Un conflit foncier, latent depuis des années, a dégénéré en affrontements meurtriers, le samedi 29 juin 2019, entre les populations de Sitiéna et celles du village voisin, Djongolo dans la province de la Comoé. Les premiers bilans, font état de 5 morts et plusieurs blessés dont certains par balles, un hameau de culture (Djongolo 3) dévasté et plusieurs dégâts matériels.
Les versions sur les causes de ces affrontements divergent au sein-même des belligérants. Cependant, on est unanime que ce sont deux conflits fonciers qui opposent Sitiéna et Djongolo. Le premier, qui date déjà, avait fait l’objet d’une procédure et la justice aurait même prononcé un verdict. Quant au deuxième conflit, qui est moins récent que le premier, il serait à l’origine de ces affrontements. Il s’agit d’un bas-fond situé entre Sitiéna et Djongolo, qui est disputé par les deux parties. Le problème a été porté devant les autorités administratives. Mais après plusieurs tentatives de conciliations, les deux parties étaient restées dos à dos ; chacune étant restée campée sur sa position. On aurait même appris qu’après une dernière médiation du village de Tengréla, il était finalement décidé de passer aux pratiques traditionnelles pour régler définitivement cette question.
Cela aurait été prévu pour ce dimanche 30 juin 2019, jour de repos des producteurs de la zone. Contre toute attente, un certain nombre de producteurs du village de Sitiéna, au nombre de 4, semble-t-il, se seraient rendus le samedi 19 juin 2019 sur le terrain litigieux pour l’exploiter. Plusieurs producteurs de Djongolo «3» s’interposèrent et s’ensuivra une bastonnade avec comme conséquence, des blessés par machettes dans le camp de Sitiéna. Aussitôt, le village a été alerté, et comme si c’était préparé, quasiment tous les habitants, leurs femmes comprises, font une descente musclée sur Djongolo «3» qui serait en quelque sorte un hameau de culture de Sitiéna. Les habitants de Djongolo «3» ont eu la vie sauve grâce à leur jambe. Alertées à leur tour, les populations de Djongolo I et II viennent au secours de leurs «protégés».
Ils viennent trouver en face, les habitants de Sitiéna un peu plus confiants après leur forfait, qui avaient replié à la frontière entre les deux villages. Une situation toujours précaire Les deux camps se regardèrent en chiens de faïence sans agir pendant un long moment. Mais Djongolo, qui était meurtri, avait son plan. Armés de fusils, les plus courageux parmi lesquels des chasseurs dozos, laissent le grand groupe dans le face-à-face et prirent la brousse jusqu’à Sitiéna. Là, c’était la vengeance qui avait commencé. La première victime fut une personne influente du village, à qui la population de Djongolo en voulait dans ce conflit latent. Il a été assassiné à domicile avec un de ses amis avec qui il se trouvait. C’est également à cet endroit que les autres victimes par balles ont été touchées. Cette scène sinistre aurait créé une véritable psychose à Sitiéna.
Les manifestants de Sitiéna ont tout détruit à leur passage : les vivres, les maisons, le matériel roulant avant de mettre le feu. Le conflit communautaire de Sitiéna et Djongolo a fait comme bilan officiel selon les sources sécuritaires, 5 morts. Mais de sources proches des victimes, on dénombre une dizaine de morts. On y compte plusieurs blessés dont certains par balles et par asphyxie. Certains des blessés ont été évacués au CHUSS de Bobo-Dioulasso et d’autres sont dans un état grave au CHR de Banfora. Ce dimanche 30 juin 2019 dans la matinée, certaines familles étaient toujours à la recherche des leurs. Au CHR de Banfora, on comptait plus d’une dizaine de blessés issus de ces affrontements meurtriers, dont la majeure partie par balles.
Les dégâts matériels sont inestimables à Djongolo «3» comme à Sitiéna. Ceux du quartier de Djongolo présente un décor effroyable car tout a été complètement détruit. Dans la soirée du samedi 29 juin 2019, les Forces de défense et de sécurité ont été aussitôt sur le terrain et sont revenues dans la nuit. Selon une source sécuritaire jointe au téléphone sur le terrain, c’est le calme précaire qui règne dans ces villages ce dimanche matin. Le village de Sitiéna est situé à 7 km environ au Sud-Ouest de Banfora. Il est voisin des villages de Kiribina, Djongolo, Tiékouna, Nékankanlou et Niankar. Ces affrontements ont provoqué des déplacements des populations de Sitiéna vers les villages voisins et même Banfora. Tout au long des routes, on pouvait les percevoir à pied, à vélo ou à moto, des femmes, des enfants et des personnes âgées qui partaient se mettre à l’abri dans les villages voisins. C’était véritablement la panique, car des rumeurs circulaient sur un éventuel retour des assaillants au cours de la nuit.