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Procès du putsch «On nous conduit vers une vérité préétablie», Me Somé

Publié le jeudi 1 aout 2019  |  Sidwaya
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© Le Reporter par Aimé Nabaloum
Procès de la répression de l`insurrection populaire : l`audience renvoyée au 4 mai
Jeudi 27 avril 2017. Ouagadougou. La Haute cour de justice a renvoyé au 4 mai le procès des membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré poursuivis pour la répression de l`insurrection populaire de fin octobre 2014
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Le procès du putsch a repris le lundi 29 juillet 2019, après que le Conseil constitutionnel a rejeté le recours du général Gilbert Diendéré contre l’inconstitutionnalité de l’article 67 du code pénal ancien. Les conseils de l’accusé ont dénoncé une instruction du dossier non conforme à la loi et en violation des droits de la défense.

A l’ouverture de l’audience, le lundi 29 juillet 2019, le président du tribunal s’est assuré que les conseils du général Gilbert Diendéré ont reçu notification de la décision du Conseil constitutionnel, rejetant leur recours contre la constitutionnalité de l’article 67 du code pénal ancien. Il a ensuite donné la parole au parquet qui a requis que ladite disposition ne soit pas écartée et que la reprise des plaidoiries soit ordonnée. Les avocats des parties civiles, eux, n’ont pas eu d’observations à faire. Les plaidoiries à proprement dites ont débuté par Me Paul Kéré. «Le putsch a eu lieu parce que le Gal Diendéré, eu égard à ses attributions, s’est senti interpellé pour encadrer ce qui se passait. Il a été embarqué dans les faits par les éléments venus le chercher à son domicile», a-t-il soutenu. L’avocat a ensuite révélé que le défunt Salifou Diallo avait tout fait pour que son client fasse un coup d’Etat contre l’ancien président Blaise Compaoré et qu’en militaire loyal, il avait toujours refusé. «M. le président, notez que Diendéré n’a été ni de près ni de loin mêlé à l’acte originaire du coup de force. Je mets quiconque au défi d’apporter un élément factuel montrant qu’il a pris l’initiative du putsch», a argumenté Me Kéré. Il a dit considéré qu’une décision courageuse d’acquittement, certes surprenante mais juridiquement fondée, sera prise par les juges du tribunal à qui il a demandé de tenir compte du fait que son client est un «officier de valeur qui a évité un bain de sang au peuple burkinabè». Son confrère, Me Mathieu Somé, a mis en cause la légalité de la procédure qui aurait dû être annulée. A ses dires, l’instruction a été marquée par des incidents d’irrégularités entre les juges qui s’en sont chargés et le parquet, entre les magistrats eux-mêmes et entre les magistrats et certains accusés. «Le juge d’instruction n’a pas instruit à charge et à décharge comme le veut la loi. Il s’est attaqué aux droits de la défense en refusant la constitution d’avocats étrangers», a souligné l’auxiliaire de justice. Il a ajouté que l’affaire est marquée depuis le début par l’iniquité dans laquelle les actes de procédures sont accomplis et les pièces apportées par les accusés rejetées. «On nous conduit vers une vérité préétablie. Dans le dossier, il y a de fausses pièces issues d’actes de procédure illégaux. C’est un faux dossier traficoté, accompagné d’un tapage médiatique orienté», a-t-il indiqué.

Diendéré, le mouton sacrificiel ?

Me Somé s’est, par ailleurs, interrogé au sujet du poids de l’opinion publique sur le tribunal. «Pouvez-vous juger sereinement ? Serez-vous assez fous pour prononcer un acquittement du général Diendéré ?», a-t-il lancé, avant de demander aux membres de la juridiction de douter, en tant qu’êtres pensants, des pièces apportées par le parquet. Concernant l’infraction d’attentat à la sûreté de l’Etat dont son client est chargé, l’homme de droit a argué que les juges d’instruction se sont trompés sur les faits, car le régime de la Transition, alors interrompu, n’était pas légal. Ce régime, selon lui, n’était pas issu de la Constitution, source de tout pouvoir légal et légitime. Sur la même lancée, Me Latif Dabo a soutenu que l’infraction d’attentat n’est pas constituée, car elle était impossible à commettre en l’absence d’un régime légal. A l’entendre, le Gal Diendéré s’est toujours montré disponible en s’impliquant dans la résolution des multiples crises qui ont émaillé l’ex- Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Leur client, a-t-il poursuivi, a dit qu’il accepte endosser la responsabilité du coup de force, à condition que la hiérarchie militaire l’accompagne en assurant le volet sécuritaire. Toute chose qui, pour Me Dabo, a été approuvée par la hiérarchie. «Le principal accusé est le mouton sacrificiel. Il était présenté comme le sauveur contre les agissements de l’ancien Premier ministre, Yacouba Isaac Zida», a relevé l’avocat. Dans toute la procédure, a-t-il signalé, rien ne prouve que Diendéré a commandité et exécuté un putsch. Toutefois, il dit reconnaître que leur client a assumé le pouvoir vacant pour éviter que le pays ne sombre dans le chaos. «C’est la hiérarchie militaire qui l’a supplié d’assumer la responsabilité du coup d’Etat», a clamé Me Dabo. Pour lui, si le fait que leur client a assuré la vacance de pouvoir et a été porté à la tête du Conseil national de la démocratie (CND) est un acte condamnable, il a demandé au tribunal de lui accorder des circonstances atténuantes. A son avis, le Gal devrait être félicité pour son implication dans la résolution des crises au sein de l’ex-RSP. Pour des raisons d’indisponibilité de la salle des Banquets de Ouaga 2000, l’audience a été suspendue et reprendra le jeudi 1er août à 9 heures.
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