Une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement se réunissent ce 7 juillet à Niamey, au Niger, pour célébrer solennellement l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange continental en Afrique (Zlec) qualifiée par le chef de la commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, d’ « avancée historique ». Avec Jean-Joseph Boillot (1), économiste et spécialiste du monde émergeant, RFI revient sur les promesses et les incohérences de ce traité qui propose de changer le visage de l’Afrique en créant les conditions de son industrialisation et de la libéralisation de son économie. Entretien.
RFI : Qu’est-ce que la Zlec, une zone de libre-échange, comme le dit son nom ? Certains analystes parlent de « marché commun » ou d’ « union économique » ? Quel serait le terme le plus adéquat pour décrire le projet ?
Jean-Joseph Boillot : Le traité constitutif de la Zlec, soumis à la signature et ratification dès mars 2018, propose de créer une zone de libre-échange au sein de laquelle les pays s’entendent pour abaisser les barrières commerciales existantes entre eux. L’objectif est d’aller à terme vers une entité continentale qui ressemblera à l’Union européenne actuelle, c’est-à-dire vers une zone de libre-échange, doublée d’un marché commun caractérisé par la libre circulation des investissements et des travailleurs, et d’une union douanière qui implique une politique commerciale commune à l’endroit des pays extérieurs à la zone. Si les négociations sont bien avancées sur la question de la libre circulation des facteurs de production, elles s’avèrent particulièrement difficiles pour la création d’une union douanière. Pourquoi ? À cause des relations privilégiées que la plupart des pays africains entretiennent avec leurs partenaires européens et les nouveaux partenaires issus du monde émergeant, notamment la Chine. L’Union européenne qui a servi de modèle aux Africains est aussi partiellement une union économique, dotée d’une monnaie commune.... suite de l'article sur RFI