L’Assemblée nationale a adopté, le vendredi 31 mai 2019, deux projets de loi portant autorisation de ratification d’accords de prêt. L’un porte sur le financement de la construction de la route Ouahigouya-Tougan et l’autre sur la réalisation d’infrastructures pour le drainage des eaux pluviales dans la ville de Ouagadougou.
Les désagréments causés aux usagers de la route nationale n°10, entre Tougan et Ouahigouya, seront bientôt de mauvais souvenirs, avec l’autorisation de ratification de l’accord de prêts conclu entre le Burkina Faso et la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) destiné au financement du dit tronçon. Soumis aux députés par le gouvernement, le projet de loi a été adopté à l’unanimité des 102 votants du jour à la plénière du vendredi 31 mai 2019. Selon le ministre
des Infrastructures, Wendenmanegha Eric Bougouma, le prêt avec la BADEA, qui s’élève à 10 milliards F CFA, représente 28% du coût total du projet estimé à plus de 35 milliards F CFA. Les 25 autres milliards ont été déjà acquis auprès de trois autres bailleurs et de l’Etat burkinabè. La construction de la route Ouahigouya-Tougan, a-t-il dit cadre avec le troisième axe stratégique du Plan national de développement économique et social (PNDES), à savoir dynamiser les secteurs porteurs pour l’économie et l’emploi. Cette voie, longue de 94 kilomètres, va contribuer, de l’avis du ministre, à désenclaver la région de la Boucle du Mouhoun, considérée comme le grenier du Burkina Faso. Concernant les inquiétudes des députés sur les retards accusés par les travaux de bitumage des routes au Burkina Faso, le ministre Bougouma a cité entre autres causes, l’instabilité financière des entreprises, les difficultés d’accès aux crédits bancaires, la défaillance organisationnelle et les problèmes d’ordre technique. «Nous allons prendre toutes les dispositions nécessaires pour le recrutement d’entreprises sérieuses», a-t-il promis. Le second accord de prêt autorisé par les députés a été conclu, le 31 mai 2018 à Lomé au Togo, entre l’Etat burkinabè et la Banque ouest africaine de développement (BOAD). D’un montant global de près de 13 milliards F CFA, l’enveloppe servira à financer des travaux d’aménagements complémentaires à l’intérieur du parc Bangr Wéogo, devant permettre de réduire les risques d’inondation aussi bien du parc que dans certains quartiers de la capitale. Le projet se décline en sept composantes, dont un volet appui à la gestion des déchets et mesures environnementale et sociale.
Des installations illégales
Pendant les débats généraux, les parlementaires ont soulevé des préoccupations en lien avec la gestion de Bangr Weogo, domaine d’intervention du projet. Ainsi, sur la question relative au plan de gestion environnementale et sociale, le ministre des Infrastructures, qui a représenté son collègue de l’Habitat et de l’Urbanisme, a indiqué que la réinstallation des populations qui mènent des activités sur le site n’est pas une obligation, mais plutôt leur indemnisation qui constitue une préoccupation pour le gouvernement. «Plus de 300 millions F CFA sont prévus pour dédommager ceux qui seront expropriés pour cause d’utilité publique», a-t-il précisé. A titre d’exemple, a expliqué M. Bougouma, pour réinstaller les maraîchers, il faudra trouver un site approprié à leur activité, ce qui sera difficile pour l’exécutif. Et d’ajouter que, du reste, ces usagers sont installés aux abords des canaux aménagés, une pratique proscrite par les textes. Les sacrifices et autres pratiques rituelles prévus avant le démarrage du projet ne sont-ils pas contraires à la laïcité de notre Etat ? Réagissant à cette inquiétude du député Bindi Ouoba du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le représentant de l’exécutif s’est voulu convaincant : «Certes, dans un Etat laïc comme le Burkina Faso, le gouvernement n’a pas pour vocation de prendre en charge ces questions, mais il met en place les conditions qui doivent permettre le libre exercice des cultes. Notre démarche répond à cet impératif». En ce qui concerne la pollution du parc, notamment par des déchets plastiques, M. Bougouma estime qu’on ne peut pas indexer une autorité quelconque de manière exclusive, parce qu’il est question d’incivisme et tous les Burkinabè doivent avoir leur part de responsabilité. «Nous souffrons tous de ce qu’est devenu le parc Bangr Wéogo mais à qui la faute ?», s’est-il interrogé. Le troisième projet de loi adopté au cours de cette plénière est relatif à la Convention de l’Alliance mondiale des terres arides (GDA). Par son adoption, les députés ont marqué leur accord pour l’adhésion du Burkina Faso à cette organisation ayant pour vocation la récupération des sols dégradés.