas qu’il leur reproche, en bon démocrate, de vouloir militer ailleurs, ni de tirer par le bas le parti qu’il a créé et dont il assure, depuis le 7éme Congrès, la présidence d’honneur, mais par crainte que la famille Sawadogo qui avait jusque-là accès à lui ne devienne un vecteur de transmission ou de fuite d’informations qui pourraient être exploitées par le régime MPP.
Fin tacticien, hérité de sa longue expérience militaire, Blaise Compaoré qui parle très peu en public n’aurait plus vraiment intérêt à ouvrir ses portes à ceux qui pensent à la fois pouvoir le fréquenter ici à Abidjan et en faire autant à Ouaga avec ses adversaires politiques. L’époux de Chantal Terrasson de Fougères qui se sait épié par les grandes oreilles burkinabè et ivoiriennes, n’est pas homme à s’accommoder des personnalités passe-partout. Pas surtout dans le contexte où il vit en exil chez ses beaux-parents.
En vérité, la méfiance de l’ex-président du Faso n’est pas circonscrite à la seule famille Sawadogo. Depuis pratiquement près d’une année, le natif de Ziniaré, filtre les personnes et les personnalités qu’il reçoit à sa résidence cossue de Cocody. Bien de personnalités en quête d’audience auprès de lui ont dû séjourner, ces derniers mois, des jours durant dans des hôtels à Abidjan et sont reparties sans avoir eu accès à lui.
Tirant les leçons des ballets incessants chez lui, mais également des accusations ouvertes du régime MPP à son encontre, Blaise Compaoré, faut-il le rappeler, avait écrit au président Kaboré, en mars 2019. Dans ce courrier porté par le ministre ivoirien de la défense, Hamed Bakayoko, il indiquait sa disponibilité à apporter sa modeste contribution à la quête de la paix au Burkina Faso. Mais visiblement prisonnier de son orgueil et de celui de son clan, le locataire de Kosyam peine à faire un sort à l’offre de paix de son prédécesseur.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ancien homme fort de Ouaga vit une situation peu enviable. De fait, perçu comme un ”pigeon” à plumer par nombre de ses compatriotes qui voient en lui un ”tas de billets de banque”, haï par le régime MPP qui le soupçonne d’être de connivence avec les djihadistes, l’homme vit un drame intérieur. Pour lui, l’exil se double de tourments supplémentaires dont il se serait bien passé.