Dans une interview accordée par notre nouveau ministre de La Défense nationale et des anciens combattants Monsieur Moumina Schérif SY, intitulée « le Sahel: La charge d’un ministre burkinabè contre l’opération Barkhane dont vous pouvez suivre sur le lien suivant,
https://www.courrierinternational.com/article/sahel-la-charge-dun-ministre-burkinabe-contre-loperation-barkhane, il nous a, une fois donné de constater un aveu public d’impuissance de nos autorités politiques actuelles du Burkina Faso de faire face à l’hydre terroriste.
Cette interview vient battre en brèche le communiqué de triomphe du Chef d’État Major Général Des Armées, mon estimée Frère, le Général d’Armée, Moïse Miningou qui a félicité les militaires burkinabè pour leur engagement patriotique dans les deux opérations « Atapuana » et « Doofu ». Au-delà du fait que les militaires français étaient engagés aux côtés de leurs homologues burkinabè en raison de l’accord de coopération de décembre 2018, notamment en couverture aérienne, en moyens logistiques et surtout en renseignements militaires, c’est le mépris affiché par le premier soldat burkinabè, M. SY à l’égard des militaires français engagés dans cette bataille internationale qui pourrait, le cas échéant, étonner les autorités françaises qui peuvent demander sa démission immédiate. En ma qualité d’officier français dans la réserve citoyenne, je ne peux laisser cette interview peu diplomatique sans avis.
En effet je n’ai cessé, depuis les premières attaques terroristes de crier haut et fort que la lutte contre cette guerre asymétrique qu’est le terrorisme nécessitait tout d’abord une réconciliation nationale de tous les burkinabè. J’ai, officiellement et publiquement écrit aux deux Présidents, leurs Excellences, KABORÉ et COMPAORÉ. J’ai même rencontré personnellement le Président Blaise COMPAORÉ et à ma demande à Abidjan pour essayer de comprendre et de rechercher des solutions idoines. Il m’a fraternellement reçu et j’ai parfaitement compris son message. J’ai sollicité depuis plus de six mois une audience avec le Président KABORÉ qui ne m’a pas encore reçu. Et que de morts et de sacrifices humains de nos forces de défense et de sécurité ? Que de victimes civiles collatérales, que de tueries aveugles alors qu’une simple réconciliation nationale résoudrait ce problème récurrent…
Et voilà que M. Shérif SY vient critiquer de façon inopportune (il faut le dire) l’opération Barkhane. Ce Ministre (que je ne connais pas très bien et qui n’hésite pas d’ailleurs à critiquer les autres sans même les connaître) doit savoir qu’il ne suffit pas d’être fils de Général ou d’avoir organisé une résistance à un putsch dans un cachot que personne ne viendra assurer notre défense à notre place, mais surtout nous devons d’abord être tous unis sans aucune haine fraternelle. En est-il conscient ?
Je me répète, car la répétition est pédagogique: La lutte contre le terrorisme nécessite d’abord que tous les fils et toutes les filles du Burkina Faso soient réconciliés entre eux. Personne ne demande à personne de l’embrasser sur sa bouche.
Cependant il y a un minimum de socle sur lequel nous devons nous accorder et nous accepter mutuellement. Cela passe par le retour du Président Blaise COMPAORÉ dans son Ziniaré natal sans jugement et sans aucun reproche car l’intérêt général est à ce prix, n’en déplaise à ceux qui ont une courte vue parce qu’il défendent aujourd’hui leur gombo et leurs intérêts égoïstes. Ceux-là même sont injustement revanchards alors qu’ils gouvernaient égoïstement avec Blaise en nous narguant pendant 25 ans. Le peuple burkinabè n’est pas dupe et à les deux yeux ouverts. Il a toujours su agir en temps opportun… et il le fera encore et toujours…
La gloire de Blaise COMPAORÉ est derrière lui pendant les 27 années de magistrature suprême où aucun terroriste n’est venu tuer une mouche dans notre pays même si sa gouvernance a été entachée de graves atteintes aux droits humains.
Ayons le courage d’avoir une longue vision de notre pays et ces quelques lignes sont celles d’un compatriote meurtri par ces morts quasi-quotidiennement de nos frères et sœurs burkinabè.
L’interview de notre ministre de La Défense (sans qu’il ne s’en rende compte peut-être) sonne aux yeux de nos concitoyens comme un aveu politique d’impuissance nationale à assurer la sécurité des burkinabè et l’intégrité du territoire, auxquels cas, le Président du Faso doit en tirer toutes les conséquences constitutionnelles. Il n’appartient pas à « Barkhane », en dépit des accords de coopération, de venir assurer la sécurité de nos populations et l’intégrité de notre territoire mais au contraire à nous-mêmes, unis à travers la réconciliation nationale que j’appelle depuis belle lurette de mes vœux ardents. M. SY, avec le respect apparent que nous nous vouons mutuellement, votre sortie est maladroite. Et pour cause, lorsque votre case brûle à Ouayigouya et moi Kéré je quitte Tenkodogo pour venir vous aider à l’éteindre, vous n’allez pas m’accuser d’utiliser un plat au lieu d’un sceau, l’essentiel étant d’éteindre l’incendie. À ce niveau de responsabilité, cet écart de prise de parole est impardonnable et vous le verrez si vous ne vous ressaisissez pas.
C’est dans l’union des filles et des fils du Burkina que nous retrouverons la paix et non dans le reproche des français car plus que quiconque vous savez bien que les occidentaux n’ont pas d’amis mais des intérêts à défendre. Si les français ne défendent pas le territoire français dans le Sahel, les terroristes viendront les agresser à paris au bataclan, à Strasbourg ou à Marseille. Alors, il faut d’abord compter en toutes circonstances sur ses propres forces avant d’espérer ou d’escompter de chimérique soutiens amicaux d’amis et d’alliés.
J’ose espérer que ces quelques lignes éclaireront votre lanterne car comme on le dit souvent, le pouvoir rend fou et le pouvoir absolu rend absolument fou par de courtes visions.
Gageons que l’intérêt général supérieur de notre pays prendra le dessus sur des considérations bassement égoïstes.
Paul Kéré
Docteur en droit
Avocat à la Cour
Chevalier de l’ordre national
Officier de Réserve français.