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Paludisme: l’équipe du prix Nobel Tu Youyou obtient une percée dans la résistance à l’artémisinine

Publié le mercredi 3 juillet 2019  |  FasoZine
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Après plus de trois ans de recherche scientifique, l'équipe de Tu Youyou a proposé de résoudre le problème de la résistance à l'artémisinine en prolongeant notamment la durée du traitement de trois à cinq voire sept jours et en remplaçant les médicaments auxiliaires résistants aux médicaments contenus dans la thérapie combinée à l'artémisinine, a rapporté le même jour l'agence de presse Xinhua.

Les associations médicamenteuses à base d'artémisinine (ACT) sont les principales thérapies antipaludiques proposées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la principale arme mondiale contre le paludisme, mais la résistance généralisée aux parasites résistant à l'artémisinine a inquiété les scientifiques du monde entier.

Des recherches ont montré que dans les pays de la sous-région du Grand Mékong, tels que le Cambodge, la Thaïlande, le Myanmar et le Vietnam, le parasite présent chez les patients sous traitement périodique contre le paludisme montre des signes de lenteur dans son élimination et génère une résistance à l'artémisinine.

La résolution de la résistance à l'artémisinine revêt une grande importance, car l'artémisinine restera le principal médicament utilisé pour lutter contre le paludisme. Selon l'équipe de Tu Youyou, en raison de son faible coût, ce traitement convient aux personnes vivant dans une Afrique frappée par la pauvreté, et où le paludisme sévit.

L'artémisinine, un médicament antipaludique hautement efficace, sûr et peu toxique, est devenue le premier choix de la communauté internationale pour le traitement du paludisme.

C'est la découverte du composé anti-paludisme, l'artémisinine, qui a valu à la scientifique chinoise Tu Youyou le prix Nobel de physiologie ou médecine en 2015.

Selon le rapport mondial sur le paludisme publié par l'OMS le 19 novembre 2018, environ 219 millions de cas de paludisme sont survenus dans le monde en 2017, et 15 pays d'Afrique subsaharienne et l'Inde abritent près de 80% de la charge mondiale du paludisme.

Les recherches de Tu Youyou ont récemment été publiées dans le New England Journal of Medicine (NEJM)

La découverte de l'artémisinine

Une résistance aux précédentes générations de médicaments comme la chloroquine s'est généralisée au cours des années 1960. Dans ces circonstances, le gouvernement chinois a initié en 1967 un projet visant à trouver un nouveau remède au paludisme.

En 1969, Mme Tu a été nommée chef de ce projet. C'est alors qu'elle a commencé à combiner des techniques modernes avec la médecine traditionnelle chinoise pour trouver une thérapie efficace contre le paludisme.

Après avoir trouvé 380 extraits provenant de 2.000 remèdes potentiels, Mme Tu et ses collègues ont obtenu un principe actif nommé qinghaosu, connue sous le nom d'artémisinine en 1972.

Une combinaison de médicaments à base d'artémisinine constitue aujourd'hui le traitement classique contre le paludisme. L'artémisinine et ses dérivés figurent sur la liste des médicaments essentiels établie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Un médicament efficace contre le paludisme

Un tournant est survenu en l'an 2000 dans la lutte contre ce fléau mondial, grâce à l'emploi de cette thérapie, en association avec d'autres éléments antipaludiques, principalement en Afrique subsaharienne.

Le nombre de décès dus au paludisme a considérablement diminué depuis 2000 et le nombre de cas d'infection est également en diminution constante, avait annoncé l'OMS dans un rapport sur le paludisme publié en 2014. Entre 2000 et 2013, le taux de mortalité palustre a diminué de 47% dans le monde et de 54% en Afrique, où surviennent près de 90% des décès par paludisme.

Selon des experts, le médicament antipaludique chinois est plus efficace, moins toxique et mieux toléré par les malades, 95% des parasites de type Plasmodium présents dans le sang étant tués dans les 24 heures suivant l'administration de la dose indiquée.

Ces dernières années, le gouvernement chinois a offert quantité de médicaments antipaludiques à base d'artémisinine à des pays africains gravement affectés par le paludisme. "Ces médicaments sont venus au moment où la chloroquine avait prouvé son inefficacité", a déclaré le Dr Timothé Guilavogui, épidémiologiste et coordonnateur adjoint du programme national de lutte contre le paludisme en Guinée. Dans une interview accordée à Xinhua à Conakry (Guinée), il a estimé que la découverte d'une telle molécule est venue répondre à un problème de santé lié au paludisme, car, a-t-il dit, tout enfant dans les pays en développement qui accède à ces médicaments peut guérir à 100%.

Le paludisme est causé par un parasite, le Plasmodium, transmis par les moustiques anophèles qui en sont porteurs. Il se manifeste par de la fièvre, des maux de tête, des douleurs articulaires et des vomissements. Ces symptômes apparaissent généralement dix à quinze jours après la piqûre de moustique. En l'absence de traitement, le paludisme peut entraîner un décès rapide par les troubles circulatoires qu'il provoque. Les principales mesures de lutte contre le paludisme prévoient le traitement par des combinaisons de médicaments contenant de l'artémisinine, l'utilisation de moustiquaires imprégnées d'insecticide et la pulvérisation d'insecticide à effet rémanent à l'intérieur des habitations pour exterminer ou éloigner les moustiques vecteurs de la maladie.
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