Dans quelques jours, l’Arabie Saoudite sera le point de convergence de nombreux fidèles musulmans du monde entier pour le pèlerinage à La Mecque. Au Burkina Faso, 4380 pèlerins y sont autorisés à accomplir le 5è pilier de l’islam. Cependant, le déplacement en terre sainte a toujours suscité des interrogations, tant l’organisation du hadj connaît, ces dernières années, son lot de frustrations, de découragements et de regrets... Cette année, les acteurs impliqués dans l’organisation s’y sont pris tôt, mais la balle est toujours dans le camp des avionneurs.
En raison de contraintes en Arabie Saoudite, le quota des pèlerins par pays a été réduit en 2013, de 20% pour l’accomplissement du 5è pilier de l’islam. De fait, le Burkina Faso n’est autorisé à y convoyer que 4380. Pour ce faire, douze agences de voyage ont été mobilisées pour la circonstance ainsi que deux compagnies de transport, à savoir Ethiopian Airlines et Colomb Airlines.
Afin d’éviter les désagréments constatés par le passé, les acteurs impliqués ont joué la carte de l’anticipation. « Cette année, on s’y est pris tôt. Les pèlerins ont compris et les recrutements sont aujourd’hui terminés. Les passeports sont en train d’être faits et l’Arabie Saoudite nous promet les visas pour la semaine prochaine », indique le représentant des agences de voyage, El Hadj Issoufou Ouédraogo. Pour le président de l’agence, Sana voyages, Abdouramane Sana, son quota de 1040 a été atteint et l’argent a déjà été versé au comité. « Nous avons réglé les locations de maison à Médine et à La Mecque et nous avons les reçus pour le prouver. Nous n’attendons que le programme de départ et d’arrivée », rassure-t-il.
A l’en croire, les formations des pèlerins, ainsi que les séances de vaccination ont démarré dans les grandes villes du pays. « Nous avons rempli notre part de contrat avec les pèlerins », soutient-il. Par ailleurs, il a précisé que les inscriptions sont arrêtées. « Au stade actuel, nous sommes sur le bon chemin. Le recrutement est arrêté depuis le 15 aout 2013 et la totalité des agences a procédé au versement des frais des billets d’avion avant le 22 août », affirme le président du comité national de suivi du pèlerinage à La Mecque, Mahamadi Ouédraogo.
Pour des responsables d’agences, l’expérience est un acquis pour eux dans la réussite de l’évènement. « Cette année, nous restons dans les mêmes logements, c’est donc un avantage », se réjouit la présidente de l’agence Zahra voyage, Adja Fatimata Bagué dont le quota de 280 pèlerins a été également atteint. « Nous sommes dans le domaine depuis longtemps. Le hadj est une prescription divine et si l’on s’y donne avec honnêteté, tout se passera bien », suggère M. Sana.
« Etre en Arabie Saoudite, une semaine avant… »
Selon M. Ouédraogo, les agences ont été réparties en quatre lots dont les têtes de groupes sont Sana voyage, Zahra voyage, Africa voyage et Golf Tour, avec respectivement 1320, 903, 1078, 1079 pèlerins. Selon lui, ce sont ces agences qui sont habilitées à signer les contrats au nom des autres membres. Une mesure qui, à son avis, facilite les opérations. Concernant la confection des passeports, Mahamadi Ouédraogo affirme que les équipes ont été renforcées et tout se déroule normalement. Aussi, les groupes d’agences ont pris attache avec l’ambassade de l’Arabie Saoudite pour les visas.
Du côté de l’aéroport, les techniciens s’affairent à accueillir les pèlerins dans de meilleures conditions. Pour le gestionnaire des aéroports du Burkina Faso pour le compte de l’ASECNA, Moumouni Barro, les passagers sont nombreux et les contraintes physiques de l’aéroport commandent de chercher une alternative. « Cette année, nous avons le soutien du président du Faso qui met à notre disposition un chapiteau. A l’heure actuelle, les techniciens se concertent sur les dimensions qui s’imposent », indique-t-il. Pour lui, les difficultés sont purement techniques, mais il rassure qu’ils seront dans les délais.
Pour ce qui est du transport des pèlerins, Ethiopian Airlines et Colomb Airlines ont été jugés aptes pour le respect des normes techniques exigées par l’aviation civile. Ceux-ci ont arrêté la date du 20 septembre prochain pour les premiers vols. Certains, selon Mahamadi Ouédraogo, ont proposé de décoller, bien avant. « Je préfère que tous les pèlerins soient en Arabie Saoudite, une semaine avant la fermeture des aéroports… », lance le directeur qualité, sûreté, sécurité de la compagnie Colomb Airlines, Timothée Sawadogo.
A l’en croire, sa société va affréter un Boeing 747 400 datant de 1998, avec une capacité de 453 places. Il a aussi avancé que les vols se tiendront dans des conditions sereines, de sorte à éviter les psychoses qui règnent souvent au sein des pèlerins. Cependant, Colomb Airlines est une nouvelle compagnie qui a obtenu son accréditation en 2012. C’est la première fois que cette société s’engage dans le transport de pèlerins, mais M. Sawadogo rassure être à la hauteur de la mission : « Nous sommes une compagnie relativement jeune, mais les acteurs ont une certaine expérience. Je suis dans l’aéronautique depuis 1982. J’ai officié à Air Afrique, ainsi qu’à Air Burkina ». La compagnie Ethiopian Airlines, elle, n’a cependant pas voulu échanger avec la presse sur l’état des lieux des préparatifs.
Des recommandations formulées
Si les agences de voyage se disent déjà prêtes, ce n’est pas le cas des avionneurs. Ils n’ont pas pu respecter la date limite de remise des slots (les programmes de voyage), prévu pour le 25 août 2013. « Jusqu’au lundi (ndlr : 26 août), nous n’avions toujours pas reçu les slots », dévoile Mahamadi Ouédraogo. Jusque-là, les agences de voyage n’ont pas encore reçu la confirmation du 20 septembre pour les premiers vols. « Nous n’attendons que le programme de départ et d’arrivée des passagers, ainsi que la compagnie qui en aura la charge », indique le directeur de Sana voyage. « Notre inquiétude majeure c’est que nous ne savons pas à quel moment nous allons partir », s’inquiète Adja Fatimata Bagué.
Les acteurs de l’organisation du hadj veulent tourner la page des pèlerinages sombres. C’est pourquoi les agences de voyage invitent les pèlerins à suivre, avec intérêt, les formations qu’elles organisent à leur intention. « Il ne faut pas se contenter d’écouter un ancien pèlerin car chaque année, les consignes peuvent changer », lance la présidente de Zahra voyage. El Hadj Abdouramane Sana a souhaité que le comité de suivi évite de se transformer en comité d’organisation, car cela entraîne, selon lui, des désagréments qui entachent le processus.
Pour le directeur qualité, sûreté, sécurité de la compagnie Colomb Airlines, Timothée Sawadogo, il faut un minimum d’organisation, aussi bien pour la compagnie aérienne que pour les autorités de l’aéroport. « Il faut faire en sorte de décoller à l’heure. Quand vous accusez des retards, il y a des problèmes pour la prise en charge de l’aéronef », indique-t-il. Il a aussi recommandé le respect des quotas arrêtés : « Les problèmes se posent, parce qu’il y a souvent plus de tickets vendus que de places disponibles. Cela entraîne alors des problèmes d’avion et de visas ». Cependant, Timothée Sawadogo avoue que l’organisation ne peut pas se passer sans difficultés. « Même au temps de Air Afrique quand nous avions l’exclusivité du transport des pèlerins, on rencontrait des difficultés », dit-il. C’est pourquoi, il invite les acteurs à une discipline partagée, à dévoiler leurs limites et à éviter les promesses intenables.
Une fois en terre sainte, M. Sawadogo propose que les tenues des pèlerins soient estampillées du nom de leur pays, afin de permettre leur identification. Il a également suggéré que les noms des pèlerins soient publiés en fonction des vols auxquels ils doivent prendre part.
Pour l’heure, rien n’est sûr que les dates prévues pour les vols soient respectées. Mais pour le président du comité de suivi du pèlerinage à La Mecque, un plan B n’est pas à écarter. En outre, il ajoute que des négociations sont en train d’être menées, afin que les femmes puissent emmener, cette année leurs enfants en bas âge.