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Lutte contre l’insécurité : «Nous tenons le bon bout», Jean-Baptiste Ky du MPP

Publié le vendredi 21 juin 2019  |  Sidwaya
Jean-Baptiste
© Autre presse par DR
Jean-Baptiste K, le secrétaire national adjoint chargé des secteurs structurés du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP)
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Le Bureau politique national (BPN) du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) organise demain, samedi 22 juin 2019, sa 2e session. Dans cette interview, le secrétaire national adjoint chargé des secteurs structurés, Jean-Baptiste Ky, situe les enjeux de la rencontre et évoque aussi des sujets d’actualité.

Sidwaya (S.) : Le MPP organise demain samedi 22 juin, la 2e session de son Bureau politique national (BPN). Quels sont les enjeux majeurs de cette rencontre ?

Jean-Baptiste Ky (J-B.K.) : Cette rencontre est une session statutaire du parti, censée faire un point des activités entrant dans la cadre de sa vie, partager les informations avec les membres du Bureau politique national et statuer sur les tâches urgentes du moment. Précisément, à cette étape, il s’agira de faire le point du parachèvement du renouvellement des structures. Ce renouvellement, qui a commencé après le dernier congrès, s’est assez bien déroulé et cette session sera l’occasion de faire le point et de donner des mots d’ordre pour la reprise véritable de la lutte politique sur le terrain.

S. : Cette session se tient dans un contexte de renouvellement des structures du parti, marqué par des difficultés dans certaines sections et sous-sections. S’agit-il de guerres de positionnement ou de cas d’indiscipline ?

J-B. K. : Le MPP est un grand parti qui regorge de potentialités et d’hommes de qualité. C’est un parti, qui gère le pouvoir d’Etat en collaboration avec les partis alliés si bien que les militants sont intéressés à occuper des responsabilités au sein du parti à un certain niveau pour mieux apporter leur contribution. Nous ne voyons donc pas cela d’un mauvais œil, au contraire, nous pensons que c’est un signe de démocratie interne, de dynamisme du parti lui-même et de la qualité des hommes qui le composent.

S. : Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a publié les résultats de son sondage d’opinion qui attribue la note de 4,72/10 au chef de l’Etat. Les Burkinabè sont-ils de plus en plus déçus de leur président ?

J-B. K. : Certes, des Burkinabè peuvent avoir des attentes qui ne sont pas encore comblées, mais nous pensons que c’est un processus. Le président du Faso a été élu pour un mandat de cinq ans et nous ne sommes pas encore au bout de ce mandat. Le constat est que beaucoup de choses ont déjà été faites dans les domaines de la santé, de la construction des infrastructures éducatives et routières et des adductions d’eau potable. Malheureusement, la situation sécuritaire qui endeuille les populations fait que les citoyens souffrent dans leurs chairs, si bien que cela peut entacher ce bilan largement positif du chef de l’Etat. Mais ce n’est pas pour autant que beaucoup de choses ne sont pas faites sur le terrain. En très peu de temps, de nombreuses réalisations ont été faites. A entendre, les bilans des maires des communes sur les réalisations dans leurs localités, et les constats faits sur le terrain, on se rend compte que beaucoup d’efforts sont faits pour améliorer les conditions de vie des populations et développer le pays. Ainsi, dans bien de domaines, le bilan engrangé en moins de cinq ans toute proportion respectée, dépasse largement ce qui a été fait en 27 ans. On peut citer, entre autres secteurs, l’électrification, les routes, les infrastructures éducatives et l’offre des soins de santé.

S. : A un an des élections de 2020, les résultats de ce sondage n’inquiètent-ils pas le camp présidentiel ?

J-B. K. : Nous ne sommes pas du tout inquiets, parce qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter. L’insécurité actuelle est une situation que personne n’a ni voulue, ni prévue au Burkina Faso. Nous la subissons tous. Le Président, Roch Marc Christian Kaboré, a été élu sur la base d’un programme. Initialement, en venant au pouvoir, il n’avait pas imaginé des difficultés d’une telle ampleur liées à la question sécuritaire. Si elles faisaient partie de la donne, des dispositions auraient été prises pour l’affronter convenablement. Néanmoins, le gouvernement s’est engagé à y faire face et cela nécessite des moyens humains, matériels et financiers. Nous ne doutons pas un seul instant que le citoyen sait apprécier les efforts faits dans la gouvernance et les imprévus qui s’y sont greffés. Les terroristes sont des ennemis de la nation et non du MPP uniquement. Lorsqu’ils tuent, ils ne ciblent pas seulement nos militants.

S. : Le front social est actuellement en ébullition. Comment cela peut-il s’expliquer ?

J-B. K. : A mon avis, le front social actuel est l’expression de la liberté des Burkinabè de façon générale dans un contexte particulier qui a précédé la venue de notre parti au pouvoir à ne pas ignorer. Qu’à cela ne tienne, le MPP est un parti social-démocrate et il ne saurait s’opposer aux grèves et aux manifestations des travailleurs, parce que par essence, nous faisons la promotion de la liberté, de la justice sociale et de l’équité. Nous pensons donc que certains travailleurs sont dans leur droit de réclamer de meilleures conditions de vie et de travail. Mais il ne faut pas perdre de vue que le Burkina Faso est un tout avec des paysans, des commerçants et bien d’autres corps de métiers et couches sociales. Chacun doit donc comprendre que le fruit du travail de tous doit profiter à l’ensemble des fils de ce pays. Par conséquent, les revendications doivent se faire de façon responsable en pensant à l’intérêt général. C’est pour cela, qu’on a l’impression que certains ne sont pas forcément sincères dans leurs revendications et que d’autres font de la surenchère. A notre avis, la façon d’aborder la fronde sociale du gouvernement est responsable, parce qu’il privilégie le dialogue et la concertation, si bien que les mouvements et revendications finissent par trouver des solutions consensuelles.

S. : Certains syndicats brandissent la gestion au cas par cas des revendications pour durcir le ton. Ne faut-il pas simplement opérationnaliser la remise à plat des salaires des fonctionnaires ?

J-B. K. : La remise à plat du salaire des fonctionnaires est une solution judicieuse. Elle a été faite en concertation avec l’ensemble des acteurs, aussi bien les syndicats que les autorités coutumières, les leaders d’opinion et d’Organisations de la société civile (OSC). Mais le gouvernement a son calendrier et je suppose que les concertations ne sont pas totalement achevées. C’est la raison pour laquelle elle n’est pas encore mise en œuvre. Nous pensons que dans le souci de bien faire, il faut prendre le temps qu’il faut et s’entourer de toutes les précautions, au risque de se retrouver au point de départ.

S. : Le front social peut-il avoir des répercussions sur les élections de 2020 ?

J-B. K. : De tout temps, il y a eu des revendications de divers ordres. Mais les grèves n’ont pas encore empêché les citoyens d’aller voter, ce d’autant plus qu’il n’y a pas que les fonctionnaires qui participent aux élections. Dans tous les cas, aller voter, c’est nous donner la possibilité de choisir la personne qui peut prendre en compte nos aspirations. Les revendications syndicales ne devraient pas empêcher la poursuite du processus démocratique.

S. : La situation sécuritaire est préoccupante. Y a-t-il un espoir que le Burkina retrouve sa quiétude d’antan ?

J-B. K. : Au-delà de nos appartenances politiques, c’est notre souhait à tous. C’est dans l’intérêt commun que le Burkina retrouve sa quiétude d’antan. Nous pensons que nous tenons le bon bout et que nos Forces de défense et de sécurité (FDS) sont en train d’engranger des victoires. Avec l’accompagnement de la population et la collaboration de tous, nous allons y arriver. Nous voyons également que de part et d’autre, des initiatives conjointes avec nos partenaires étrangers et des pays de la sous-région pour faire face à ce défi. En activant tous les ressorts de notre société, le courage de nos hommes et la collaboration de tous les Burkinabè, nous arriverons à bout du terrorisme. La nouvelle dynamique engagée en travaillant en étroite collaboration avec les populations et en faisant des actions de proximité à leur profit, contribue à donner plus de confiance aux populations pour une franche collaboration avec les FDS et pourrait aider à remporter la bataille sur le terrain.

S. : Cette situation n’a-t-elle pas des répercussions sur la destination Burkina Faso en termes de tourisme et d’investissements extérieurs ?

J-B. K. : Jusque-là, pour les citoyens que nous sommes, nous n’avons pas constaté un recul des investissements étrangers au Burkina Faso, parce que malgré le fait qu’on colore notre pays en rouge, de nouvelles mines d’or s’ouvrent. Aucune entreprise étrangère n’a encore fermé du fait de la situation sécuritaire. De plus, il ne s’agit pas d’un phénomène typiquement burkinabè, c’est un phénomène mondial que connaissent même les grandes puissances comme la France et les USA. Les citoyens doivent donc être conséquents, pour savoir que le terrorisme ne doit pas nous empêcher d’avancer.

S. : Avec cette insécurité, les prochaines élections pourront-elles se tenir ?

J-B. K. : A notre avis, les élections de 2020 vont se tenir parce que jusque-là, les institutions de la république fonctionnent normalement. Certes, il y a des difficultés liées à la question sécuritaire, mais nous avons des réponses. Bien vrai que ces réponses peuvent paraître insatisfaisantes, du point de vue de certaines personnes, mais le pays continue sa marche. Les activités économiques se mènent, les citoyens vont et viennent, il y a la liberté d’expression, les partis politiques s’expriment … Nous ne pensons pas que nous sommes dans une situation de non droit qui puisse empêcher d’aller aux élections de façon régulière. C’est vrai que dans certaines parties du territoire, nous faisons face à l’insécurité, mais malgré cette situation, des initiatives dans le domaine de l’éducation notamment, ont permis aux élèves d’aller à l’école et de passer leurs examens. De la même manière, des solutions seront trouvées pour que la majorité des Burkinabè puissent voter. Avec la progression de nos FDS sur le terrain, nous espérons que d’ici à 2020, les élections pourront s’organiser sur l’ensemble du territoire national.

S. : Le dialogue politique voulu par le président du Faso est toujours attendu. Qu’est-ce qui coince ?

J-B. K. : Il faudra plutôt poser cette question à l’opposition, parce que le président du Faso a eu la bonne volonté d’initier ce dialogue et cela est à saluer. Le Premier ministre a fait des démarches en recevant un certain nombre de personnalités. Si ce dialogue est bloqué, il faut peut-être aller chercher les causes de l’autre côté. Sinon, quand on gouverne un pays, on le fait pour et avec tout le monde. Et c’est ce que le président Kaboré fait depuis son arrivée au pouvoir. Certains estiment qu’il n’utilise pas assez le bâton. Mais nous pensons qu’il gouverne le pays en bon père de famille. Si tout le monde veut de ce dialogue politique, il aura lieu et c’est la meilleure chose qui puisse nous arriver, puisqu’avec le dialogue, on trouve toujours des solutions. Concernant le vœu de l’opposition qui souhaite que ce dialogue soit une sorte de forum national, nous avons des appréhensions. Nous estimons que si c’est en rapport avec la situation sécuritaire, un forum a déjà été organisé et a réuni la totalité des composantes de la société burkinabè. Le dialogue doit être permanent et pour cela, dans le dernier remaniement gouvernemental, le portefeuille de la cohésion sociale a été ajouté au ministère en charge de l’administration territoriale avec en plus un ministère délégué. Il s’agit d’un travail permanent et non d’organiser des forums et des réunions qui parfois, s’apparentent à des foires. Il y a déjà le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) et le Haut conseil du dialogue social (HCDS) qui ont aussi été mis en place dans le but de favoriser le dialogue et la réconciliation nationale. Nous souhaitons que l’ensemble des acteurs soit de bonne foi pour que les choses puissent aller dans la bonne direction. Nous avons un pays à construire ensemble. Il faut éviter le dilatoire et se mettre au travail, au lieu de passer tout le temps à revendiquer et à critiquer même ce qui est bon. On ne peut pas être tous du même bord politique, mais nous avons un pays qui nous appartient à tous et pour lequel aucun sacrifice n’est de trop.

Interview réalisée par Jean-Marie TOE &

Antoinette Panson BENON (Stagiaire)
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