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Procès du putsch : Djibrill Bassolé «suivra» les débats depuis sa résidence

Publié le jeudi 13 juin 2019  |  Sidwaya
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© Autre presse par DR
Des proches du général Djibrill Bassolé comparaissent en tant que témoins
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Les parties civiles ont poursuivi leurs plaidoiries à l’audience du mercredi 12 juin 2019 au tribunal militaire du procès du putsch. Le fait majeur du jour a été l’ordonnance du président du tribunal, Seidou Ouédraogo, enjoignant au greffier en chef de se déporter au domicile du général Djibrill Bassolé, à chaque suspension d’audience, pour lui donner lecture des débats du jour consignés dans le plumitif.

Avant que les conseils des parties civiles ne poursuivent leurs plaidoiries à la reprise du procès du putsch, mercredi 12 juin 2019, le parquet militaire a souhaité que le tribunal vérifie la présence des accusés à travers un appel nominal.

En plus des neuf régulièrement absents, le général Djibrill Bassolé a manqué à l’appel. Aux explications souhaitées par le ministère public, l’un des conseils de l’accusé, Me Dieudonné Bonkoungou, a répondu que son client est rentré de soins, mais est toujours souffrant. Et que son état de santé ne lui permet pas d’assister aux audiences. Le parquet militaire ne s’est pas satisfait de cette justification. Pour lui, le général refuse tout simplement de comparaître. Les parquetiers ont confié que l’accusé refuse de suivre chaque matin quand l’escorte va pour l’amener au tribunal. «Le parquet avait demandé un renseignement relatif à la santé de Bassolé et Me Bonkoungou avait dit que c’était de notoriété publique», a laissé entendre l’un des parquetiers. Le ministère public a donc souhaité qu’un document attestant que l’accusé Djibril Bassolé ne peut pas se présenter au tribunal soit produit. Le parquet a, à cet effet, requis que sommation soit faite à Bassolé de comparaître aux audiences. La partie civile a aussi été de cet avis. En réaction, l’avocat du général, Me Bonkoungou s’est dit étonné, d’autant plus que le parquet militaire sait, à travers des rapports déjà produits, que son client est malade. Il a estimé que les parquetiers prennent du plaisir à en rajouter au stress de son client. «Je vais demander au médecin traitant de Bassolé de vous fournir encore un rapport sur son état de santé», leur a-t-il suggéré. Après une suspension d’audience pour examiner la question, le tribunal a tranché en ordonnant de faire comparaître le général Bassolé aux audiences. Une sommation a donc été faite à l’accusé par le biais de l’huissier de justice, Me Olivier Zongo qui a effectué sa mission à 13h 25, au moment de la suspension pour la pause-déjeuner.

Selon son compte rendu, l’accusé a justifié ses absences aux audiences par son état de santé défectueux. Il aurait soutenu que la Présidence du Faso l’a fait venir le 5 mai 2019 de Tunisie avec promesse de le faire évacuer en Turquie où il a reçu une invitation pour une prise en charge adéquate. A l’en croire, sa chimiothérapie a été suspendue et son mal persiste. Et les douleurs ressenties le rendraient incapable d’assister aux audiences. A l’écoute de ces arguments, le parquet, malgré l’absence d’un certificat médical, a requis que le tribunal passe outre l’obligation faite d’assister aux débats et ordonne que la synthèse des débats lui soit communiquée à domicile «dans le cadre du respect du principe du contradictoire». Le président du tribunal, Seidou Ouédraogo, est allé dans ce sens et a ordonné au greffier en chef de se déporter au domicile du général à chaque suspension d’audience, pour lui faire lecture des débats du jour tels que consignés dans le plumitif. Ces développements se sont faits en marge des plaidoiries des parties civiles entamées la veille.

C’est Me Oumarou Ouédraogo défendant la cause de la radio Oméga qui est intervenu à l’entame des débats du jour. Il s’est prononcé sur l’intention coupable et la dégradation volontaire aggravée de biens qui sont, selon lui, des faits punis par les articles 518 et 519 du Code pénal. Il a surtout mis à l’index les accusés Lamoussa Badoum et Hamidou Pagbelguem pour avoir arrêté, le 16 septembre 2015, les émissions de la radio Oméga, détruit du matériel et brûlé une vingtaine de motos à l’aide d’essence. Pour l’avocat, ce sont ces mêmes personnes qui ont détruit le studio Abazon et la radio Savane FM. «L’intention coupable y était et l’infraction de dégradation de biens est constituée», a plaidé Me Ouédraogo.

Fatoumata Diawara, générale de fait

Son confrère, Me Séraphin Somé, s’est prononcé à sa suite sur la complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et la trahison. A propos de l’accusé Adama Ouédraogo dit Damiss, l’avocat a indiqué qu’il a aidé son mentor Diendéré à préparer et à consommer le coup d’Etat en participant à la rédaction de la déclaration du Conseil national pour la démocratie (CND). Et pour sa gratification, a relevé Me Somé, Damiss a reçu un million F CFA de la part du général Bassolé. «Damiss n’avait pas d’arguments pour se défendre. Il était fort dans la délation et la diffamation», a-t-il martelé. Concernant l’accusée, Minata Guelwaré, Me Somé a déclaré que les faits qui lui sont reprochés sont suffisamment caractérisés. Selon ses dires, dame Guelwaré a fait une mission d’observation au profit des putschistes, appelé à manifester pour eux et conduit des militaires à Zorgho pour incendier la radio Laafi. Léonce Koné, accusé aussi de complicité d’attentat a été jugé suffisamment coupable par l’avocat. A son sujet, Me Somé a fait remarquer qu’il n’a eu de cesse d’accabler le régime de la Transition à la barre et a réaffirmé sa solidarité aux deux généraux. Il en est de même pour Hermann Yaméogo qui, selon l’avocat, a soutenu le putsch. Fatoumata Thérèse Diawara, accusée de complicité d’attentat et de trahison, a été qualifiée de «générale de fait» par Me Somé pour avoir instruit des officiers de l’ex-RSP d’en découdre avec leurs frères d’armes. En ce qui concerne l’ancien bâtonnier, Mamadou Traoré, l’avocat a estimé qu’il a apporté son concours au CND.

Car, a-t-il expliqué, aucune conversation entre lui et le président sénégalais, Macky Sall, n’a montré qu’il était son émissaire. Se référant à l’article 69 du Code pénal, Me Somé a signifié que l’infraction d’incitation à la commission d’attentat qui pèse sur Oumar Sidi Lamine est établie. Au regard des faits, l’avocat a requis de déclarer les accusés coupables des différentes infractions. Ce sont finalement les jeunes officiers, les lieutenants Gorgo Alioun Justin, Dianda Abdoul Kadré, Compaoré Relwendé, Koné Beyon II et Ouattara Sebou qui bénéficieront de la «faveur » de l’avocat de la partie civile. Me Somé a senti en eux du regret et de l’humilité et a souhaité que le tribunal en tienne compte bien que, a-t-il relevé, l’infraction à eux reprochée (complicité d’attentat à la surêté de l’Etat) soit constituée. Il a eu la même requête au sujet de quelques sous-officiers dont il a estimé que le général Gilbert Diendéré a brisé leurs vies en les embarquant dans un putsch.
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