Pour Ouagadougou, la lutte contre le terrorisme et la criminalité au Sahel «est une responsabilité collective» et «il est temps
que la communauté internationale envisage la création d’une coalition internationale».
Le Burkina Faso est l’un des pays les plus touchés par le terrorisme au Sahel. Il subit pratiquement une attaque terroriste par semaine. Les autorités burkinabè estiment qu’elles ne pourront pas venir, seules, à bout du phénomène. Pire, elles avertissent que si personne ne leur vient en aide, le pays risque un jour ou l’autre de tomber entre les mains des groupes terroristes.
Le terrorisme auquel fait face le Burkina Faso depuis 2015, notamment dans les régions du Nord et de l’Est, «tisse sa toile dans tout le pays», a alerté jeudi le Premier ministre, Christophe Dabiré, devant le Parlement. «Le terrorisme qui apparaissait, il y a quelques années, comme une menace à nos frontières, est aujourd’hui une réalité brutale et cruelle qui tisse sa toile dans tout le pays, et d’autres espaces qui éprouvaient, j’en suis convaincu, l’illusion de la sécurité», a-t-il dit lors de son discours sur la situation de la nation.
Le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, attribuées à des groupes terroristes. D’abord concentrées dans le nord du pays, ces attaques, qui ont ensuite visé la capitale et d’autres régions, notamment l’Est, ont fait depuis 2015 près de 400 morts. Jusque-là, les forces de sécurité burkinabè ont échoué à enrayer la spirale de violence, malgré l’annonce de nombreuses opérations, dont la dernière, menée dans l’Est et dans le Centre-Est, avait permis la réouverture de plus de 200 écoles sur plus de 1000 fermées en raison de la fuite des enseignants et de la menace terroriste.
Une centaine de terroristes avaient été arrêtés lors de cette opération. Pour les autorités burkinabè, la pacification du Sahel ne peut se réaliser que si la communauté internationale s’implique dans son ensemble. La lutte contre le terrorisme et la criminalité au Sahel «est une responsabilité collective» et «il est temps que la communauté internationale envisage la création d’une coalition internationale», a affirmé jeudi au Conseil de sécurité de l’ONU le chef de la diplomatie du Burkina Faso.
Ces fléaux doivent «être traités avec la même détermination que celle qui a prévalu en Irak et en Afghanistan», a estimé Alpha Barry, qui a évoqué «une lutte pour la survie». Au Sahel, «les groupes terroristes (…) restent toujours forts et (…) partout la menace gagne du terrain», a estimé M. Barry, rappelant les événements de ces dernières semaines : prise en otage de Français, assassinats dans des églises, 28 soldats nigériens tués mardi…
Sans répondre à la demande de créer une coalition internationale, le Conseil de sécurité a exprimé, dans une déclaration rendue publique jeudi soir, «sa profonde préoccupation devant la détérioration continue de la situation sécuritaire et humanitaire dans la région du Sahel». Il affirme sa «volonté de contribuer à prévenir toute nouvelle déstabilisation» au Burkina Faso, en particulier dans ses zones frontalières, ajoute la déclaration adoptée à l’unanimité de ses 15 membres.