Le Syndicat national des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) a tenu un sit-in, le mercredi 12 juin 2019, sur le territoire national pour manifester son mécontentement vis-à-vis du gouvernement par rapport au traitement réservé au dossier de mutation des médias publics en sociétés d’Etat.
Pancartes, banderoles, mégaphones, sifflets en main pour certains, t-shirts estampillés SYNATIC (Syndicat national des travailleurs de l’information et de la culture) pour d’autres, les travailleurs des médias publics (Editions Sidwaya et RTB) ont, dans la matinée du mercredi 12 juin 2019, pris d’assaut la devanture des locaux abritant la télévision nationale. «On a trop patienté!», «Nous travaillons 7j/7, 24H/24!», «Nous ne sommes pas des robots!», «Non aux études interminables !», «Non à la clochardisation des médias publics!», «Non au mouta mouta du gouvernement !» «En avant pour le passage diligent en société d’Etat !». Ce sont, entre autres, slogans que scandaient les frondeurs en réponse au mot d’ordre du syndicat, qui a lancé 48 heures de sit-in sur toute l’étendue du territoire national, pour protester contre le traitement réservé par le gouvernement au dossier de mutation des organes publics en sociétés d’Etat. «Nous avons été surpris et déçus par la réponse du gouvernement à l’issue du Conseil des ministres du 29 mai 2019 qui recommandait qu’il faut approfondir les réflexions concernant le dossier de l’érection du statut de la RTB et des Editions Sidwaya en sociétés d’Etat», a dit le secrétaire général adjoint du SYNATIC, Aboubacar Sanfo.
«Nous ne comprenons pas, qu’après plus de deux ans d’études et de réflexions assorties de propositions et d’options qu’il faut encore approfondir des réflexions sur le sujet», s’est-il indigné. Pour lui, on n’avait même plus besoins d’études, car c’est une décision actée par les lois sur la presse votées, le 4 septembre 2015. A l’issue des réflexions, l’ensemble des acteurs avaient estimé que le statut qui va résoudre les problèmes récurrents et structurels des médias publics est celui du statut de société d’Etat. Et bien que les études soient finies, regrette M. Sanfo, le gouvernement traîne toujours les pas pour prendre la décision qui sied. «Les travailleurs sont à bout de patience et pensent que l’on a suffisamment réfléchi.
Il faut maintenant que le gouvernement soit courageux et qu’il accepte de tenir ses engagements consignés dans le protocole d’accord signé avec le syndicat depuis, le 29 décembre 2016», a martelé M. Sanfo. Pour lui, ce mouvement d’humeur est une invite à l’Etat d’assumer ses engagements afin de permettre à la RTB et aux Editions Sidwaya d’être dans de meilleures conditions pour une presse publique au service de la population. «Ce n’est pas de gaité de cœur que nous sommes en mouvement. C’est à notre corps défendant et nous ne voudrons pas que la situation perdure et souhaitons que le gouvernement puisse prendre la décision», a-t-il dit. Toutefois, M. Sanfo a signifié que s’ils n’obtiennent pas satisfaction à leur requête, le syndicat pourrait passer à «la vitesse supérieure» et avisera au moment opportun.
Respecter la loi
Selon Arouna Boénan, membre du bureau national du SYNATIC, l’opérationnalisation du fonds d’appui à la presse privée et le recrutement des dirigeants des Editions Sidawaya et de la RTB par appel à candidature est du fait de cette loi. Et la RTB serait même en train de payer certaines taxes comme si elle était une société d’Etat, car juridiquement la loi étant votée, elle porte ce statut. Pour ce qui concerne les opinions, qui se susurreraient que la mutation en société d’Etat traîne pour la raison du nombre pléthorique du personnel de ces médias, M. Boénan a apporté un démenti en signifiant qu’une telle raison ne leur a pas encore été officiellement notifiée par le gouvernement. Toutefois, il trouve que cela ne saurait être un argument, car, malgré les 795 agents de la RTB, le manque d’employés se fait sentir. Et le SG SYNATIC section Sidwaya, Rufin Paré, d’indiquer qu’ aller en société d’Etat avec tout le personnel ne fait plus l’objet de débat.
Car, a-t-il expliqué, lors des assises du comité mixte, le syndicat a dit de trouver des options pour que les organes passent à ce statut avec tout son personnel. «Le SYNATIC est un syndicat responsable et ne va pas engager une lutte pour qu’à l’arrivée des camarades perdent leurs emplois. Nous avons dit que nous allons passer à la société d’Etat et avec tout le personnel et des propositions et options ont été faites dans ce sens», a relevé M. Paré. Ainsi, parmi les quatre options qui ont recueilli un consensus et consignées dans le rapport adressé au gouvernement, il y en a une qui recommande au gouvernement d’accompagner les médias jusqu’à un certain seuil, pendant cinq ans, a-t-il poursuivi. «Le fait qu’on racontait que le passage à la société d’Etat allait conduire à la compression du personnel, notamment les contractuels qui payeront le lourd tribut, avait sérieusement affecté notre élan dans cette lutte. Mais les éclaircissements des responsables du syndicat ont ravivé en moi la flamme du combat», s’est exprimée, Sidonie Kantiono, agent à la télévision nationale.