Je m’excuse auprès des lecteurs et lectrices qui auraient souhaité que la chronique du Fou du roi soit très fréquente. Le fou que je suis, ne répond pas à cette logique des gens qui parlent trop et au hasard dès qu’un événement se produit sans chercher à bien analyser les choses. Je suis fou, mais je n’ai pas perdu la raison. J’étais récemment en carême musulman et j’attends le jeûne chrétien à Pâques pour ne pas manger la viande vendredi et boire les restants de bière, que je ramasse dans des bars au bord de la route. Pour moi, toutes les religions sont bonnes pour vu qu’elles soient fondées sur la foi en Dieu, qui est unique, la crainte de Dieu et le respect de la vie humaine qui est sacrée.
La rentrée gouvernementale s’annonce intense en émotions de craintes pour des ministres de ne pas se voir reconduits. En effet, le Chef de l’Etat qui est allé en vacances au Maroc et au Portugal, reviendra au bercail courant 26 Août 2013, avec une idée précise sur la composition du prochain gouvernement. Un gouvernement, dont la physionomie pourrait ressembler à un gouvernement d’union nationale, même s’il ne porte pas officiellement cette dénomination. Au Burkina, les textes prévoient un gouvernement d’union nationale dans un contexte de crise nationale. Ce qui est le cas actuellement avec la cacophonie sur la question du Sénat et les révoltes estudiantines. Je sais qu’il existe beaucoup d’opposants qui se lèchent les papilles gustatives dans l’expectative d’un appel à la soupe gouvernementale. Ils trouveront des alibis pour justifier leur volte-face alors qu’ils marchaient récemment pour dire non au Sénat et à la politique gouvernementale. Ils diront qu’ils iront au gouvernement pour construire le pays dans l’unité nationale. C’est comme çà la politique au Faso, tant qu’on y sauvegarde ses intérêts personnels, c’est bon, le cas contraire, on s’agite pour dire que rien ne va dans le pays et on se donne l’image d’avocats des causes perdues du peuple, des Vergès. Paix à leurs cœurs !
Ecoutez, il faut savoir que tout ce qui se passe actuellement comme gazouillis, n’est qu’un prétexte qui masque mal les querelles de succession au président Compaoré en 2015.Des partis dits d’opposition ou non alignés ,qui ne sont que des porte-voix de clans de la majorité présidentielle, donnent des tonalités contraires aux prises de position du parti au pouvoir. Chacun veut qu’après Blaise, ce soit son clan qui accède à la magistrature suprême. Comme le président reste discret et ne s’est aligné officiellement derrière aucun courant politique pour le moment, les uns et les autres attendent de voir et agissent tantôt comme des alliés du système, tantôt comme de vrais adversaires redoutables. Certains opposants, alliés d’intérêts du pouvoir ont d’ores et déjà commencé à donner des pistes d’orientation au Chef de l’Etat pour un référendum constitutionnel sur la question du Sénat. Une stratégie pour rouler dans la même farine, Sénat, article 37 de la Constitution, candidatures indépendantes pour que prenne la mayonnaise.
Dans un tel état d’esprit, on s’acheminera vers un gouvernement d’union nationale à caractère transitionnel. Si le président constate qu’il a réussi à calmer le jeu en faisant absorber des somnifères par les opposants fébriles, il lui sera loisible, de prendre sa retraite politique en héros national ou d’ouvrir les vannes, pour faire inonder le pays par des réformes constitutionnelles, qui feront couler la digue de l’article 37, assaisonné d’ingrédients référendaires au nom d’un peuple grégaire, dont le réveil se fera tard et qui ne saura plus à qui confier la destinée nationale. J’ose parier, que si le président Compaoré fait sa valise en 2015, le peuple le suppliera de revenir en 2020, car son successeur n’aura réussi à apporter des changements miracles rêvés. Les attentes des citoyens sont trop immenses en termes de développement qualitatif du Burkina et aucun président ne pourra réaliser cela avec satisfaction en 5 ans. Regardez ce qui se passe en Egypte où Hosni Moubarak perçu comme le principal bouc émissaire, est sur le chemin de la rémission de ses péchés et de la canonisation populaire.
En ma qualité de fou sage, je demande aux dirigeants actuels d’éviter la boulimie du pouvoir, pour démocratiser et décentraliser le développement, les fruits de la croissance à tous les citoyens qui, de par leurs activités, peuvent créer des richesses. Eviter de concentrer les marchés publics dans le petit cercle hermétique de vos partisans et courtisans à travers leurs entreprises prête-noms. Donner des micros crédits et vivres aux citoyens sans considération d’appartenance politique. Ainsi, demain, même si vous n’êtes plus aux affaires, vous serez tolérés dans la société et pourrez sauvegarder les biens que vous aurez acquis. Sinon, si vous persistez dans la politique de l’exclusion, vous vous exposerez aussi à l’exclusion quand le pouvoir qui change toujours de direction, vous tournera le dos. Je suis partisan du bien-être individuel et collectif.
N.B : Dans l’histoire des royaumes à travers le monde, il y’ a toujours eu celui qu’on appelait le fou du roi, qui prenait plaisir à se donner en spectacle par des déclarations et propos empreints d’humour. Dans l’entourage du roi, il était le seul à dire haut ce que les autres pensent bas. C’était pourtant un personnage très écouté du roi, car il ne faisait pas de l’hypocrisie et permettait de découvrir des réalités cachées. Aussi, à travers la chronique du Fou du roi, nous vous relaterons des faits invraisemblables, des indiscrétions, du coq à l’âne, toujours dans le respect des normes de la déontologie journalistique. Toujours est-il que le fou, philosophiquement parlant, est celui qui a tout perdu sauf la raison.