Arrivée au Burkina Faso en octobre 2007, Monica Rinaldi s'est révélée au grand public à travers son engagement citoyen. Et ce, en dépit du fait que dans certains milieux elle se voit encore traitée «d'étrangère».
Quand Monica Rinaldi a atterri au Burkina Faso un jour d’octobre 2007, elle posait ses pieds pour la première fois en Afrique. Elle navait que 24 ans. C’est à Ouahigouya, dans le Nord du Burkina, qu’elle s’installe pour des recherches académiques. Ce qui la frappe d’emblée de façon positive, confie-t-elle, c’est «l'intérêt que chacun porte à son prochain, la facilité d’entrer en contact avec les gens».
Elle a par contre eu du mal à s’habituer à l’obstination de certains qui continuent de l'appeler «la Blanche». «Au début, raconte-elle, cela me faisait mal parce que je pensais que c'était de la stigmatisation du point de vue de la couleur de la peau. Mais maintenant, ça me dérange juste un peu.» Ce qui, selon elle, est «frustrant» et hostile aux efforts d'intégration: «On a beau essayé de s'intégrer, on te traite toujours comme une étrangère», regrette-t-elle.
Aujourd'hui la polyglotte Rinaldi en plus de l'italien, du français et de l'anglais, s’exprime bien en mooré. Ce qui lui permet de donner le meilleur d’elle-même dans le domaine de la santé publique au profit de «ses compatriotes Burkinabè», comme elle tient à le préciser. Après un Master 2 en économie du développement, elle est sur le point de boucler un doctorat en santé publique.
Son attachement au Burkina Faso qu'elle «ne voudrait vraiment pas quitter», lui a valu de vivre les dures réalités du chômage durant six mois à Ouagadougou en 2011, pour avoir refusé une affectation dans un pays voisin. C'est également mue par cet affection patriotique qu'elle s'est laissée emballer par le mouvement qui a conduit à l'insurrection populaire de fin octobre 2014.
Ce mouvement lui ayant permis de découvrir une société civile burkinabè suffisamment courageuse pour dénoncer des situations iniques et induire des changements qualitatifs, l'activiste Rinaldi s'est ensuite investie dans l'organisation de la «Chaîne de lumière», une marche qui s'est déroulée à Ouagadougou au lendemain de l'attaque terroriste du 15 janvier 2016.
Puis, elle a réussi avec ses camarades dont Raïssa Compaoré, Alain Traoré dit Alino Faso, Corine Kantiono, à offrir trois couveuses en avril 2017 et cinq autres le 23 octobre 2017, au ministère de la Santé. «Les huit couveuses que nous avons données, ne sont pas encore toutes en fonction. C'est quelque chose qui nous a vraiment alarmés, parce qu'il y avait une urgence», regrette Monica Rinaldi, qui confie aussi qu'une de ces couveuses «a été affectée à Gaoua, mais les autres, on attend de voir ce qui en est fait.»
L'autre point de regret de l'activiste de la société civile se rapporte au fait qu'«actuellement, chacun se croit son propre justicier». D’après elle, «il faut que les gens comprennent qu'être acteur de la société civile active ne veut pas dire qu'on est fondé à se faire justice soi-même.»
Mais, précise-t-elle «je suis quand même optimiste quant à l'avenir du Burkina.»