Le Salon international de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO), comme son nom l’indique, a eu pour ambition dès son institutionnalisation en 1989, de servir l’Afrique.
Dès lors, il a eu pour vocation non seulement de se positionner sur le créneau économique et commercial, mais aussi d’œuvrer sur le plan politique, diplomatique et culturel.
La première édition du SIAO (1988) a été organisée par un diplomate, en l’occurrence Son Excellence Monsieur Jean-Baptiste ILBOUDO. Le premier Secrétaire Permanent du SIAO était un diplomate, à savoir Son Excellence Monsieur Doulaye Corentin KI. Des faits qui démontrent à souhait la place que devrait occuper l’institution dans le paysage institutionnel du pays.
C’est un fait, l’événement SIAO et l’institution permanente qui assure son organisation ont une portée universelle et constituent un puissant outil de marketing politique du Burkina Faso.
De fait, l’institution SIAO peut être qualifiée d’ambassade du Burkina Faso à Ouagadougou avec un rôle fédérateur extraordinaire hautement bénéfique aux institutions nationales et international. Le SIAO est un véritable cadre d’intégration et de développement socioéconomique de tout le continent, faisant de son personnel des commerciaux et des diplomates au service de l’Afrique et du monde entier.
Seulement, depuis le début des années 2000, nonobstant le rôle que joue l’institution dans le développement socioéconomique du Burkina Faso et de l’Afrique toute entière, prétextant que son personnel ne peut jouir « d’avantages » du fait de son arrimage au ministère du commerce de l’industrie et de l’artisanat, les travailleurs ont été amputés de quelques traitements spécifiques qui leur étaient servis.
Pire, dans cette institution cohabite aujourd’hui deux catégories de personnel.
D’un côté les fonctionnaires (25% des effectifs) qui jouissent de privilèges (fonds communs, possibilité de passer des concours professionnels, mobilité au cours de leur carrière au sein du ministère et même au delà…). Pendant ce temps, les contractuels (75% du personnel), croupissent dans une situation précaire car exclus du fonds commun, des concours professionnels, …
Dire que les burkinabés jouissent des mêmes droits n’est qu’une vue de l’esprit, car ce cas constitue indiscutablement une autre tragédie vécue par une bonne frange des travailleurs (les martyrs) de la fonction publique, victime du « panga », du « poutogo » et du « sounkiri ».
Les autorités ne peuvent continuer de fermer les yeux sur ces graves cas d’injustice teintées de torture morale que subit ces autres vaillants soldats de la république.
N’est-ce pas ce personnel qui est à l’avant-garde de l’organisation du plus grand événement africain dédié à l’artisanat ?
N’est-ce pas lui qui contribue aussi, ainsi, à faire la fierté et la renommée du pays.
En fustigeant les travailleurs de la fonction publique pour leur velléité revendicative, l’opinion publique et certains responsables ignorent peut-être qu’il y’a fonctionnaire, qui touche à peine 200.000 FCFA /mois avec un bac +4 et plus de 10 ans d’expérience professionnelle, et Fonctionnaire qui dispose de « l’onction suprême » salaire de 400.000 FCFA/mois et plus pour le même niveau avec attributions proches ou similaires, avec primes, indemnités, gratifications, et autres avantages occultes.
Tant que durera l’injustice criarde et savamment orchestrée au plus haut niveau, la frustration ne pourra que s’amplifier et fatalement créer des situations non désirées.
S’il est vrai qu’il y’a des cadres compétents au Faso, qu’il y’a des décideurs, qu’une segmentation des défis soit opérée afin que chacun se saisisse de « son dossier » selon ses compétences et ses missions afin que des solutions soient trouvées. A moins qu’on est opté pour le déni pour encourager le chaos !
Une interpellation à mieux faire avec lucidité, équité et justice avant qu’il ne soit vraiment trop trop tard !