Le personnel administratif du Village artisanal de Ouagadougou a entamé depuis ce 12 juin 2019 un sit-in de 72 heures de 7h30 à 12 heures. A travers ce mouvement d’humeur, le personnel dit lancer un cri de cœur pour leur outil de travail qu’est le village artisanal.
C’est un mouvement d’humeur d’une dizaine de personnes que nous avions constaté à notre arrivée dans cette matinée au sein du Village artisanal. La raison, le porte-parole du délégué du personnel Abraham Diao explique: «C’est un mouvement d’humeur du personnel administratif qui est au nombre de 13».
Le véritable problème décrié par le personnel, à entendre le porte-parole du délégué du personnel, est que depuis l’existence du Village artisanal en 2000, il n’a pas de statut juridique. «C’est comme si on avait un bébé qui n’a pas d’acte de naissance. Le manque de ce statut pèse sur le fonctionnement du Village, ce qui fait que nous essayons d’interpeller le gouvernement afin qu’on puisse mettre un terme à ce que nous, nous jugeons d’anomalie parce que, depuis 19 ans, nous fonctionnons sans statut juridique. Nous n’avons pas de statut du personnel c’est-à-dire que le personnel qui est là depuis 2000 au même poste et ne connait pas d’avancement; il a le même salaire sauf bien sûr les primes d’anciennetés» a expliqué M. Diao.
Il y a également que, depuis quelques années, les activités du Village artisanal sont au ralenti sinon à l’arrêt, souligne M. Diao parce que, explique-t-il «nous avons un problème financier. Le Village fonctionne à travers les 10 à 15 % de majoration que nous faisons sur les produits des artisans, à travers également les locations des ateliers et aussi à travers la subvention de l’Etat qui était à plus de 34 millions de nos francs». Mais, poursuit-il, depuis quelques années, la subvention de l’Etat est passée de 34 millions à 5 millions. «Cette année, nous avons reçu 5 millions mais les deux années précédentes nous n’avons pas bénéficié de la subvention de l’Etat. Donc, c’est un manque à gagner pour notre fonctionnement».
La situation sécuritaire que connait le pays depuis janvier 2016 a aussi impacté négativement le rendement des activités du Village. «A cause de la situation sécuritaire, les touristes et les acheteurs ne viennent plus et donc les artisans ne vendent plus ce qui a entraîné un problème de fonctionnement au niveau de notre budget. Ce qui fait que depuis trois à quatre ans, nous n’avons pratiquement pas d’activités. A ce rythme, nous sommes en train d’aller vers la mort du Village artisanal si rien n’est fait» déplore le porte-parole.
A travers ce sit-in, le personnel administratif espère se faire entendre par les autorités afin qu’elles se penchent sur les trois points de revendications que sont le statut juridique, le statut du personnel et la relance des activités du Village artisanal.
D’ores et déjà, M. Diao a fait savoir que leur cri de cœur n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. «Il y a la présidente du Conseil de gestion du Village qui nous a reçu et nous a écouté. Il y a aussi le secrétaire général du ministère en charge de l’Industrie et de l’Artisanat qui nous a reçus hier (Ndlr mardi 11 juin). Nous avons longuement échangé même si nous n’étions pas satisfaits. Le dialogue n’est pas rompu et il continue» a souligné M. Diao.
Il est prévu une rencontre aujourd’hui (Ndlr mercredi 12 juin) avec le Secrétaire général du ministère afin de continuer la discussion. A l’issue de cette discussion, «nous verrons si ce qui nous sera proposé, mérite qu’on fléchisse notre position» a lancé le porte-parole.
Le Village artisanal de Ouagadougou est un espace de promotion, de commercialisation et de formation des artisans du Burkina. Il existe depuis l’an 2000 et les premiers artisans se sont installés en octobre 2000 et compte environ 500 artisans qui y travaillent et produisent leurs œuvres et les exposent au sein du Village.