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Sexualité précoce L’éducation des jeunes, une solution

Publié le mercredi 22 mai 2019  |  Sidwaya
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La caravane intégrée de sensibilisation contre le mariage d’enfants, organisée par le sous-projet «Sukaabè rewlè» du projet d’autonomisation des femmes et dividende démographique dans le Sahel (en anglais SWEDD) a parcouru, les communes rurales de Faramana, Bama, Léna et Koti, du 13 au 15 mai 2019 où des actions de plaidoyer ont été posées et des engagements pris.

Myriam Gao, 15 ans en classe de CM2 et Sali Gao, 17 ans, élève de 5e, vivent actuellement des moments difficiles dans leur famille à Koti, un département des Hauts-Bassins situé à 175 km environ de Bobo-Dioulasso. L’équipe de journalistes engagés dans la caravane intégrée de sensibilisation organisée par le ministère en charge de la solidarité nationale en collaboration avec les départements en charge de l’éducation et de la santé, dans le cadre du projet SWEDD, a constaté la situation de ces deux adolescentes lors de leur passage, le 15 mai 2019 dans la commune rurale de Koti. Myriam et Sali ont raconté avoir été séquestrées par deux frères qui avaient l’intention de les prendre pour épouses. «Nous étions parties pour acheter de l’attiéké et ils nous ont invitées à prendre du thé. Après, ils ont refusé de nous laisser rentrer», a relaté Myriam. Les deux cousines sont restées dans la cour de leurs «maris-ravisseurs» durant environ deux semaines, pendant lesquelles, elles ont été les épouses des frères Mounia, également mineurs. Il aura fallu les démarches de leurs parents auprès des services du département de la solidarité nationale à Koti, puis à Founzan avec le concours de la police pour que les filles retournent à la maison. Malgré ce retour obtenu, les cousines ont adopté une attitude de défiance vis-à-vis de leurs parents, pire, leur scolarité est actuellement en jeu, puisqu’elles refusent désormais de retourner à l’école sans aucune explication, ni raison apparente. Leurs parents se disent désemparés et reprochent aux filles leur frivolité.

La sexualité précoce des jeunes

Ce cas pourrait sembler anecdotique, mais il n’est pas extraordinaire à Koti. Les cas d’enlèvement de filles aux fins de noces sont monnaies courantes dans cette commune rurale, selon les chiffres déclarés par le chef de service départemental de la Femme, de la solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire (FSNFAH) de Koti, Koumeyarma Dabiré, présent dans la localité depuis 2016. «Pour l’année 2018, les cas que j’ai enregistrés vont au-delà de 50», a-t-il soutenu, confiant du même coup sa difficulté à suivre toutes ces situations car dépourvu de soutien en termes de ressources matérielles et humaines.
Aussi, est-il souvent incapable de suivre correctement certains cas de mariages précoces, laissant donc la voie à des récidives. A propos des causes des rapts de filles mineures, l’éducateur social y voit une pratique traditionnelle perpétuée par une jeunesse pressée de rentrer vite en union. «Les jeunes ici sont sous l’emprise du mariage. Mais, ils s’y adonnent
de façon précoce. Malheureusement, les parents ne sont pas prompts à intervenir parce qu’ils ont procédé, eux aussi, de la même manière pour se marier», a détaillé M. Koumeyarma. C’est pourquoi, il a loué le cadre de plaidoyer initié dans le cadre de cette caravane et qui a réuni des représentants de toutes les sensibilités religieuses ainsi que les chefs traditionnels du département pour informer que la loi pénale interdit de marier les enfants avant l’âge de 18 ans et présenter les risques inhérents à la pratique. Tout comme à Koti, les parents d’enfant du village de Yabasso, à une soixantaine de km de Bobo-Dioulasso se disent «débordés» par la sexualité précoce des enfants, principale cause des mariages avant l’âge selon eux. Le septuagénaire, Jean-Christophe Millogo en est dépité et pointe du doigt les nouvelles technologies, les téléphones portables notamment qui extirpent les enfants de l’autorité parentale.

Des engagements collectifs

«J’ai épousé ma femme alors qu’elle avait plus de vingt ans. Mais de nos jours, à peine les seins des jeunes filles commencent à pousser qu’elles sont convoitées par les jeunes garçons et finissent par emménager ensemble lorsque les parents tentent de les ramener à l’ordre», a-t-il expliqué. Si le patriarche met l’entière responsabilité des mariages précoces sur les enfants, sa fille, Félicité Millogo, agent de santé à base communautaire y a mis un peu de bémol. A la faveur des informations dont elle a bénéficiées, l’aide-soignante a déploré l’absence de dialogue entre parents et enfants sur le plan de l’éducation sexuelle, ce qui, à l’entendre, fait le lit de la sexualité précoce et partant, du mariage précoce. C’est d’ailleurs aux mêmes conclusions qu’est parvenu l’atelier de plaidoyer contre le mariage d’enfants dans la commune rurale de Faramana, à 120 de kilomètres de Bobo-Dioulasso, à la frontière du Mali. Au terme des travaux, la présidente de la coordination des femmes de Faramana, Tiapri Sako et les présidents des différentes communautés religieuses (musulmane, catholique et protestante) ont, à tour de rôle, pris la parole pour lire leurs engagements à sensibiliser contre la pratique du mariage précoce.
Les musulmans ont par exemple affirmé que dorénavant, l’âge de la fille sera exigé et le mariage sera annulé si jamais cet âge n’excède pas les 18 ans légaux. Des engagements qui seront scrutés à la loupe par le chef de service départemental de la FSNFAH, Arna Ouattara. En effet, présent dans la localité à peine une année, il a dénombré une dizaine de cas de mariages précoces. Mais dans cette zone, ce sont les parents qui sont présentés comme les premiers acteurs. Pour chaque situation qui se présente à lui, M. Ouattara écoute l’ensemble des protagonistes, les sensibilise à la législation avant d’actionner le réseau communal de protection de l’enfance qui regroupe les acteurs de la santé, de l’éducation, les religieux et les forces de sécurité. «Généralement, les gens ne refusent pas ce qu’on leur dit. Mais dès que vous leur tournez le dos, ils feront ce qu’ils veulent», a confié l’agent social. En ces cas de récidive, les services de sécurité sont alors mis à contribution et la fille est placée dans une famille d’accueil en attendant un retour dans sa famille d’origine dans de bonnes conditions, a ajouté M. Ouattara. A la fin de l’étape des Hauts-Bassins, le directeur régional de la FSNFAH, Moussa Ouattara, s’est dit satisfait des actions menées par la caravane.

Fabé Mamadou
OUATTARA
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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