À plusieurs reprises, le président burkinabè a dénoncé les «liens» et même le «deal» qu’auraient passé son prédécesseur et les groupes qui harcèlent le pays. Pour Compaoré, c’en était trop. Profondément agacé, il est sorti de son silence, d’abord par un communiqué, puis par une lettre personnelle à Kaboré. Dans cette missive transmise en avril, il témoigne aussi de « sa disponibilité et de son soutien » pour aider à endiguer l’insécurité grandissante.
Au fond, il espère quitter Abidjan dès que possible. D’autant que, à l’aune d’une présidentielle très incertaine, la Côte d’ivoire ne semble plus être le gage d’une protection sans faille : ses relations se sont compliquées avec Alassane Ouattara. Il voit toujours le président ivoirien de temps à autre, comme plusieurs des piliers du régime, Marcel Amon Tanoh, le ministre des Affaires étrangères, ou Amadou Soumahoro, le président de l’Assemblée nationale tous deux sont de vieux amis. Mais la rupture entre Ouattara et Guillaume Soro, qui considère Biaise Compaoré comme son père, a mis de la distance. Le Burkinabè a d’ailleurs tenté de réconcilier les deux hommes, en vain.
Tentatives de rapprochement
En coulisses, plusieurs intermédiaires s’activent discrètement pour tenter de rapprocher Biaise Compaoré de Roch Marc Christian Kaboré, et lui permettre de rentrer au nom de l’unité et de la réconciliation nationales. « Il veut aider son pays, explique l’un de ses intimes. Quand on était ensemble avec Roch, le Burkina allait mieux. Il faut qu’on se retrouve. » Car en réalité, Compaoré ne rêve que d’une chose : retourner chez lui. à Ziniaré. « Il est prêt à faire face à la justice pourvu qu’elle soit impartiale, jure l’un de ses conseillers. Il veut aller dans son village et se reposer. Il est tellement fatigué d’Abidjan… » Pour l’instant, le président burkinabè n’a pas souhaité répondre.