Les membres du dernier gouvernement de Luc Adolphe Tiao pourraient se retourner devant la Haute cour de justice d’ici octobre 2019. Pour répondre des faits qui leur sont reprochés dans le cadre de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Luc Adolphe Tiao et les membres de son gouvernement sont accusés d’avoir, au cours du dernier conseil des ministres autorisé le projet de loi portant révision de l’article 37 de la Constitution. C’est alors que les députés se sont réunis ce 30 octobre pour examiner ledit projet de loi qu’est intervenue l’insurrection populaire. Occasionnant ainsi des morts, des blessés et des dégâts matériels importants.
Ils devront, pour cela répondre devant la Haute cour de justice. A noter que le procès qui avait été ouvert, avait vite refermé ses portes parce que la Haute cour de justice devant laquelle ils devaient s’expliquer n’était pas légalement constituer pour connaître des faits qui leur sont reprochés. Ce qui avait conduit à la suspension du procès. S’il doit donc reprendre, cela voudrait dire que les choses sont enfin rentrer dans l’ordre. Pourvu que cela soit de bon.
Seulement, à l’approche des consultations électorales de 2020, ce retour des membres du gouvernement de Luc Tiao à cette date devant la Haute cour de justice pourrait être compris par des observateurs comme une manière de dire à ces caciques dont la plupart sont restés dans l’ancien parti au pouvoir, à savoir le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), de rester tranquilles, pour ne pas dire en dehors du jeu politique. En tout cas, s’ils ne veulent pas être menacés. Car, de plus en plus, certains d’entre eux ne font plus mystère de revenir sur la scène politique nationale. Publiquement d’ailleurs puisqu’ils s’affichent dans les meetings ou rencontres politiques.
Si tel devait être le cas, il faut s’attendre à ce que le landernau politique entre en ébullition car, certainement ces caciques et leurs soutiens ne se laisseront pas faire, aussi facilement. Surtout que de plus en plus, les langues se délient et les uns et les autres ont repris des forces, politiquement parlant. Le CDP, parti auquel ils sont nombreux à continuer d’appartenir, même s’il connaît une crise de convalescence, se positionne de plus en plus comme une force politique avec laquelle il faut compter aux prochaines élections. Raison de plus pour les adversaires de chercher à l’affaiblir. Quel que soit le moyen. En la matière, la reprise du procès de l’insurrection est le bienvenu.
Il est évident que ce procès ne pourra connaître son épilogue avant la fin des élections. Même si cela devait être le cas, les mis-en-causes risquent d’être condamnés à tel point qu’ils seront exclus du jeu politique. Exactement comme cela a été le cas en 2015, avec la loi Chérif que certains n’avaient pas hésité à qualifier de loi d’exclusion. Faut-il en arriver là alors que de plus en plus, on parle de réconciliation nationale? Tout près n’est pas loin, comme disent nos frères Ivoiriens.