Le Balai Citoyen était face à la presse ce 23 mai 2019 à son siège de Ouagadougou. En plus des sujets liés à la lutte contre le terrorisme et à la lancinante question de la forêt de Kua, l’OSC s’est prononcée sur la fronde sociale et la gestion qui en est faite par les autorités. Les balayeurs ont fustigé le gouvernement pour sa gestion « scandaleuse » des crises. Pour eux, le MPP et ses alliés font preuve de fuites de responsabilité, d’absence de décision et de manque de courage politique pour éteindre les brasiers. Un échec de gouvernance.
Le Balai citoyen était inaudible ces derniers temps, malgré l’actualité nationale toujours aussi fournie. C’est à croire que les leaders de ce mouvement cherchaient de solides balais pour nettoyer la maison Burkina. Ce 23 mai, les responsables de cette organisation de la société civile ne sont pas allés du dos de la cuillère. Dans leur viseur, le parti au pouvoir et ses alliés qui se démènent avec les syndicats.
Les animateurs ont dit remarquer que toutes les sautes d’humeur ont un dénominateur commun : celui de l’application de textes déjà adoptés ou pour la mise en œuvre de protocoles d’accord adoptés de commun accord entre le gouvernement et les syndicats. « Tous ces mouvements de grève se ressemblent dans leurs causes, leurs manifestations, le mode de gestion et les solutions proposées par le gouvernement. Elles révèlent tout simplement un problème de gouvernance globale qui caractérise le pouvoir de Roch Kaboré et de la majorité présidentielle menée par le MPP depuis leur avènement au pouvoir », a campé Serge Bambara alias Smockey qui a lu la déclaration liminaire.
Le Balai Citoyen rappelle. Le Président Kaboré avait annoncé la fin des résolutions au cas par cas des revendications syndicales. Pour ce faire, il a même créé le Haut conseil pour le dialogue social (HCDS) et convoqué des assises nationales sur le système de rémunération des agents publics. Toutes ces initiatives ont été « des flops ». Leur seul avantage a été de siphonner davantage le budget de l’Etat.
Et la note des conférenciers au gouvernement par rapport à sa gestion des crises dans la fonction publique, est sans appel : le blâme. « La gestion de la crise au MINEFID, à la justice, à l’éducation, à la santé et dans tous les autres corps de métiers est scandaleuse. Le gouvernement dans ses fuites de responsabilité, l’absence de décision et le manque de courage politique, s’est tellement délégitimé au point de rompre la confiance avec ses partenaires sociaux, les syndicats.
L’incapacité du régime actuel à trouver des solutions justes, pérennes et durables à même de calmer le front social n’est que la conséquence de son échec sur le plan de la gouvernance », diagnostiquent ceux qui se présentent comme des sentinelles. Et ce n’est pas fini, cette OSC note et déplore l’incapacité pour le MPP d’opérer une refondation dans la manière de gouverner, ce qui a pour conséquence de le placer dans les mêmes abîmes que le régime du CDP.
Ce tableau très peu reluisant fait-il regretter au Balai Citoyen la lutte qu’elle a menée avec d’autres OSC et le peuple burkinabè pendant l’insurrection populaire d’octobre 2014 et le coup d’Etat de septembre 2015 ? Pour Me Guy Hervé Kam, porte-parole de l’OSC, la réponse est catégorique. « Nous ne devons jamais, au grand jamais regretté ce que nous avons fait. C’était des grands moments de lutte démocratique », a martelé l’avocat. Par contre, ce qu’il faut regretter selon lui, c’est le manque de signaux donnés par les autorités actuelles.
« Au sortir des élections (législatives et présidentielle 2015), nous avons toujours dit que le Burkina avait une très grande fenêtre d’opportunité pour changer la gouvernance, les mentalités (…) Nous avons dit qu’aucun gouvernement ne peut changer la vie des Burkinabè en 5 ans, mais qu’on pouvait mettre le train en marche. Notre regret c’est que le train n’est même pas en gare, ne parlons d’être en marche », a déploré le porte-parole, Guy Hervé Kam.